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Date de création : 13.04.2009
Dernière mise à jour :
15.10.2017
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Rubens
St Augustin (1616)
La peinture religieuse ne perd pas ses droits: en 1636 et 1637, il peint le Martyre de saint Liévin et la Montée au calvaire (Bruxelles), d'une liberté de facture étonnante, et dont la couleur fraîche contraste avec l'horreur des sujets. Mais le maître, goutteux, se réfugiant au château de Steen (acheté en 1635) évite les trop grands tableaux. Ses beaux paysages, parfois trop détaillés (National Gallery, Munich, Louvre) ont inspiré les Constable et les Turner. Il se délasse en peignant de souvenir cette étonnante Kermesse (Louvre, 1638-39) où les crudités du sujet sont sauvées par le "lyrisme" de l'exécution. Son dernier ouvrage, la Vierge entourée de saints, fut mis, selon sa volonté, devant son tombeau, dans l'église Saint-Jacques d'Anvers. Jamais, depuis la Descente de croix,
Rubens
Ex-voto de la Vierge à l'Enfant et portraits des donateurs, Alexandre Goubau et Anne Antoni
Peinture, Flandre, XVIIe
A la mort, en 1604, d'Alexandre Goubau, grand aumônier de la cathédrale d'Anvers, son épouse Anne Antoni, commande à Rubens cet ex-voto destiné au monument funéraire du couple situé dans la chapelle des maçons de la cathédrale. Rubens, qui était alors en Italie, ne reviendra en Flandre qu'en 1608. Il s'agit donc d'un portrait posthume du donateur, réalisé entre 1608 et 1621, date du décès d'Anne Antoni, L'oeuvre paraît typique de la production rubénienne des années 1615 ; l'écriture de Rubens est alors claire, ferme et fortement plastique. Il manie avec verve des coloris simples et séduit par la fraîcheur de ses carnations, le luminisme et la transparence de sa facture. Les peintures religieuses représentent, au cours de cette première période, l'essentiel de la production de Rubens, qui devient ainsi l'un des chantres du renouveau religieux. Il a su ici réinterpréter et rajeunir la vieille tradition nordique du tableau de dévotion avec donateurs. La mise en page simple et directe, alliée à la monumentalité des figures et à un savant jeu de regards, rend proche et vivante l'apparition divine. Illustrant le discours de la Contre-Réforme, cette composition évoque les forts liens de protection et de dévotion qui unissent la Vierge et les fidèles.
Rubens
La Vierge et Saint François
La Vierge présentant l'enfant Jésus à Saint François d'Assise
En 1618, Rubens exécute pour la chapelle des tailleurs de l'église Saint-Gommairre de Lierre en Belgique un triptyque dont le panneau central est envoyé à Dijon en 1809. Il s'agit de notre tableau. Ce grand tableau, de par ses dimensions, frappe par la sobriété relative de son style. Les mouvements des personnages suggèrent l'attention, la déférence vis-à-vis de l'enfant Jésus. Les couleurs sont chaudes et riches.
Rubens
Sainte Marie-Madeleine en extase
Accablé de commandes jusqu'à la fin de ses jours, l'artiste a mené à bien une œuvre gigantesque, tout en amassant une fortune considérable. Ne laissant rien au hasard, il eut ses propres graveurs, façonnés à son style : Pieter Claesz, Soutman (vers 1580-1657), Lucas Vorsterman (1595-1675), Paulus Pontius (1603-1658) et les frères Bolswert, Boëtius Adamsz (vers 1580-1633) et Schelte Adamsz (vers 1586-1659). À côté de ces burinistes, il forma également un graveur sur bois : Christoffel Jegher (1596-vers 1652).
Rubens
La sainte Famille avec saint François et sainte Anne et l'enfant Saint Jean-Baptiste
Rubens
La Vierge entourée de Saints Innocents
Rubens
La Sainte Famille au perroquet,
A la fin de l'année 1630, le peintre épouse Hélène Fourment, une jeune fille de seize ans, alors qu'il en a cinquante-trois. «J'ai décidé de me remarier, écrit-il à son ami Peiresc, car je n'ai jamais été porté à la vie abstinente du célibat. J'ai choisi une jeune fille de famille honnête mais bourgeoise bien que tout le monde voulût me persuader de faire un mariage de cour. J'ai choisi quelqu'un qui ne rougirait pas de me voir les pinceaux à la main.» Le couple aura cinq enfants. Quoique dégoûté de la diplomatie, par loyauté vis-à-vis de Marie de Médicis le peintre accepte encore d'intervenir auprès de l'infante, mais supplie peu après qu'on le dispense de nouvelles missions. Cela lui est accordé, avec de nouveaux honneurs: Philippe IV le fait chevalier.
À la mort de l'infante Isabelle, en 1633, le nouveau gouverneur, Ferdinand, annonce sa venue à Anvers pour 1635. Rubens est chargé de concevoir des arcs de triomphe pour la célébration de cet événement. Dès cette époque, il souffre de violentes crises de goutte. Il acquiert à la campagne une somptueuse demeure, le château de Steen, où il passe les mois d'été et où il peint ses plus beaux et plus vastes paysages: Paysage à l'arc-en-ciel, Paysage au château de Steen. Des commandes lui parviennent encore, notamment celle du décor du pavillon de chasse de Philippe IV à la Torre de la Parada. Les portraits de famille qu'il réalise alors mêlent avec harmonie les canons du portrait aristocratique à une intimité et une spontanéité pleines de vie. Rubens meurt le 30 mai 1640, huit mois avant la naissance de son dernier enfant.
L'héritage de Rubens, ce n'est pas seulement une nouvelle iconographie, un chromatisme lumineux, une technique audacieuse, c'est également une conception globale de l'art: pour lui, peinture, sculpture, architecture doivent s'allier dans une totale unité d'expression. Il triomphe enfin pleinement au terme de la «querelle du coloris», au cours de laquelle son traité sur la sculpture est publié par Roger de Piles
Rubens
La Sainte Famille , Sainte Anne et Saint Jean-Baptiste
Rubens accepte de nouvelles missions diplomatiques, et, devenu conseiller de l'infante Isabelle, dont il a fait le portrait en 1625, il part en 1628 pour Madrid. Pour échapper aux aléas des négociations qui traînent en longueur, Rubens ne cesse de peindre, et copie dans les collections royales des œuvres de Titien: Vénus et Adonis, l'Enlèvement d'Europe, Adam et Eve. Il rencontre et apprécie le jeune Vélasquez, à qui il conseille le voyage d'Italie.
En 1629, Philippe IV nomme Rubens «secrétaire du Conseil privé du roi pour les Affaires des Pays-Bas». En Angleterre, les négociations se révèlent épineuses: «Ils changent d'avis d'heure en heure et toujours de mal en pis.» La cour lui apparaît vénale, le roi sans pouvoir. Il finit toutefois par l'emporter; chargé d'honneurs et de commandes, Rubens est impatient de rentrer à Anvers.
Rubens
La Madone et les saints
Le maître d'Anvers (suite)
La passion de collectionneur de Rubens se trouve soudain ranimée par un Anglais, sir Dudley Carleton. Désireux d'acquérir des tableaux en les payant en nature, celui-ci se heurte au refus obstiné du peintre, qui finit par consentir à sa proposition à condition que Carleton lui cède sa collection d'antiques (qu'il revendra quinze ans plus tard au duc de Buckingham).
Malgré une lourde charge de travail, Rubens n'abandonne pas les sujets mythologiques: l'Enlèvement de Ganymède, Prométhée enchaîné, les Quatre Continents et Samson et Dalila témoignent de l'intérêt sans faiblesse qu'il porte à la littérature classique et à l'Antiquité. Conscient de son génie, il écrit en 1621 à l'agent du roi d'Angleterre Jacques Ier: «Aucune entreprise, pour vaste qu'elle soit dans son envergure et diversifiée dans son sujet, n'a surpassé mon courage.» Dix ans plus tard, il recevra la commande du décor de la salle des Banquets de Whitehall.
Alors que les Pays-Bas sont retombés dans l'incertitude politique après la mort de Philippe III d'Espagne, Marie de Médicis appelle Rubens à Paris pour décorer deux galeries du palais du Luxembourg. Il rencontre alors Peiresc – un grand collectionneur d'antiques avec lequel il entretiendra une correspondance amicale et régulière – et le duc de Buckingham, dont il brosse un superbe portrait équestre. C'est à Anvers, dans son atelier, qu'il réalise les panneaux commandés par Marie de Médicis, qu'il revient installer en 1625, alors qu'Anvers est ravagée par la peste. L'année suivante, Isabelle meurt: «Je pense, écrit Rubens, qu'un voyage serait conseillé pour m'éloigner un temps des nombreux objets qui renouvellent nécessairement ma peine.»