Se défendant de « bâillonner » les oppositions, le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand (LREM) a prévenu ce jeudi qu’au rythme actuel des débats sur la réforme des retraites, 150 jours de séance seraient nécessaires pour terminer son examen dans l’hémicycle.
Dans la matinée, quelque 36.500 amendements déposés étaient encore en discussion, « avec un rythme d’examen de 22,2 par heure » depuis le coup d’envoi lundi, a souligné Richard Ferrand devant les députés. « A ce rythme, 1.643 heures de séance seront nécessaires pour terminer la seule loi ordinaire, soit, si l’Assemblée siège du lundi au dimanche soir (…) 150 jours de séance », a ajouté le titulaire du perchoir.
Depuis le démarrage, il y a eu 17 suspensions de séance et 71 rappels au règlement. Les groupes LR, LFI et PCF ont chacun parlé 20% du temps, le groupe PS 9,5%, LREM et MoDem 7% chacun. « Il ne me semble pas que l’opposition ait été bâillonnée puisque, d’une manière générale, les temps de parole sont inversement proportionnels à la taille des groupes », a relevé le président de l’Assemblée. « 6% des députés monopolisent 40% du temps de parole », a calculé une source parlementaire LREM, en référence à la gauche de la gauche.
Richard Ferrand a en outre pointé de nouveaux sous-amendements déposés par les oppositions, consistant à remplacer par exemple le mot « pas » par « jamais », ou les mots « pas une » par « aucune ».Les élus LFI et communistes cherchent à « emboliser le système », « un cas avéré de sabotage parlementaire », a déploré devant la presse le patron des députés « marcheurs » Gilles Le Gendre.« Ces deux groupes ont pris la responsabilité d’engager la paralysie de l’Assemblée nationale (et) prendront la responsabilité de tout ce qui peut se passer à partir de maintenant », a-t-il mis en garde.
A ses côtés, le chef de file des députés MoDem Patrick Mignola a dit avoir calculé qu’au rythme actuel le premier amendement MoDem serait examiné… le 26 mai. Il a estimé que « les oppositions veulent nous emmener » vers le 49–3 mais « nous ne voulons pas qu’ils nous infligent cette brutalité ». Cette arme de la Constitution permet au gouvernement d’abréger les débats et de faire adopter un projet de loi sans vote.A quoi bon continuer? « Il peut y avoir un ressaisissement », veut croire encore ce responsable centriste.
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