Apparence de vie en cette rue béante, la vieille dame seule assise sur un banc, son ombre l'attendait, bien pâle confidente, pour que le noir l'approche, comme un présage ami. Le vent glissait sur elle pour ne pas la salir, sans visage et sans but,  en soutenant son âme au bras des souvenirs, comme une fleur séchée dans la vase du temps. De sa canne de bois, elle frappait à la terre, sans doute pour savoir si elle pouvait entrer, ne pouvant ignorer par delà la poussière, qu'à chaque cran de vie la mort se rapprochait. J'imaginais ses yeux dans l'horizon sépia, nourrir tous ses instants d'un passé racoleur, et sentais la patience au fond de l'au delà, caresser le silence et diluer son ardeur. Ce soir elle s'assiéra au milieu de l'ennui, et masquera de bruit ce que les regrets sèment, devant un chat dormant du haut de ses sept vies.