La vieillesse comme l’enfance demeure un âge fragile, et, par là même, un âge intelligent. Rien ne rend plus sot que l’illusion de la force, l’illusion de la puissance, l’illusion du savoir.

L’enfant reste pur de ces illusions, le vieillard s’en déleste. Au milieu, pendant notre jeunesse et notre maturité, nous passons par un long moment d’errance où nous avons besoin de posséder des certitudes, où nous nous croyons détenteurs du pouvoir, de l’argent, du savoir, etc.

L’enfance qui nous fait sortir du néant et la vieillesse qui nous en rapproche nous rendent un grand service métaphysique : admettre que nous sommes faibles, sans défense, dépendants des autres, environnés de mystères - mystère de la vie qui nous est donnée sans que nous comprenions pourquoi ; mystère de la condition humaine, cette lumière composée de tant d’obscurité ; mystère de la mort, elle aussi, comme la vie, donnée sans que nous saisissions son sens.