HISTOIRE – Maria Lambour, 103 ans, est décédée.

Si son nom reste peu connu du grand public, son visage l’est beaucoup plus : cette Bigoudèen, qui était la dernière à porter la célèbre coiffe en dentelle tous les jours, était le visage star des pubs Tipiak.

Maria Lambour, était la dernière Bigoudène à porter la coiffe tous les jours.Maria Lambour, était la dernière Bigoudène à porter la coiffe tous les jours.

Elle s’appelait Maria. Elle avait 103 ans et le visage plissé par les années. C’était un tout petit bout de femme, que les habitants de Pont-l’Abbé, dans le Finistère, étaient habitués à voir passer. Eté comme hiver, droite dans sa robe noire, la coiffe fière, qui la grandissait d’une demi-taille. Elle allait et venait, discrète mais bien présente.

Elle est décédée ce lundi, emportant avec elle une partie de la mémoire de ce coin de Bretagne. Maria Lambour était en effet la dernière Bigoudène à porter le costume traditionnel et la coiffe, haute de 33 centimètres tous les jours.

20 ans avant, elles étaient encore 300 coquettes, autour de Pont-l’Abbé, à passer du temps, tous les matins, pour se parer de ce long tube de dentelle, porté uniquement dans cette extrême pointe sud de la Bretagne, mais devenu depuis un symbole de la région toute entière. Rendue célèbre par les pubs Tipiak Mais si Maria Lambour était connue et reconnue dans son Pays bigouden, comme une voisine ou amie, elle a surtout été starisée auprès du grand public avec les publicités pour la marque de produits cuisiniers Tipiak, et une réplique culte :

"Ils ont volé notre recette ! Pirates !"

Elle est devenue, sans doute un peu malgré elle, la star vedette des Saint-Jacques gratinées, brandade morue parmentier et autre couscous parfumé aux épices du monde. Ces prestations télévisées ont fait d’elle quasiment un monument national : chaque été, les touristes se pressaient, plus ou moins élégamment, pour se faire tirer le portrait auprès du petit bout de femme. Elle ne disait jamais non, ne disait d'ailleurs rien.

Ne cherchait pas à éviter d'être traitée en mascotte, comme posée parfois ici ou là pour des photos. Mais ses yeux, malicieux, le disaient pour elle : "Ils sont fous ces gens... Mais qu'est-ce qu'on s'amuse dans ce coin de Bretagne!"