Avant tout je voudrais remercier les personnes qui ont signalé Kaïra... mais malheureusement, elle n'est plus...

C’est le cœur rempli de tristesse et de colère que je partage avec vous l’histoire de Kaïra, nommée à la hâte sans même avoir eu le temps d’y réfléchir.

Kaïra a été signalée devant un squat du grand Nouméa alors qu’elle trainait ses pattes arrière, incapable de les faire fonctionner. Deux bénévoles de l’AaaC sont passées à plusieurs reprises, jonglant entre leur vie de famille, leurs obligations personnelles, pour tenter de la trouver.

Aujourd’hui, elle était là, se dirigeant près d’une maison du squat. Le temps de faire demi-tour, Kaïra avait déjà disparu. En rencontrant quelques personnes trouvées sur place, j’apprends que Kaïra est comme cela depuis au moins trois semaines.

Tout le monde la vue, tout le monde lui donne à manger de temps en temps mais personne ne sait à qui elle appartient dans le squat et personne ne peut l’approcher. Au moment de partir, je découvre Kaïra couchée non loin de ma voiture.

Peut-être résignée, ou trop malade, elle me laisse l’approcher, la caresser et la portée.

A toi Kaïra… Tu auras été Kaïra, pour quelques heures. J’ai passé 15 minutes avec toi à te caresser, te parler… Et ton regard… je ne l’oublierais jamais ! Pour ce que tu as enduré depuis des semaines… je suis en colère ! Je suis en colère contre ceux de mon espèce qui, un jour, t’ont adopté et qui un jour t’ont laissé souffrir. Je suis en colère aussi contre cette personne qui ne s’est pas arrêtée alors qu’elle venait de te passer dessus. Je suis en colère qu’il n’y ait pas plus de monde pour nous aider sur le terrain à sauver ceux, qui comme toi, souffrent tous les jours… la souffrance avance trop vite pour nous, les quelques bénévoles.

A plusieurs, on aurait pu te trouver plus rapidement. Je suis désolée de ne pas t’avoir trouvé plus tôt, savoir que ce tu as enduré depuis des jours et des jours me fait beaucoup de mal.

Tout à l’heure, lorsque je t’ai laissé chez le vétérinaire, j’étais très inquiète. J’ai bien vu que tes pattes arrière n’avaient pas vraiment de réflexes sauf quelques tressaillements de temps en temps… ton cerveau n’en était même pas conscient !

Ta colonne est brisée, ta chaire est pourrie. A te trainer depuis des jours, l’infection a trop gagné le bas de ton petit corps déjà si maigre. Les chaires de tes cuisses et de ton ventre étaient déjà trop gangrénées.

Ce soir je suis triste, mais 15 minutes avec toi, c’était mieux que toute une vie avec des humains sans cœur… Combien de tonnes de souffrances faudra-t-il pour que ceux de mon espèce prennent conscience du mal qu’ils peuvent faire ??

Kaïra, ce qui me console c’est que tu ne souffres plus à présent. J’espère que tu auras une seconde vie, bien meilleure que celle-là. Je te promets, ta mort ne sera pas vaine, si elle attriste, elle donne aussi la force à notre poignée de bénévoles de continuer leur combat.