ANIMAUX DOMESTIQUES ET AUTRES

Cheetah se porte bien, merci ... Retraite dorée L'ancienne vedette de «Tarzan, Roi de la Jungle» coule des jours heureux en Californie, après avoir connu l'alcool et les cigarettes.

A l'instar de Frank Sinatra et de Kirk Douglas, de nombreuses stars de Hollywood se retirent à Palm Springs. Les célébrités liftées bronzent au bord de la piscine en feuilletant des magazines et se promènent en voiturette de golf. Telle est la retraite dorée de Cheetah, le chimpanzé. Le 9 avril, il fêtait son 72e anniversaire à Casa de Cheetah, la villa postmoderne de son maître, Dan Westfall. Devant les caméras de télévision, il a soufflé les bougies sur une pâtisserie sans sucre pour ménager son diabète. Car Cheetah est non seulement l'un des derniers survivants de l'âge d'or d'Hollywood, mais aussi le chimpanzé le plus vieux de la planète, (selon le Livre Guinness des records). En général, les chimpanzés vivent 45 ans en liberté, 55 en captivité. 

Le regard vif, les joues un peu pelées, Cheetah est un grand gaillard de 1 m 45 pour 65 kilos, qui se met à table pour dévorer des chips de maïs. «Il a encore toutes ses dents et est en excellente forme», affirme Dan Westfall. Cet ancien acteur de cabaret de 69 ans s'occupe de Cheetah depuis le décès de son oncle, Tony Gentry, un dresseur d'animaux à Hollywood. Il avait ramené Cheetah du Liberia dans les années 30, après un casting sanglant. Comme souvent, les chasseurs ont tué la mère pour lui arracher son enfant prodige de 2 ans. Cheetah a ensuite tourné 21 films de Tarzan avec les stars de l'époque, Johnny Weissmuller et Maureen O'Hara.

Une carrière contrainte qui indigne le primatologue Roger Fouts: «Vous iriez voir un film au cinéma, sachant que les enfants à l'écran ont été kidnappés et forcés de faire des clowneries devant les caméras?» fulmine le codirecteur de l'Institut de communication entre chimpanzés et humains, dans l'Etat de Washington.

Sur les plateaux de tournage, à un âge où ses pairs jouaient encore à la balançoire, Cheetah avait pris goût à l'alcool et aux cigares. De méchantes rumeurs sur son alcoolisme ont même suscité une lettre inquiète de Brigitte Bardot. Dan Westfall se veut rassurant: «Mon oncle et Cheetah fumaient des cigarettes et buvaient des bières ensemble, mais très rarement. Quand il faisait froid, c'était un verre de whisky pour se soigner. De toute évidence, cela ne lui a pas fait de mal!» Cheetah a tout arrêté sous le toit de son nouveau maître. Mais à Hollywood, il arrive que des drogues soient administrées aux primates irrités pour les calmer ou susciter de nouvelles expressions: dans un sanctuaire pour vedettes animalières, à Palm Harbor, en Floride, un singe est arrivé boulimique, et un autre accro au Valium!

Ces méthodes sont en voie de disparition, à en croire Karen Rosa, directrice de l'unité Film et Television de l'association de protection des animaux, American Humane (AHA). Le groupe contrôle le traitement des animaux-acteurs depuis les années 40. A l'époque, on n'hésitait pas à jeter des chevaux du bord d'une falaise pour les besoins d'un western. Les primates étaient punis physiquement ou privés de nourriture. «En vingt ans, on a fait des années-lumière de progrès, affirme Karen Rosa. La plupart des dresseurs sont très bien formés et travaillent avec des primates élevés en captivité, selon des méthodes gratifiantes.» Ce qui ne suffit pas à Roger Fouts, membre de Chimpanzee Collaboratory. Ce comité, placé sous la houlette de la primatologue Jane Goodall, demande à Hollywood de privilégier les images de synthèse et les animatronics, ces figures créées à partir de marionnettes robotisées. Mais ces dernières coûtent cher : 11 000 dollars par jour de création contre à peine 2000 pour louer trois chimpanzés et un entraîneur.

Et l'industrie hollywoodienne est toujours friande de ces petits primates: rien de tel pour déclencher les rires dans une publicité, qu'il s'agisse de leur faire agiter une carte de crédit ou tenir une banane à la manière d'un téléphone portable. Selon Chimpanzee Collaboratory, sur les 2600 chimpanzés en captivité aux Etats-Unis, environ 200 travaillent à Hollywood. Une vingtaine d'entre eux, très sollicités, ont carrément le statut de star.

Dernier détail : pour payer les factures de la maison, Dan Westfall vend les peintures abstraites de Cheetah sur Internet. (Sur la table du salon trônent trois tableaux commandés par des clients suisses). Des compositions très colorées qui servent «de bonne thérapie» pour la star. Et de bon gagne-pain pour le reste de la famille. Cheetah peint et en même temps "déguste sa peinture" ! Rassurez-vous elle est totalement inoffensive, puisque identique à celle que l'on donne aux enfants dans les écoles maternelles !!!   Chaque tableau se vend environ 150 dollars, il est signé "du pouce" de Cheetah et chaque client reçoit en cadeau une photo dédicacée de l'artiste !!!

 Après une jeunesse hollywoodienne entre Jane et Tarzan, le doyen des chimpanzés se relaxe à Palm Springs, une vraie STAR !