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Le droit de vote existe pourtant ... pour les Sans-Abris !

Publié à 11:55 par yvonne92110 Tags : actualités droit de vote pour les sans abris
Le droit de vote existe pourtant ... pour les Sans-Abris !

-  ( photo ci-dessus : Un sans abri dans une rue parisienne le 1er mai 2012 ) -             

Sans domicile, mais pas sans intérêt pour la politique ! Etre sans domicile fixe n'empêche pas de s'intéresser à la campagne électorale et pour certains de voter, même si beaucoup de sans-abri ont le sentiment d'être des "invisibles" et d'avoir été oubliés dans les débats ...
Pour glisser un bulletin de vote dans l'urne, il faut avoir la nationalité française, être âgé d'au moins 18 ans et disposer d'une adresse. Cette dernière condition, problématique pour les sans-abri, a évolué depuis une loi de 1988, qui a introduit la possibilité pour les SDF d'être domiciliés auprès d'une association, et ainsi de pouvoir s'inscrire sur les listes électorales.

Mais la démarche n'est pas toujours évidente, relève la Fédération nationale des associations de réinsertion sociale, qui a lancé à l'automne 2011 une campagne de clarification pour les associations et les sans-abri.

Aux Moulins de l'Espoir, un centre d'hébergement lillois géré par l'Armée du Salut, "une semaine de la citoyenneté", à l'initiative de résidants, a permis de convaincre huit d'entre eux (sur une centaine) de s'inscrire sur les listes. "Ce n'est pas parce qu'ils ont eu un passage difficile dans leur vie qu'ils ne sont plus citoyens", insiste Bruno Guibout, le directeur.

Mais "certains se désintéressent de leur propre sort, ils ont oublié leur citoyenneté", souligne Raoul Dubois, 62 ans, lui-même résidant du centre lillois. "Ce n'est pas leur priorité, c'est dans l'immédiat qu'ils veulent quelque chose", dit-il, regrettant que la situation des sans-abri ait été peu évoquée dans la campagne: "On ne s'intéresse pas à nous."

A Paris, l'Armée du Salut dispose de deux établissements qui fournissent une domiciliation à 1.142 personnes. Mais au centre d'accueil hivernal de la rue Mouzaia (XIXe arrondissement), qui héberge une cinquantaine d'hommes seuls, à peine une poignée d'entre eux a voté au premier tour, souvent parce qu'ils n'ont pas la nationalité française.

Pourtant "lors du débat de l'entre-deux-tours, la salle de télé était quasi pleine, et le silence était complet lorsque les deux candidats ont abordé l'immigration", souligne Jocelyne Bresson, la directrice du centre.

Mais si nombre d'entre eux s'intéressent à la campagne, c'est avant tout pour espérer que la structure qui les accueille temporairement depuis janvier ne ferme pas ses portes au 31 mai, comme annoncé.

"Quand on est en détresse, avoir un hébergement, de la nourriture, et un endroit où se laver, occupe tout notre temps", et ne permet pas de chercher du travail ou d'entamer des démarches administratives, explique ainsi Emilio, ancien professeur argentin d'une cinquantaine d'années.

"Nous sommes nombreux mais nous sommes presque invisibles" pour les politiques. "La personne en détresse, on n'aime pas la voir dans la rue, on ne la regarde pas", déplore-t-il. Il a quand même choisi son candidat, de même qu'Ali Mzé. Pour ce dernier, ancien militaire, "demain, on sera tous à la rue. Les politiques doivent dire comment on va s'en sortir".

Dominique, 58 ans, qui n'a pas pu s'inscrire à temps sur les listes électorales, avoue lui qu'il aurait "voté blanc". "Nous, on demande juste un toit pour dormir. La chance tourne vite. Tout le monde peut devenir clochard aujourd'hui."