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Saint-Mihiel : Première Guerre mondiale

Saint-Mihiel : Première Guerre mondiale

Raymond Poincaré dans Saint-Mihiel

 

 

L'ordre de mobilisation générale est donné le 2 août 1914. La quasi totalité des militaires de Saint-Mihiel sont déplacés sur les zones de combat. En leur absence de la ville, à partir du 22 septembre et en quelques jours, les Allemands du général von Strantz s'emparent des Hauts-de-Meuse. La ville tombe dès le 24 septembre sous les bombardements du troisième corps d'armée bavarois commandé par le baron von Gebsattel. Le fort capitule après deux jours de lourds bombardements suivis des assauts du 11e IR, régiment von der Tann, commandé par le major-général baron Ludwig von Tautphoeus. L'acte de reddition signé entre le baron allemand et le lieutenant-colonel David Grignot pose les conditions suivantes : « la garnison est prisonnière de guerre, les officiers de tous les rangs gardent leur sabre et leurs bagages, les hommes gardent leurs sacs, la garnison sort du fort avec les honneurs militaires et les malades seront soignés d'après les règles de la Convention de Genève ». Les Allemands aménagent par la suite le fort comme observatoire

 

La prise de Saint-Mihiel et du territoire environnant constitue la zone occupée la plus avancée pour les Allemands, la ligne de front traçant un angle droit autour de la ville, reliant approximativement Verdun vers le nord et Toul vers l'est. Saint-Mihiel se retrouve occupée pour les quatre années de la guerre.

 

Devenue un point stratégique important, Saint-Mihiel fait l'objet de tentatives françaises de reconquêtes. La ville est régulièrement bombardée et les contre-attaques françaises sont un échec. Du 26 septembre au 9 octobre, des combats acharnés sont menés en vain par le huitième corps au sud du bois d'Ailly. Le 5 au 22 avril 1915, les Français prennent puis reperdent quelques hectares de forêt. 20 000 obus allemands sont tirés sur un front de 350 mètres. Dans la forêt d'Apremont, une tentative similaire du général Dubail est entreprise du 17 novembre 1914 au 4 janvier 1915, sans succès. C'est dans ce bois que l'adjudant Péricard lança son farouche Debout les morts ! durant un nouvel assaut le 8 avril 1915.

 

La population restante, constituée essentiellement de femmes et d'enfants, est isolée à quelques centaines de mètres des lignes françaises. Elle est privée totalement de nouvelles pendant un an. Elle éprouve de grandes difficultés à cohabiter avec l'occupant, particulièrement lors de l'hiver 1914-1915 où les vivres se font rares. Le 7 mars 1915, le général Von Strantz décide alors d'expulser la population n'étant d'aucune utilité pour l'armée allemande afin d'assurer son ravitaillement. Au 1er août 1915, un décompte de la population fait état 2 401 habitants, dont 1 320 femmes et 609 enfants. La municipalité sammielloise se retrouve contrainte de faire exécuter à la population les ordres militaires et est expulsée de l'hôtel de Ville où s'installe la Kommandantur jusqu'en octobre 1916. La ville est découpée en 14 secteurs où sont dressées des listes d'otages. Un inspecteur français de chacun de ces quartiers est désigné responsable de l'obéissance de ces concitoyens et est condamné à la délation pour se sauver lui-même. La liberté individuelle disparaît : chaque habitant doit disposer d'un laissé passer puis en 1917 d'une carte de séjour numérotée et en 1918 d'un certificat d'identité avec photographie. La circulation à l'intérieur de la ville est très restreinte. Aucune maison ne doit être fermée à clé, la liste des habitants est affichée sur la porte. À partir du 13 août 1917, on exige des hommes qu'ils saluent les officiers allemands en se découvrant et en retirant éventuellement leur pipe ou cigarette de leur bouche. L'armée allemande dispose de tous les biens des sammiellois, de leur maisons pour le logement des gens de guerre, de leurs avoirs en liquide ou en valeurs à la suite d'emprunts forcés en septembre 1914, août 1916, juillet puis décembre 1917, totalisant plus d'un million de francs. En avril 1915, ils pillent les coffres de la banque Varin-Bernier après une ouverture à la dynamite. Les biens matériels sont réquisitionnés. Dès 1914 des vins, des animaux, de la nourriture, en 1915 les métaux jusqu'aux statues, aux tuyaux d'orgues et aux cloches et après 1917, tout L'occupant réquisitionne aussi la main-d'œuvre, astreinte à l'obéissance immédiate. Le rationnement s'impose, on remet des tickets pour tous les biens de première nécessité stockés dans un seul centre commercial. Se chauffer est difficile, surtout durant l'éprouvant hiver 1916-1917. L'éclairage n'est possible qu'à raison d'une bougie par foyer et par semaine.

 

Toutes les maisons situées à proximité de la Meuse sont détruites ainsi que d'autres, soumises à un bombardement sporadique. Les Français ne cherchent plus à reprendre la ville en l'attaquant de front, à cause des habitants restés dans ses murs. 541 maisons sont à reconstruire après la guerre, 625 à réparer. Un obus tombe également sur l'église Saint-Étienne en octobre 1914 et endommage le Sépulcre de Ligier Richier. L'abbé Chollet refuse que les Allemands l'emmènent à Metz. Ceux-ci décident de bourrer la chapelle de sacs de terre pour protéger la sculpture des bombardements. Les vitraux datant du XVe siècle, par contre, finissent soufflés. 24 hommes, 24 femmes et 16 enfants sont tués par les bombardements. Plus de 300 périssent des mauvaises conditions de vie durant les quatre ans d'occupation. 221 autres sammiellois ont été tués sous les drapeaux.

 

En 1918, la ville fait l'objet d'une importante bataille : la bataille de Saint-Mihiel ou dite du Saillant de Saint-Mihiel, pendant laquelle les Américains (dont George Patton) entrent dans la ville et la libèrent le 13 septembre 1918. À la fin de l'été 1918, le généralissime Foch déclenche son vaste plan d'offensive généralisée rendu possible grâce au renfort américain, enfin opérationnel. 275 000 hommes, dont 48 000 français, plus de 1 400 avions et 267 chars, tous sous le commandement du général Pershing, font face aux 180 000 occupants du front de Saint-Mihiel. Le 12 septembre 1918, 3 100 canons noient quatre heures durant les lignes ennemies sous un déluge d'obus. L'assaut est donné dans la nuit du 12 au 13. Les Allemands se replient, 16 000 d'entre eux sont faits prisonniers et les alliés entrent dans Saint-Mihiel le matin du 13 septembre, après avoir perdu 7 000 hommes, blessés ou tués.

 

Le 14 septembre, une réunion extraordinaire du Conseil municipal se tient en présence du Président Raymond Poincaré, du ministre Albert Lebrun et diverses autorités préfectorales et militaires.

En 1919, la cité-martyre reçoit 50 millions de francs d'indemnisation des dommages de guerre. Le 15 février 1920, elle reçoit la citation suivante :

« Vaillante cité lorraine, captive dès les premières semaines de la guerre, restée sur la ligne de combat, a servi d'otage aux troupes ennemies qui l'occupaient, a subi courageusement, pendant quatre années, les plus durs sacrifices. Décimée par le bombardement, sa population a, par son héroïque attitude, bien mérité de la Patrie. »

 



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