Le gouvernement se prépare, ce lundi, à prolonger le confinement de la population au-delà de la date initiale de fin mars pour contrer l'épidémie de coronavirus, qui a fait au moins 674 morts en France, dont pour la première fois un médecin hospitalier.
La prolongation est réclamée par le monde médical en proie au stress et qui a perdu son premier soldat dans cette "guerre" contre l'épidémie: un médecin de 67 ans à Compiègne (Oise), décédé après avoir pris en charge les premiers patients atteints du Covid-19. Le Conseil d'Etat a toutefois rejeté le scénario d'un "confinement total".
Au terme d'un premier weekend de confinement, le conseil scientifique créé sur le Covid-19 doit se prononcer lundi sur ce sujet. Le gouvernement prendra alors sa décision mais un allongement paraît déjà "probable", a déclaré sa porte-parole Sibeth Ndiaye dimanche sur LCI.
Autre signe indiquant cette direction: Emmanuel Macron réunira lundi à 10h00 par audioconférence "les autorités morales et religieuses" pour échanger sur "la cohésion morale du pays face à la crise", en comprenant les représentants des cultes, des francs-maçons et d'associations laïques, a indiqué l'Elysée.
"Cet échange portera sur la manière dont les Français peuvent faire face et résister à cette crise qui ne fait que commencer", a expliqué l'Elysée, alors que tout laisse prévoir une forte augmentation du nombre de décès dans les jours qui viennent.
Entre samedi et dimanche, 112 décès supplémentaires ont été enregistrés dans les hôpitaux, sachant que d'autres décès ont probablement eu lieu en ville ou dans les Ehpad, a annoncé Jérôme Salomon, directeur général de la Santé (DGS).
Le nombre de patients hospitalisés a atteint 7.240, dont 1.746 le sont en réanimation (avec environ un tiers de ces cas graves âgés entre 40 et 65 ans).
"La situation va continuer de s'aggraver ces prochains jours avant que les effets d'un confinement strict ne fasse ralentir l'épidémie", a lancé le DGS, en écho aux propos du président Macron dans le Journal du dimanche: "La vague est là".
Le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer n'envisage pas pour sa part un retour des élèves en classe avant le 4 mai, selon "l'évolution de l'épidémie".
Le gouvernement, dont un troisième membre (Emmanuelle Wargon) a été "diagnostiquée" positive, a par ailleurs été enjoint dimanche par le Conseil d'Etat de revoir d'ici 48 heures certaines dérogations de déplacements, notamment pour motifs de santé ou pour une pratique sportive.
- Amendes et prison -
La surveillance du confinement a donné lieu à près de 1,8 million de contrôles par les forces de police. Sur ce chiffre, un total de 91.824 infractions pour non-respect des restrictions ont été relevées depuis leur mise en place mardi, selon Alain Thirion, directeur général de la sécurité civile et de la gestion des crises.
Conséquence de ce respect aléatoire : les sanctions ont été durcies : les 135 euros d'amende forfaitaire passeront ainsi à 1.500 euros en cas de récidive "dans les 15 jours" et "quatre violations dans les trente jours" pourront valoir "3.700 euros d'amende et six mois de prison au maximum".
Sur le terrain, les couvre-feux s'étendent, de Mulhouse (Haut Rhin) à Charleville-Mézières (Ardennes) et tout le littoral des Alpes-Maritimes, en passant par Perpignan (Pyrénées-Orientales), et Colombes (Hauts de Seine) dès hier soir, de 21h à 5h du matin ... Dans les hôpitaux, le décès du premier médecin a renforcé l'inquiétude des soignants sur la pénurie de matériel de protection. Et ce malgré l'annonce ce weekend de commandes pour plus de 250 millions de masques. Le stock actuel est de l'ordre de 86 millions d'unités, alors que les besoins sont estimés par M. Véran à "24 millions de masques par semaine".
Priorité va être donnée pour la distribution de ces masques aux personnels de santé, en ville comme à l'hôpital, et aux personnes intervenant auprès des personnes âgées, selon M. Véran.
- Saturation -
Concernant l'utilisation de tests, réservés à certaines catégories de populations (fragiles, âgées, femmes enceintes, etc.), le gouvernement infléchit peu à peu sa doctrine et entend pouvoir "multiplier" les tests, mais seulement au moment de "la levée du confinement".
Pas de dépistage massif immédiat, comme l'a par exemple pratiqué avec un succès apparent la Corée du Sud. Car il n'y en a tout simplement pas assez de tests en France, selon le président du conseil scientifique, Jean-François Delfraissy. Dans les structures hospitalières, la saturation gagne certaines régions très affectées, comme en Alsace d'où l'armée a évacué une douzaine de patients vers d'autres régions et installe à Mulhouse un hôpital de campagne, qui devrait être opérationnel en début de semaine.
Quelques patients ont aussi été évacués vers l'Allemagne et la Suisse.
Les médecins et personnels soignants supplient les Français de respecter les mesures de confinement. "Rester chez soi est la seule façon de fermer le robinet, en empêchant ainsi que les gens se contaminent entre eux", implorent 573 d'entre eux dans une lettre au président Emmanuel Macron dévoilée lundi par Le Parisien, demandant aussi "une communication plus explicite".
Du côté des traitements, un essai clinique a été lancé dimanche dans au moins sept pays européens pour tester quatre traitements expérimentaux contre le coronavirus. Il va inclure en tout 3.200 patients, dont 800 Français.
Après quatre jours de débats intenses, le Parlement a adopté définitivement dimanche le projet de loi permettant l'instauration d'un "état d'urgence sanitaire" de deux mois face à l'épidémie, qui encadre la restriction des libertés publiques (confinement, réquisitions...)
Pour l'heure, 43% des Français seulement se déclarent confiants en ce qui concerne la façon dont le gouvernement gère la crise, selon le baromètre quotidien BVA pour Orange et Europe 1, soit 12 points de moins que lors de la première mesure, entre mercredi et jeudi. Et huit sur dix pensent que le pire est à venir.
Coronavirus : des amendes plus sévères pour les sorties non autorisées ...
Alors que le confinement de la population française est entré en vigueur le 17 mars, le décret prévoyant des amendes allant de 135 à 375 euros pour une sortie non autorisée a été publié au Journal officiel, ce mercredi matin, explique Le Figaro.
C'en est fini de la tolérance des autorités qui a marqué les premières heures du confinement des Français face à la pandémie de coronavirus. Si lors de la journée de mardi, les forces de l'ordre ont avant tout fait preuve de pédagogie, les contrevenants aux règles très strictes de sortie seront désormais immédiatement sanctionnés ... Le décret, publié ce mercredi matin au Journal officiel, prévoit ainsi une amende de 135 euros pouvant être majorée jusqu'à 375 euros, raconte Le Figaro.
Attestation sur l'honneur :
Pour pouvoir sortir de chez soi depuis mardi midi, il faut être muni d'une attestation de déplacement dérogatoire remplie sur l'honneur, datée et signée et justifiant d'un des motifs prévus par les autorités : déplacement vers le lieu de travail lorsque le télétravail est impossible, achats de première nécessité, déplacements pour motifs de santé, motifs familiaux et "déplacements brefs liés à l'activité physique individuelle des personnes".
Comme le précise le décret, relayé par Le Figaro, toute personne se déplaçant sans attestation idoine ou pour un motif ne rentrant pas dans le cadre de ceux prévus par la loi sera passible de l'amende ... Au 17 mars, le bilan de l'épidémie de coronavirus en France était de 175 morts et plus de 7 700 personnes contaminées.
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Coronavirus : vers un confinement total du pays ?
Alors que le comportement de certains citoyens, qui ne respectent pas les consignes sanitaires, est pointé du doigt, le gouvernement pourrait décider de manière imminente de confiner le pays, afin de freiner la propagation de l'épidémie de Covid-19.
« Irresponsables », « égoïstes », « inconscients » ! L’attitude de certains Français, qui ont profité du soleil en se regroupant dans des parcs ou autres lieux de vie malgré les recommandations sanitaires liées au stade 3 de l’épidémie de coronavirus, a suscité l’indignation de bon nombre de leurs compatriotes ce dimanche.
Les images du parc des Buttes-Chaumont à Paris, où de nombreuses personnes s’étaient rassemblées faisant fi des règles de distanciation sociale, ont notamment provoqué, au mieux, l’incompréhension, au pire, la colère.
Ce non-respect des consignes, alors même que les médecins tirent la sonnette d’alarme, pourrait-il pousser le gouvernement à imposer un confinement total, comme c’est le cas en Italie par exemple ?
C’est désormais toute la question et le problème est pris très au sérieux par le gouvernement.
« Le virus est invisible, il circule vite et il menace la vie des gens ».
Dès dimanche soir, dans la foulée d’un premier tour d’élections municipales marqué par un fort taux d’abstention, le ministre de la Santé Olivier Véran avait exhorté les Français à rester chez eux, pour éviter la propagation du virus.
Olivier Véran
✔@olivierveran
#COVIDー19 | Le virus est invisible, circule rapidement, menaçant ainsi la vie de nos concitoyens les plus fragiles. Nous sommes tous acteurs : restez chez vous !
« Nous sommes tous acteurs de la santé, les décisions que nous prenons au quotidien, la sortie que nous allons annuler, la soirée en famille ou le repas en famille que nous n’allons pas faire : tout cela est déterminant pour protéger la santé des Français (…) Le virus est invisible, il circule vite et il menace la vie des gens. Je conjure les Français qui nous regardent de respecter les mesures de restriction sociale», a-t-il ainsi lancé, le ton grave, sur le plateau de France 2.
Même son de cloche chez son collègue Jérôme Salomon (Directeur général de la Santé) qui affirme que la situation est « très inquiétante » et « se détériore très vite ». Craignant une « saturation » des hôpitaux, ce dernier a expliqué que le nombre de cas doublait « désormais tous les trois jours ».
« Je voudrais surtout que nos concitoyens se rendent compte qu’il y a des personnes qui sont malades, en réanimation et dont le pronostic vital est engagé, et ces personnes se chiffrent en centaines », a-t-il ainsi détaillé sur France Inter.
La situation est telle que le président Emmanuel Macron a prévu de prendre la parole de nouveau hier soir à 20h. Pour annoncer officiellement le confinement du pays ? L’hypothèse doit être désormais envisagée sérieusement par tous les Français. Le report du scrutin des municipales n'est pas non plus à exclure. Fallait-il maintenir ce premier tour ? Il apparaît évident aujourd’hui que cette décision n'était peut-être par la meilleure à prendre par les temps qui courent.
Pour rappel, le bilan de l’épidémie en France est passé ce dimanche à 127 morts et 5 423 cas avérés de contaminations, soit 36 morts et plus de 900 cas supplémentaires en seulement 24 heures.