À force de renier son propre mal de vivre, de devenir inconscient de son mal-être parce qu'on l'a caché si profondément en soi qu'on ne le ressent plus; peut -on devenir complètement inconscient des douleurs que l'on peut infliger à l'autre, devenir complètement indifférent des blessures que l'on peut provoquer? Est-ce possible d'endurcir notre cœur au point de ne plus ressentir l'autre, tant dans le bien que dans le mal, de ne plus se rendre compte tant du bien que l'on donne et du mal que l'on peut faire?

Si l'homme est naturellement bon, comme le pensait Rousseau, voyons autrement ces cœurs endurcis par la vie, voyons derrière la carapace de leur douleur! Ou peut-être même, et sûrement, derrière notre propre carapace! Vivre et accepter ce qui se passe en nous, derrière les murs que l'on s'est construit, peut seulement nous pousser vers l'avant, vers les sommets, tant que l'on ait assez de courage pour vouloir devenir meilleur, avoir le courage de s'assumer complètement et de s'aimer malgré tous!