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Construit en 1896 par les chantiers Dubigeon en Loire-Atlantique, ce trois-mâts de 58 mètres de long peut ainsi être de tous les grands rassemblements de prestige à Rouen, Brest, Kiel, Ostende, Bremerhaven. A l'origine, navire marchand pouvant contenir 650 tonnes de marchandises, il effectue aussi des traversées au long cours, comme celle de l'Atlantique jusqu'à New York, pour participer au centenaire de la Statue de la Liberté en 1986, ou celle qui le mena à Belem do Para, ce port à l'embouchure de l'Amazone auquel il doit son nom, en 2002.

Etonnante histoire que celle du Belem. Après 33 campagnes de commerce de 1896 à 1913 pour le chocolatier Menier, il a été transformé en yacht de plaisance et doté de moteurs par le Duc de Westminster qui l'a cédé au brasseur Guiness, jusqu'à ce qu'il retrouve son pavillon français en 1979 grâce aux Caisses d'Epargne qui le rachètent et le rénovent à Brest. Transféré à Paris, il s'amarre sur la Seine, au pied de la Tour Eiffel, pour le bonheur des promeneurs. Remis en mer en 1985, c'est depuis un navire-école, armé d'un équipage d'une quinzaine d'hommes issus de la marine marchande. Il accueille stagiaires ou VIP, et se retrouve régulièrement privatisé par des entreprises ou des collectivités locales, naviguant le plus souvent en Atlantique Est, en Manche, en Mer du Nord et en Méditerranée. Pendant les Jeux Olympiques, le Belem reviendra d'ailleurs à Londres et sera un lieu très prisé pour des opérations de relations publiques.

La fondation Belem, reconnue d'utilité publique, assure l'exploitation commerciale du voilier depuis 1980, confiant l'entretien et l'armement à la Compagnie Maritime Nantaise. Son objectif : continuer à faire naviguer le trois-mâts, afin qu'il transmette les savoir-faire et les traditions de la grande marine à voile au plus large public. Chaque année le bateau subit un arrêt technique de plusieurs semaines pour travaux sur la coque, le gréement ou les moteurs. Le tout est certifié par Bureau Veritas et le Belem peut se targuer d'être le plus ancien navire au monde inscrit sur ses registres de ce dernier.

Pour perpétuer l'histoire du Belem, la Fondation dispose d'un budget de 3 millions d'euros : un tiers provient des recettes liées aux stages, privatisations, produits dérivés, un tiers du mécénat des Caisses d'Epargne, un tiers d'autres mécènes que sa déléguée générale, Christelle De Larauze, prospecte activement. La banque souhaite aussi que le Belem soit un outil d'animation du littoral français. Chaque automne, le voilier fait étape plusieurs semaines dans un port français différent pour y accueillir des milliers de visiteurs de tous âges. « Le Belem est un musée où l'on apprend la vie » dit de lui Jean François Deniau de l'Académie Française.