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chiens

Publié à 19:56 par fandeloup Tags : vie homme france fond 2010 cadre animal animaux chien enfant humour tendresse chats chiens
chiens

Ces chiens qui meurent pour nous Beagles, golden retrievers, briards…

Chaque année, 3.000 chiens servent de cobayes dans les laboratoires français. Certains sont même programmés pour naître myopathes. Jusqu'où la science peut-elle aller?

Un chiot se blottit contre sa mère, puis est transféré vers le labo, et son cadavre est disséqué. C'est ainsi qu'est résumée la vie d'un beagle né au centre d'élevage de l'Yonne.

Localement, un collectif se bat avec ces images chocs. "Dans cet élevage caché au fond des bois, on élève des chiens, en majorité des beagles, pour les envoyer en laboratoire, à l'âge de 5 mois, dénonce Michèle Scharapan, membre du collectif.

Ces chiens, privés de tendresse, voient très peu la lumière du jour. On les prépare à la vivisection."

"Certains chiots ressemblaient à des robots"

En France, où l'on compte 8 millions de chiens de compagnie, 3.032 d'entre eux (en 2010) ont pris le chemin des laboratoires.

"Les beagles sont une race ni trop grande, ni trop petite, et qui viendra vous lécher la main quoi que vous fassiez, explique le vétérinaire André Ménache, directeur d'Antidote Europe, un collectif qui milite pour une science responsable.La majorité des beagles sert à tester des médicaments. On leur en fait avaler deux ou trois fois par jour, en leur mettant une sonde dans l'estomac, sans analgésique, ni anesthésie."

D'autres espèces servent aussi de cobaye.

"On utilise des races qui présentent spontanément des maladies assez proches des nôtres, explique François Lachapelle, le président du Groupe interprofessionnel de réflexion et de communication sur la recherche (Gircor).

Les golden retrievers, qui souffrent de la myopathie de Duchenne.

Les briards frappés de rétinite pigmentaire qui les rend aveugles.

Les boxers sujets aux maladies cardiovasculaires.

 Pour étudier les maladies héréditaires comme la myopathie du Duchenne, les chercheurs ont recours à des chiens obtenus en élevage, par "reproduction orientée", en croisant deux chiens porteurs du gène défectueux.

Ils "fabriquent" ainsi des animaux malades pour tester les nouvelles thérapies. Dans le cadre d'un mémoire en philosophie éthique sur l'expérimentation animale, Audrey Jougla s'est rendue dans un labo où étaient menées des recherches sur la maladie de Duchenne financées par l'AFM Téléthon.

"Les chiens ne pouvaient plus s'alimenter, témoigne-t-elle. Ils étaient nourris par sonde, ils avaient des difficultés respiratoires et motrices très lourdes. Certains chiots ressemblaient déjà à des robots. J'ai demandé à un praticien s'ils souffraient, il m'a répondu sur le ton de l'humour qu'il n'aimerait pas être à leur place."

Pourquoi utiliser un chien plutôt qu'une souris?

"D'abord, parce que nous partageons avec lui une plus grande proximité génétique, répond François Lachapelle. Mais aussi parce que sa taille et son poids sont proches de ceux d'un enfant, sa fréquence cardiaque voisine de la nôtre. Et parce qu'on peut mener sur lui des études de long terme…

La souris, elle, ne vit pas plus de 2 ans." Les recherches sur les chiens, selon lui, ouvrent des pistes à des thérapeutiques fiables. Pour soigner la maladie de Duchenne, deux traitements ont été élaborés sur des golden retrievers.

L'un, de médecine régénérative, est en cours d'expérimentation sur l'homme ; l'autre, génétique, le sera en 2015. 5 à 10% des chiens et chats proposés à l'adoption En 2006, une pétition demandant l'abolition des expérimentations sur les chiens et les chats avait recueilli quelque 350.000 signatures.

Trois ans plus tard, l'association One Voice publiait une enquête sur "des expériences aberrantes sur les chiens et les chats conduites en France". "En théorie, la directive sur l'expérimentation animale interdit tout test impliquant une douleur aiguë et prolongée.

En faisant naître, à dessein, des animaux atteints de myopathie, on entraîne forcément ce type de souffrance, s'indigne Christophe Marie, porte-parole de la Fondation Brigitte Bardot.

Cela montre bien les limites du discours actuel concernant l'encadrement des tests sur les animaux." Les chercheurs, eux, assurent qu'ils réfléchissent "en amont du protocole" : a-t-on besoin d'un animal?

Comment leur éviter de souffrir?

Et "en aval", certains offrent une seconde vie à leurs cobayes. Depuis 2005, l'association Groupement de réflexion et d'action pour l'animal (Graal) propose à l'adoption toutes sortes d'animaux de labo : "Cette année, nous avons placé 250 chiens et une quinzaine de chats, soit 5 à 10% de ces deux espèces, explique sa présidente Marie-Françoise Lheureux. Nous espérons faire mieux, mais nous ne réussirons sans doute pas à aller au-delà de 15%." Dans les autres cas, les "expériences" rendent en général obligatoire l'euthanasie de l'animal…