A Océanopolis, les manchots ne sont souvent identifiables que par la bague qui leur est posée. Certains ont quand même quelques signes particuliers, et jouissent d’un statut social à part dans le bassin. Il y a Gris-Blanc, « le premier à nous foncer dessus quand on apporte à manger », sourit Mélanie Robert. Ou encore « Papi et Mamie », un vieux couple de gorfous sauteurs, colocataires de bassin. Mais c’est surtout Dominique qui amuse les équipes. « On s’en sent un peu plus proche, c’est vrai… »
« Royal baby » :
L’histoire du manchot royal est singulière. De tous les royaux du centre, il est le seul à être né sur place. Le fait est rarissime. Seuls Océanopolis et Marineland, à Antibes, accueillent cette espèce, et il est très compliqué d’y avoir des naissances.
Quand le « royal baby » a pointé le bout de son bec, il a été choyé par les équipes. Il est d’ailleurs l’un des seuls du parc de découverte des océans à avoir été affublé d’un petit nom. « Il a été élevé par les soigneurs, la première chose qu’il a vue, c’est nous », explique Mélanie Robert.
Interactions Atypiques :
Forcément aujourd’hui, les interactions de Dominique sont plutôt atypiques. Les soigneurs s’occupent des manchots au moins deux fois par jour, pour les repas. C’est le seul échange avec les manchots, sauf pour Dominique. « Quand on est là, il est toujours avec nous. C’est un peu comme un chien… » Le manchot, qui écoute attentivement, acquiesce, d’un petit coup de bec dans la manche.
Pourtant, cette célébrité est surtout interne à Océanopolis. La structure ne communique pas sur ces spécimens dits « imprégnés » par l’homme. « On ne fait pas de spectacle, ça n’aurait pas d’intérêt de mettre ça en avant. »
Le cas Dominique a fait réfléchir dans le centre. « Aujourd’hui, si on avait une naissance, on changerait le protocole, pour éviter l’imprégnation. »
Finalement, la belle histoire pour les visiteurs prend presque des accents tragicomiques, car Dominique se prend pour un homme. Pendant certaines périodes, le manchot de quinze ans « essaie de se reproduire avec l’homme… ». La soigneuse fait la moue : « Il est vraiment peu probable que Dominique se reproduise un jour ».
Quand vient l’heure pour l’équipe de soigneurs de s’en aller, il bombe le torse et tente aussi de sortir du bassin. Le manchot est plutôt adroit, mais il n’y arrive pas. Son braiement témoigne de son incompréhension. Pas rancunier, il finira quand même par rejoindre ses vrais semblables. La drôle d’histoire se répétera à la prochaine tournée de poissons.