IL Y A 75 ANS, LA RAFLE D'IZIEU

Izieu : ces enfants de la mémoire

Cette rafle, c'est Klaus Barbie, responsable de la Gestapo de Lyon qui l'a ordonnée. Alors que les enfants se préparent à prendre leur petit déjeuner, un détachement de la Wehrmacht fait irruption devant la maison.

Les quarante-cinq enfants présents et les sept adultes qui s’occupent d’eux sont arrêtés avec brutalité. Un seul jeune arrive à s'enfuir, Léon. Sans ménagement, enfants et adultes sont poussés, jetés dans des camions.

 Deux adolescents et un adulte sont fusillés en Estonie. Les autres sont déportés à Auschwitz. Une seule adulte en reviendra, tous les autres sont gazés dès leur arrivée.

 Cette photo fait partie de la dernière série prise avant la rafle. Le 26 mars 1944. Les sourires sont lumineux. Tous ces enfants ont été raflés le 6 avril.

Ils avaient entre 4 à 17 ans, a été accueillie de mai 1943 à avril 1944 à la maison d'Izieu. Ce refuge avait été ouvert par Sabine et Miron Zlatin (l'adulte fusillé en Estonie). Ils voulaient soustraire ces enfants juifs aux persécutions antisémites.

 Le couple Zlatin choisit cette maison à Izieu au printemps 1943. Un village du Bugey, dans l’Ain, loin des routes principales, qui jouit d’un beau panorama sur la Chartreuse et le nord du Vercors. Et d'une fontaine, un élément déterminant pour le couple - Il n'y a pas d'eau courante.

 Surtout, la maison, à ce moment de l'histoire, est en zone d’occupation italienne, temporairement à l’abri des persécutions antisémites. La colonie n’est pas cachée ou clandestine. De nombreux liens se tissent avec les habitants des environs.

 Une classe est installée au premier étage de la maison. Certaines communes prêtent des pupitres, quelques livres, des ardoises, une carte du monde.  Gabrielle Perrier, institutrice de 21 ans, arrive en octobre 1943. Elle compose avec le peu de matériel pour apprendre à chacun selon son âge et son niveau. En attendant sa venue, ils dessinaient beaucoup.

 Le confort de la maison est limité. Les bâtiments ne sont pas en très bon état. Il n’y a pas de chauffage, à part de petits poêles. Photo Le DL/Mona BLANCHET Les enfants s’approprient les lieux. Ils aident à la préparation des repas, vont se baigner dans le Rhône, se promènent dans les environs... Ils aiment particulièrement monter des spectacles de théâtre, comme sur cette photo prise sur la terrasse pendant l'été 43.

 L'arrivée du facteur est attendue avec impatience. Une lettre, des nouvelles. L'espoir. Les enfants souffrent de la séparation brutale d’avec leurs parents, dont ils sont parfois sans nouvelles. Il n'y aura plus de lettres, plus de pièces de théâtre, plus d'école... La maison ferme après la rafle. 

Dès 1946, Sabine Zlatin fait poser une plaque et réunit des politiques et des représentants de l'Etat pour cette première commémoration. Elle reviendra chaque année jusqu'à sa mort, à cette date, pour commémorer ce drame.

Depuis 1994, la colonie d'Izieu est un mémorial. Inauguré par François Mitterrand, il a été le premier de France à être exclusivement consacré à la Shoah.  Ce lieu vivant a gardé l'âme de la vie des enfants . Il abrite également des expositions sur cette période de l'histoire. 

14 000 scolaires visitent tous les ans ce lieu. Ils découvrent le quotidien des enfants dans la maison avant de se rendre à l'exposition et de participer à des ateliers.Ce samedi 6 avril 2019, pour la commémoration, le plasticien Olivier Camen exposera son travail réalisé à partir de photographies d'époque. 

La maison, où le lieu de vie des enfants a été conservé, est visitée par près de 30 000 personnes par an. N'oublions jamais. 

Cette rafle, c'est Klaus Barbie, responsable de la Gestapo de Lyon qui l'a ordonnée. Alors que les enfants se préparent à prendre leur petit déjeuner, un détachement de la Wehrmacht fait irruption devant la maison.

 Les quarante-cinq enfants présents et les sept adultes qui s’occupent d’eux sont arrêtés avec brutalité.