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Dernière mise à jour : 04.08.2023
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virus

Publié à 15:52 par fandeloup Tags : société sur monde prix presse centre
virus

Ebola : le virus a déjà fait plus de 1 000 morts en RDC (République démocratique du Congo), le 9 mars.

Un centre de santé a été attaqué. L’OMS dénonce « la manipulation politique » visant à créer un sentiment d’hostilité contre les personnels soignants luttant contre le virus.

 L’épidémie de la fièvre hémorragique Ebola qui sévit actuellement en République démocratique du Congo est la deuxième la plus grave de l’histoire du virus Le cap des 1 000 morts a été franchi vendredi dans l’épidémie de la fièvre hémorragique Ebola en République démocratique du Congo, la deuxième la plus grave de l’histoire du virus, a annoncé le ministère de la Santé.

Début avril, le bilan était de 750 morts. « Au total, il y a eu 1 008 décès (942 confirmés et 66 probables) et 422 personnes guéries », a indiqué le ministère congolais de la Santé dans son bulletin quotidien vendredi soir, neuf mois après la déclaration de l’épidémie le 1er août dans la province du Nord-Kivu (est), et très marginalement dans l’Ituri voisine.

Au 2 mai, les autorités sanitaires ont enregistré 14 nouveaux décès de cas confirmés. C’est la dixième épidémie sur le sol congolais, et la deuxième la plus grave dans l’histoire du virus après celle qui a menacé l’Afrique de l’Ouest en 2014 (plus de 11 000 morts). « Le taux de létalité globale de l’épidémie est de 65,9 % », a ajouté l’autorité sanitaire congolaise, qui orchestre la « riposte » avec l’OMS, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) et quelques ONG. « Un scénario de transmission intense » Plus de 110 000 personnes ont été vaccinées depuis début août.

Les deux pays frontaliers -Rwanda et Ouganda- ont aussi vacciné des membres de leur personnel de santé. « Nous anticipons un scénario de transmission continue et intense », a déploré le directeur du programme pour les urgences de l’OMS, Peter Ryan, lors d’une conférence de presse à Genève. « Pour juguler l’épidémie […], certains parlent de six ou neuf mois, ou une année », a prudemment envisagé le ministre congolais de la Santé, le docteur Oly Ilunga, dans un entretien à l’AFPTV.

L’épidémie frappe une région touchée par l’insécurité qui s’est retournée contre les personnels soignants. « Sur 1 008 décès, 523 (51,9 %) ont été notifiés dans les zones de Butembo et Katwa », relève le ministère. Dans ces deux localités voisines, le nombre de décès, de cas avérés et de cas suspects est reparti à la hausse après l’attaque des deux Centres de traitement d’Ebola (CTE) fin février-début mars. L’OMS dénonce « la manipulation politique »

Un médecin camerounais de l’OMS a été tué le 19 avril à Butembo par des hommes armés alors qu’il dirigeait une réunion d’une équipe anti-Ebola. L’OMS a aussi pour la première fois dénoncé « la manipulation politique » visant à créer un sentiment d’hostilité contre les personnels soignants luttant contre le virus. « A Butembo, nous étions optimistes après avoir conféré avec le patronat, la jeunesse, etc.

Mais, les acteurs politiques, qui ont instrumentalisé la maladie, ont contribué à la désinformation de la population qui paie le prix fort », a aussi accusé le ministre congolais de la Santé, le docteur Oly Ilunga. Fin décembre 2018, Ebola a servi de prétexte à la Commission électorale (Céni) pour annuler l’élection présidentielle dans la région de Beni-Butembo. Cette décision a provoqué la colère durable des électeurs. « Suite à l’annonce de la Céni, 32 centres de santé ont été attaqués dans la ville de Beni », avait témoigné une responsable des urgences de Médecins sans frontières (MSF) au journal le Monde.

- Un militaire surveille le scrutin pour les élections parlementaires. En décembre, le scrutin présidentiel a été reporté dans les régions touchées par le virus. (AFP/Luke Dennison.) Dans cette région, la population se méfie des autorités qui n’ont pas su mettre fin aux massacres de civils attribués aux miliciens ougandais des ADF.

« La riposte dans sa conception et dans son pilotage ne tient pas compte de cette méfiance grandissante des populations », regrette le professeur Godefroid Ka Mana chercheur à Pole institute, spécialisé dans les questions de paix dans les grands lacs africains. De même, les enterrements « dignes et sécurisés » des malades à la charge de la Croix rouge sont perçus par les populations comme une « agression culturelle en mettant les cadavres d’Ebola dans des sachets et en les enterrant dans des fosses communes », constate le philosophe. Par ailleurs, le personnel de santé local reproche aux autorités et aux partenaires de les avoir « relégués aux seconds rôles dans les activités de riposte », a déclaré à l’AFP un médecin sous couvert d’anonymat.