TÉLÉVISION - Depuis des mois, impossible de passer à côté de cette publicité pour un régime minceur à la télévision. Mais, selon des informations du Parisien, l’entreprise Comme j’aime, dont le PDG est Bernard Canetti, a été condamnée mercredi 9 octobre pour “pratique commerciale trompeuse”.
La publicité, incarnée par son fondateur, a inondé les écrans de télévision, ce qui n’a pas manqué d’agacer les téléspectateurs, notamment pendant le Tour de France cet été. Mais c’est la mention “semaine gratuite”, employée pour les convaincre, qui est épinglée.
Le tribunal de grande instance de Paris a en effet condamné l’entreprise à supprimer “dans l’ensemble de ses supports publicitaires (presse, télévision, Internet), y compris les témoignages, la mention d’une semaine gratuite”. Et ce d’ici un mois. Le cas contraire, affirme Le Parisien, elle devra payer 10.000€ pour “l’atteinte portée à l’intérêt collectif des consommateurs” et sera exposée à 500€ par infraction.
C’est l’association nationale de défense des consommateurs et usagers (CLCV) qui avait, au printemps dernier, saisi le tribunal. Pour la mention “semaine gratuite” mais également contre l’efficacité supposée du régime. Sur ce dernier point, elle avait été déboutée, précise Franceinfo.
Seule l’attaque contre la “semaine gratuite” a été retenue, ce qui est une première victoire pour la CLCV, qui voulait “agir rapidement”. En effet, pour que le consommateur puisse bénéficier de celle-ci, il devait payer pour un programme de quatre semaines. C’est seulement s’il n’était pas satisfait qu’il pouvait demander le remboursement. Ce qui n’est pas du tout la même chose que la gratuité, surtout au regard de la loi.
“Pour qu’il y ait gratuité, il ne faut pas qu’il y ait de transfert d’argent entre le consommateur et le professionnel. Là, ce que propose Comme j’aime, c’est du satisfait ou remboursé, ce qui n’est pas inintéressant, mais ce n’est pas de la gratuité”, explique auprès de Franceinfo François Carlier, délégué général de l’association.
Pour le moment, Bernard Canetti ne semble pas inquiet de cette condamnation. “Il n’y a aucun problème. Si la cour considère que le fait d’utiliser le mot gratuit est maladroit, on va changer ce terme”, affirme-t-il au Parisien. Il ajoute même être “très content de la position du juge des référés”, qui a débouté la CLCV sur tous les autres points.
L’un des premiers annonceurs de FranceLa marque Comme j’aime est l’un des tout premiers annonceurs télé du pays. D’après le Syndicat national de Publicité télévisée, en 2017, Comme j’aime était tout simplement le plus gros annonceur “pure player” de France (c’est-à-dire parmi les entreprises dont l’activité se déroule sur Internet et sans boutique physique) avec 63,4 millions d’euros investis. Cela représentait plus qu’Amazon, Booking.com, Boursorama ou Trivago par exemple.
En 2018, une polémique avait d’ailleurs émergé au sujet de la marque, comme le rapportait à l’époque La Voix du Nord. Le quotidien local des Hauts-de-France (Comme j’aime a une partie de ses bureaux à Villeneuve d’Ascq, près de Lille) expliquait ainsi avoir reçu des dizaines de courriers de lecteurs, excédés par le matraquage publicitaire dont ils avaient l’impression d’être la cible.
Ce à quoi le fameux Bernard Canetti répondait sans détour, expliquant qu’il s’agissait à la fois de sa cible prioritaire et d’une stratégie assumée: “On n’est pas malhonnête, on n’est pas là pour emmerder les gens”, répondait-il au journal. “Que des personnes qui regardent France 3 de 9 heures du matin à 20 heures trouvent qu’il y a beaucoup de spots, oui, c’est possible. Ils sont notre cible. Nous disons ce que nous sommes en faisant de la publicité.”
Il ajoutait que son entreprise n’ayant pas de boutique physique, il avait besoin que le public retienne le numéro de téléphone, moyen le plus simple pour commencer le programme minceur. “Nous avons des appels dans les quinze minutes après la diffusion d’un spot. C’est ce qui explique que nous concentrons nos campagnes dans la journée. Personne ne téléphonerait le soir”, continuait Bernard Canetti, toujours dans les colonnes de la Voix du Nord.
Barquettes hypocaloriquesComme j’aime, ce sont des box minceur à destination des personnes en surpoids pour les aider à “retrouver leur poids de forme”. L’ensemble des repas (petit-déjeuner, déjeuner, collation, dîner) est pris en charge à travers des barquettes hypocaloriques.
Plusieurs journalistes ont testé ce régime et mettent en avant le prix très élevé de ce régime. L’une d’entre elles pour Business Insider a dépensé 499€ pour un mois sachant que, contrairement à ce qui est indiqué, tous les aliments n’étaient pas réellement fournis. “On doit acheter le lait, les fromages blancs, les fruits frais, les légumes en plus pour le soir. Ce qui fait quand même beaucoup quand on a déjà déboursé presque 125 euros pour une semaine et une seule personne”, écrit-elle.
Deux autres journalistes du Parisien ont testé ce régime pendant un mois et ont fait analyser les différents plats par un médecin-nutritionniste, Boris Hansel. Selon celui-ci, les plats sont assez équilibrés. Mais il est sceptique quant à leur consommation à long terme. “Vous maigrissez rapidement, mais le déficit calorique est trop important pour tenir sur la durée. La probabilité de reprendre du poids est extrêmement élevée”, affirme-t-il. “Il vaut mieux apprendre tout de suite à mieux consommer, car la motivation n’a qu’un temps. Le risque est de ressentir la culpabilité de n’avoir pas été capable de suivre un régime… qui n’était, de fait, pas tenable.”
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