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 Jérôme Savary : grand homme de théâtre assumait d'être un bateleur et un clown ... Jérôme Savary aimait Offenbach et Shakespeare, Molière et Brecht, Gotlib et Bizet ... Le metteur en scène, auteur et acteur, est mort lundi soir d'un cancer du larynx qui s'était généralisé.

A 70 ans, il n'avait jamais dévié de cette faculté d'associer populaire et classique, de jouer les provocateurs tout en dirigeant le Théâtre national de Chaillot ou l'Opéra-comique.

Son aventure de vie commence en 1942 en Argentine. Son père est un écrivain français rêvant d'un phalanstère d'artistes. Sa mère, Américaine, est fille du gouverneur de New York. À Paris, il étudie la musique avec Martenot, l'inventeur des ondes, et entre aux Arts décoratifs.

Mais, bientôt, il part à New York pour échapper à la guerre d'Algérie. Il y fréquente les jazzmen Coltrane, Monk ou Basie, les poètes de la beat generation Kerouac et Ginsberg, y croise Guevara. Mais il faut attendre qu'il revienne en France pour que le théâtre s'impose dans sa vie, aux côtés des « Argentins de Paris » que sont Copi ou Arrabal.

Le public suit :

Dès 1965, il fonde ce qui va devenir son Grand Magic Circus. Il crée des spectacles qui tiennent tout autant du théâtre, du cirque et du music-hall. Il adapte la BD Superdupont avec Alice Sapritch, crée un Cabaretmémorable avec Ute Lemper alors inconnue en France, monte La Femme du boulanger avec Galabru ou met en scène et joue un Bourgeois gentilhomme haut en couleurs, rempli de gags, de rock acrobatique, de vin et de seins nus.

Forcément, quand François Mitterrand, dont il a toujours été un fidèle, lui confie la direction du Théâtre national de Chaillot, en 1988, ça coince chez les puristes. Mais, comme à la direction de l'Opéra-comique, de 2000 à 2005, il saura, le cigare à la bouche et la truculence en étendard, dépoussiérer l'institution. Le clown a une arme de dissuasion massive, la fréquentation du public à ses spectacles.

Sa réelle volonté de démocratiser le spectacle vivant ne le cantonne dans aucun registre. C'est ainsi qu'en 1990, il monte à la fois La Légende de Jimmy, opéra-rock de Michel Berger et Luc Plamondon avec Diane Tell sur la vie de James Dean et La Vie parisienne,l'opéra-bouffe d'Offenbach. Pour passer, trois ans plus tard, à La Résistible ascension d'Arturo Ui de Brecht, avec Guy Bedos en rôle-titre. Au total, Jérôme Savary avait créé 160 pièces et en avait monté plus de deux cents.

Avec trois femmes différentes, il avait eu quatre enfants.