LE SAVIEZ-VOUS ?

Un bon bâilleur en fait bâiller sept dit-on ! Le bâillement serait-il vraiment contagieux ? « Plus qu’une contagion, qui signifie qu’il pourrait se transmettre comme un virus, le bâillement est une réplication comportementale », précise Olivier Walusinski, médecin généraliste retraité à Brou, dans l’Eure, spécialiste du bâillement.

En fait, il existe trois types de bâillement. Le bâillement universel, qui concerne autant les mammifères, les poissons que les oiseaux.« Il est associé au rythme veille-sommeil et faim-satiété. Quand on a sommeil ou lorsqu’on se réveille, on va s’étirer et bâiller. » C’est très visible chez le chat ou le chien. Quand on a faim ou si l’on a trop mangé et même trop bu, le même comportement s’enclenche.

Mais le bâillement peut aussi être émotionnel, associé au stress. Celui-ci concerne uniquement les mammifères. On va alors bâiller pour se relaxer.

Neurones miroirs :

Et puis, on trouve enfin ce fameux bâillement de réplication. Ce dernier est le propre de l’Homme et des grands singes. « La réplication du bâillement fait partie du lien social. Cela a trait au mécanisme d’empathie. La capacité de se mettre à la place de l’autre, détaille le spécialiste. C’est pour cela que les autistes sont généralement insensibles au bâillement de l’autre. Cela est valable lorsque l’on bâille mais cela fonctionne avec de nombreux comportements. Quand quelqu’un rit par exemple, se fait mal… » Dans le cerveau, des neurones vont s’activer qu’on appelle neurones miroirs. Ils vont permettre de cerner l’intention de l’autre et de se mettre à sa place.

75 % de la population est sensible à cette contagion du bâillement. Et il n’est pas nécessaire de voir quelqu’un bâiller pour être soi-même tenté de le faire : entendre ou imaginer le bâillement suffit !« Cette capacité mentale n’apparaît qu’à partir de 4-5 ans chez les enfants », ajoute le Dr Walusinski.

Reste qu’il faut être suffisamment réceptif à la réplication. Si vous être concentré sur quelque chose, peu de chances que le décrochement de la mâchoire de votre collègue de bureau ait un effet sur vous. « Il faut être dans un état intermédiaire entre le sommeil et la vigilance, complète le spécialiste, également à l’origine de la première conférence internationale sur le bâillement en 2010. C’est pour cela que la réplique du bâillement fonctionne particulièrement dans les transports en commun. »