PARIS ET SES MONUMENTS

Les 850 bougies de ce vaisseau aux mille cierges vont être soufflées pendant un an. Car sa Majesté du coeur de Paris a besoin de temps pour récapituler son histoire. Notre Histoire. Il est là, sans doute, le grand truc de Notre-Dame : elle est la scène nationale par excellence. Elle a fait communier Henri IV pour mettre fin aux guerres de religion, couronné Napoléon, sonné le bourdon des guerres et claqué le Te Deum des victoires. Elle a enterré Charles de Gaulle ou François Mitterrand avec les grands de ce monde. Et l'abbé Pierre accompagné de ses gueux et de ses compagnons, le cercueil humblement posé à même le sol.

Notre-Dame est notre miroir :

Les révolutionnaires de 1792 ont fait passer leur colère sur ses beautés. On a fondu ses cloches pour en faire des canons, hormis le gros bourdon Emmanuel, baptisé par Louis XIV et toujours en place. Elle a même été, un court instant, Temple de la Raison. Ce n'est plus une vie tout ça, c'est un roman. Notre-Dame de Paris est d'ailleurs un roman. Le plus grandiose roman de Victor Hugo, cousin germain des Misérables. Quand on la regarde, avec son reflet tremblé dans la Seine, depuis le quai de Tournelle, on se régale d'un monument et d'un bout de légendes des siècles. On s'y voit. Notre-Dame est notre miroir.

Pour fêter ça, le jeu des cloches est en cours de changement. Elles ont été fondues chez Cornillé-Havard, la belle fonderie de Villedieu-les-Poêles dans la Manche. La cathédrale de Paris va enfin chanter juste. La tuyauterie des grandes orgues a été briquée. Madame s'est faite belle.

Mais tout est en place depuis longtemps. Les quinze prêtres de l'endroit y confessent en neuf langues. Trois messes scandent les jours. Et, surtout, 40 000 personnes y déambulent librement, gratuitement. Car Notre-Dame appartient au peuple de France. Vingt millions de gens passent, chaque année, sur le parvis où est situé le point zéro des cartes de France. Toutes nos routes nationales partent de là. Quatorze millions pénètrent dans ce lieu virevoltant d'ombres et de lumière. On y chemine avec sa conscience, son âme ou les deux. On y est bien. On y est chez soi.