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Date de création : 24.08.2008
Dernière mise à jour : 04.08.2023
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Serena

Publié à 08:52 par fandeloup Tags : maison vie monde sur chez enfants photo nature rose fille femmes voiture prénom aime
Serena

Pendant deux ans, la petite Serena a été cachée dans le coffre d'une voiture par sa mère, qui avait dissimulé l'existence de son bébé à tout le monde.

Le procès de cette dernière s'ouvre ce lundi. Elle est jugée pour "violences volontaires ayant entraîné une infirmité permanente". Elle risque jusqu'à 20 ans de prison.

La Cour d'assises de Corrèze accueille à partir de lundi à Tulle un procès hors normes, celui d'une incroyable dissimulation d'enfant qui avait stupéfié à sa révélation en 2013 : le bébé dit "du coffre" de voiture, que sa mère a caché aux yeux de tous, mari et enfants inclus, pendant près de deux ans.

Le garagiste de Terrasson, en Dordogne qui en octobre 2013 découvrit le bébé, a mis du temps à s'en remettre...Lui qui allait être papa trois mois plus tard, parle du "spectacle horrifiant" d'une enfant de deux ans ou un peu moins, entourée d'excréments, ne pouvant tenir sa tête droite, "blanche comme du plâtre, et avec des yeux révulsés".

Il vient de la trouver dans un couffin, dans le coffre d'une voiture apportée par une cliente. Les pompiers alertés, relèvent qu'à 15-30 minutes près, l'enfant aurait été "en grand danger" faute d'oxygène. Les gendarmes sont prévenus discrètement, et l'attitude de la mère, déjà, intrigue. Pas alarmée, voire "décontractée", comme si la découverte du bébé était "une délivrance", note le garagiste.

Le mari ignorait l'existence de sa petite fille La mère, Rose, et son mari, maçon, sont placés en garde à vue puis mis en examen. Mais lui bénéficie d'un non lieu: il a toujours affirmé n'avoir rien su de la grossesse, de la présence du bébé dans la voiture car il ne conduit pas, ou dans le garage de leur maison de Brignac-la-Plaine, en Corrèze.

Et "aucun élément n'a permis de démontrer qu'il en avait connaissance", a conclu l'instruction. Par cet aspect, mais pas seulement, le cas de "Séréna" -le prénom donné par la mère à cette petite fille- "défie l'imagination", admet le procureur de Brive à l'époque. Car le couple a trois autres enfants de 6 à 12 ans, normalement scolarisés et socialisés.

Des séquelles "vraisemblablement irréversibles"

La mère, aujourd'hui âgée de 50 ans, et sous contrôle judiciaire, est jugée pour violence suivie de mutilation ou infirmité permanente sur mineur de 15 ans par ascendant, privation de soins ou d'aliments compromettant la santé d'un enfant par ascendant, et dissimulation ayant entraîné atteinte à l'état-civil d'un enfant. Elle encourt 20 ans de réclusion criminelle.

Une "criminalisation" de l'affaire qui lui vaut les assises, liée au caractère "permanent" des séquelles, révélé par les expertises successives. La dernière, menée mi-2016 a relevé un "déficit fonctionnel à 80%", un "syndrome autistique vraisemblablement irréversible". Et "un lien de causalité" avec l'isolement, le confinement subis

Serena, chez qui de "nombreuses carences" ont été diagnostiquées, aura 7 ans en fin de mois : elle vit dans une famille d'accueil en Corrèze, et va "mieux". "Elle va bien, si tant est qu'on puisse le dire sous cette forme-là", dit aujourd'hui

Me Isabelle Faure-Roche, avocate du Service social d'aide à l'enfance du département de Corrèze, partie civile, comme trois associations de protection de l'enfance. "Elle marche, elle court dans la nature, elle fait du vélo, elle aime faire beaucoup de vélo. Mais elle ne supporte pas d'être enfermée", précise une source proche du dossier. "Mais si vous essayez de lui parler, elle ne vous calcule pas. Elle émet des sons, mais ne parle pas". Des symptômes de Séréna, du lien avec le traitement subi, "l'altération de la sphère de communication", la "désorganisation précoce des récepteurs", il sera beaucoup question devant la cour d'assises de Tulle.

Mais il sera aussi question du psychisme de la mère, et plus encore de "déni": qu'il soit absolu, relatif, ou... contestable. "Je me suis enfermée dans un mensonge, un gouffre" "On est totalement dans le déni de grossesse", a estimé dès le départ l'avocate de l'accusée Me Chrystèle Chassagne-Delpech, pour qui sa cliente n'a pas eu le "geste fatal" qu'ont de nombreuses femmes en déni de grossesse, mais l'a "laissée en vie... d'une certaine façon".

La mère elle-même, dans une interview accordée à TF1 fin 2013, explique avoir accouché seule à l'aube, n'avoir pu en parler à personne le jour-même, ni le lendemain, ni le surlendemain. Et s'être "enfermée dans un mensonge, un gouffre". Elle racontera qu'elle nourrissait l'enfant, la sortait du coffre, passait du temps avec elle le soir, même si "elle ne pouvait s'en occuper comme des trois autres".

L'avocate de la défense n'a pas souhaité s'exprimer en amont du procès. Celui-ci est prévu jusqu'au 21 novembre.