MARTIGNY (02). Leur secret a été dévoilé au grand jour. Des dizaines de dogues allemands ont été découverts chez un couple de locataires faisant l’objet d’une mesure d’expulsion.

Stupeur à Martigny après l’expulsion de locataires au hameau du petit Laurembert. Le couple qui résidait dans un ancien corps de ferme depuis huit ans cachait un secret effarant.

Leurs voisins les savaient bien détenteurs de quelques dogues allemands. Mais pas de 54 canidés. « Je ne les connaissais pas plus que cela. Pour moi, ces locataires devaient avoir neuf ou dix chiens. Je n’en ai jamais vu davantage dehors », raconte un voisin.

Un voisin qui a été témoin de choses troublantes, alimentant les spéculations sur un trafic clandestin : « Plusieurs personnes étaient déjà venues pour un commerce sur des chiens. Des semi-remorques venaient livrer de la nourriture : un chien de cette taille doit manger une ration de deux kilos par jour ! Mais je ne voyais plus de camions depuis quelque temps. La locataire, qui est propriétaire des chiens, vendait d’abord les animaux sur leboncoin. »

Le couple s’est établi dans cette rue calme comptant peu d’habitants. Madame, autrefois cadre dans un laboratoire pharmaceutique, ne travaille plus. Monsieur, lui, n’est pas souvent sur place, puisqu’il travaille la semaine en région parisienne. Tous deux cultivent la discrétion. Interpellé par la situation, le voisin affirme avoir prévenu les gendarmes il y a quatre ans, et la SPA il y a trois ans. Il a même été en contact avec la Direction de la protection des populations en avril dernier. Car les problèmes sanitaires et sécuritaires étaient bien là. « On voyait des excréments et de l’urine couler à l’extérieur. Les chiens, qui avaient tendance à divaguer, avaient déjà attaqué les chevaux de la ferme équestre. Depuis deux mois, je disais à mon fils de faire attention… », relate le Thiérachien qui évoque même des cas de maltraitance sur les fameux canidés.

« Ils ont tout massacré » À la ferme équestre du hameau, à quelques pas de là, le ton est le même : étonnement. Et circonspection, aussi. « 54 chiens, cela doit être infernal ! On ne voyait jamais ces voisins, c’était bonjour et puis c’est tout. On apercevait leurs chiens dans la cour. Ils divaguaient, mais pas tant que ça. »

L’attaque des chevaux est tout de même confirmée : « Les cavaliers ont trouvé un arrangement avec les propriétaires des chiens », révèle-t-on. Avant d’ajouter : « La maison qu’occupait le couple était magnifique, avant. »

Ce n’est plus le cas aujourd’hui. La bâtisse, maintenant déserte, est dans un état sérieusement délabré, suite aux dégâts provoqués par la foule de canidés. « Les chiens ont tout massacré. Je plains le propriétaire », soupire le premier voisin. Jérôme Duverdier, le maire du village, était présent lors de l’opération de jeudi.

« Tout s’est bien passé, cela s’est fait dans les règles. On craignait la réaction de la propriétaire des chiens, mais elle a accepté l’intervention et l’examen des animaux . On pensait qu’il y avait environ une quarantaine de chiens. Mais là, c’est du jamais vu dans l’arrondissement ou même dans le département ! » Lui aussi, il était maintenu à distance par la détentrice des dogues allemands : « Elle ne me faisait jamais rentrer.

On se voyait toujours au bord de la route. C’était une personne sans histoires », se souvient le maire. Lui non plus, il ne connaît pas à la résidente de statut officiel justifiant une telle quantité d’animaux chez elle. « Elle m’avait déjà parlé d’élevage, mais n’a pas obtenu d’autorisation, et s’est lancée dans un élevage intensif », précise-t-il.

« Elle ne les considérait pas comme des chiens, mais comme ses bébés. Cela ressemble à un retour d’affection… Mais quelque part, c’est un soulagement pour elle, on l’a libérée d’un poids. Je suis heureux de ce dénouement, j’attends maintenant de ses nouvelles… »

Les ex-locataires sont désormais hébergés en région parisienne, tout comme les chiens qui ont rejoint une SPA là-bas. Quatre d’entre eux ont été hospitalisés à Laon, mais aucun n’a été euthanasié. L’ancienne résidente du hameau, qui n’a pas pu être jointe, reste pour l’heure toujours propriétaire de ses chiens.