J'ai appris à grands coups de bâtons à me plier, à courber l’échine avant de devenir un être très docile...

j’ai fini par me soumettre pour qu'enfin vienne la trêve. Ils en ont profité pour limer mes griffes, museler ma voix, piétiner mon âme…

ils m’ont battu avant de me laisser à terre et ont coupé ma crinière pour la garder en trophée. De leur sceau, ils ont marqués ma peau au fer brûlant pour que jamais je ne puisse oublier. Mon clan m'a rejeté de mon royaume.

Une fois encore... j'ai mangé la poussière, je n’avais plus la force ni la foi d’espérer…

Autrefois pourtant j'étais confiant et dominant, je régnais en maître sur mes terres. J’avais la force et le courage de tout affronter, je n’avais peur de rien ni de personne… et puis, après la guerre… je me suis métamorphosé en un lionceau craintif et apeuré. J’ai dû réapprendre à marcher, reprendre ma croissance, j’ai dû repartir de zéro, tout recommencer…. la confiance d’antan, je ne l’ai jamais recroisée.

À force de temps, je me suis relevé plein de cicatrices et de plaies invisibles, de courbatures et de déchirures par milliers... très faible, mais animé d’une rage de vivre plus forte que tout le reste… Je suis revenu autre, je ne savais plus me battre, encore moins encaisser le moindre coup, je n'avais plus de résistance à la méchanceté du monde... dans mes pas, je craignais même mon ombre. Il fallait à tout prix que je construise autre chose pour me sortir de ma fosse...

Attendre ne servirait à rien, une vie à vivre ainsi creusait déjà ma tombe. Après la colère et la haine, j'ai cherché ce que j’avais de meilleur à l’intérieur, ce qui me donnait des ailes, des raisons de m'accrocher, d'autres pour continuer... et dans ce parcours sans jamais renoncer, j’ai trouvé QUI je voulais être… De ce jour, je continue de penser que jusqu’à la fin je n’aurai qu’une seule chose à faire et à poursuivre : Apprendre pour comprendre qu’on ne sait jamais rien, mais qu’on ne s’améliore qu’au contact de ceux qui nous aiment et qui nous veulent du bien.