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Madame Claude

Madame Claude

 

Fernande Grudet, dite Madame Claude, née le 6 juillet 1923 à Angers et morte le 19 décembre 2015 à Nice, est une proxénète française qui, dans les années 1960-1970, est à la tête d'un réseau de prostitution qui compte pour clients des dignitaires de différents gouvernements, des diplomates et des hauts fonctionnaires.

 

Biographie

Jeunesse et formation

 

Fernande Grudet s'invente une vie dans Allô, oui, ou les Mémoires de Madame Claude (1975), signés Jacques Quoirez, et qui sont truffés de mensonges et d'affabulations. Alors qu'elle a des origines modestes, elle affirme être née dans une famille bourgeoise, avoir reçu une éducation très stricte chez les sœurs Visitandines. Elle y raconte également que son père était un industriel alors qu'il tenait un café rue Diderot à Angers et vendait des sandwiches à la gare pour subvenir aux besoins de sa famille

.

Du couple Grudet naissent deux filles : Joséphine, la première fille, qui meurt en 1924, à l'âge de 19 ans, puis Fernande en 1923. Elle raconte également que son père résistant meurt sous l'Occupation alors qu'il décède à l'hôpital à 58 ans, le 26 janvier 1941, d'un cancer du larynx. Fernande, âgée de 18 ans, enterre son père ; sa mère est avec elle. Elle est élève à l'institution Jeanne-d'Arc puis à l'Immaculée-Conception d'Angers.

 

Fernande raconte également avoir eu une fille d'un résistant mort en déportation et qui fut élevée par sa grand-mère en province. Elle s'invente un passé de résistante déportée au camp de concentration nazi de Ravensbrück où elle aurait sauvé, grâce à un médecin du camp tombé sous son charme, Geneviève de Gaulle.

 

Prostitution et proxénétisme

 

Mère célibataire, elle s’installe à Paris et prend le pseudonyme de Claude, genre indéterminé qui manifeste peut-être une manière de neutralité sexuelle. Elle fréquente les milieux du banditisme et se prostitue. Elle monte, à la fin des années 1950, son entreprise de prostitution de luxe qu'elle anime par téléphone depuis son appartement de la rue de Marignan. Les prestations de luxe sont réservées à une élite sociale qui a les moyens de payer ses filles qui travaillent dans une maison close située au 32 rue de Boulainvilliers dans le 16e arrondissement de Paris. Pendant vingt ans, elle règne sur un groupe de cinq cents filles, les fait s'habiller en robes de grands couturiers et recourir à la chirurgie esthétique. Selon un ancien habitué, Mme Claude recrutait parmi les filles qui avaient échoué à devenir mannequins ou actrices. « Claude réglait toutes les factures, Dior, Vuitton, les coiffeurs, les médecins, et les filles devaient ensuite travailler pour la rembourser », explique Françoise Fabian qui a incarné la mère maquerelle en 1977. « C'était de la servitude sexuelle dans laquelle Claude prenait 30 % au passage. Elle aurait pu prendre plus, mais elle disait que les filles l'auraient trahie si elle l'avait fait. » Elle réprouve cependant le terme de « proxénétisme » et affirme leur donner une éducation pour fréquenter les dîners mondains en compagnie d'hommes importants (politiques, princes, chefs d'entreprises, etc.). Elle bénéficie à l'époque de la clémence de la police, pour les comptes rendus donnés à la brigade mondaine et au SDECE

 

Cette vie tissée de mensonges perd de son lustre avec l’arrivée de Valéry Giscard d'Estaing au pouvoir et de Michel Poniatowski à la tête du ministère de l'Intérieur. À partir de 1976, le juge Jean-Louis Bruguière entreprend de démanteler le réseau ; le proxénétisme est sévèrement réprimé et Madame Claude est poursuivie par le fisc, qui lui réclame onze millions de francs, ses gains mensuels étant estimés à 70 000 francs, à quoi s'ajoutent les cadeaux en nature, bijoux, fourrures, automobiles ; condamnée cette même année, elle épouse un Suisse pour obtenir sa nationalité puis s’enfuit aux États-Unis en juin 1977. Elle prend le nom de Claude Tolmatcheff et ouvre une pâtisserie à Pacific Palisades (Los Angeles). Elle se remarie ensuite avec un barman homosexuel afin d'obtenir la carte verte, ouvre un restaurant, Le Canard, et se fait appeler Claude Cook. Elle est finalement dénoncée aux services de l'immigration. Persuadée qu'il y a prescription en ce qui concerne ses ennuis fiscaux, elle revient en France, en 1985, est arrêtée et purge une peine de quatre mois de prison. À sa sortie de prison, elle devient vendeuse de jeans dans une boutique de la rue Dauphine. En 1991, elle tente de monter un nouveau réseau de prostitution avec une douzaine de filles dans un appartement du quartier du Marais. Poursuivie par la justice pour proxénétisme aggravé en 1992, elle est condamnée à six mois de prison ferme, trente mois avec sursis et un million de francs d'amende. Ayant fait appel, la chambre de la cour d'appel de Paris confirme la condamnation le 4 février 1993, à trois ans d'emprisonnement dont trente mois avec sursis, à cinq ans d'interdiction de séjour et autant de privation des droits civiques. Elle était défendue par Me Francis Szpiner. Elle est incarcérée à la Maison d'arrêt de Fleury-Mérogis pendant dix mois puis s'installe quelque temps dans la Beauce. À partir de 2000, Fernande Grudet vit en recluse dans un petit appartement sur la Côte d’Azur. Elle tente de revoir sa fille, en vain. Elle subit un accident vasculaire cérébral en 2013 et meurt en 2015 à l'hôpital de Nice

.

Outre l'impunité dont elle a bénéficié durant bien des années, le succès de son entreprise est dû à plusieurs facteurs et en particulier à deux éléments. D'abord, à la différence de la prostitution « classique » s'exerçant dans un lieu déterminé, Madame Claude a perfectionné, pour ne pas dire inauguré, un système consistant à mettre en relation des jeunes femmes, tout à fait averties et sélectionnées avant tout pour leur allure et leur minimum de culture, avec une clientèle aisée, et ce, par le biais du téléphone (d'où le nom de « call-girls » donné à ces jeunes femmes). Elle évitait ainsi le plus souvent tout contact avec la clientèle. Les témoignages d'anciens policiers de l'ex-brigade mondaine ont confirmé cette protection, lors de l'émission Un jour, un destin diffusée sur France 2

 

Mais surtout, loin d'être une proxénète classique (elle n'a jamais fait l'objet d'une plainte de la part des personnes de son réseau), elle a souvent permis à celles qui l'ont quittée de le faire sans difficulté pour continuer souvent une carrière d'actrice, de chef d'entreprise ou simplement la vie d'épouse d'un ancien client fortuné

 

Différentes personnalités politiques auraient fait partie de sa clientèle, comme le président américain John F. Kennedy, Moshe Dayan ou le guide libyen Mouammar Kadhafi, mais aussi des célébrités du grand banditisme et de l'administration policière qui auraient assuré sa protection. Elle s'est liée avec des personnages d'origines les plus diverses, parmi lesquels Pierrot le Fou, Marlon Brando ou encore le neveu du roi Farouk, le milliardaire égyptien Ibrahimi

 

Les confidences sur l'oreiller, transmises par Madame Claude aux services secrets, la mettaient à l'abri de tout désagrément. Cette situation perdura jusqu'à l'arrivée au pouvoir de Valéry Giscard d'Estaing.

 

À cette époque, les nouvelles dispositions législatives prises à l'encontre de la prostitution, se concrétisent par la fermeture de tous les hôtels de passe, mais aussi des « maisons » connues, comme celle de Madame Billy, autre pourvoyeuse de plaisirs pour la jet-set de l'époque

 

Enquêtes et adaptations

 

L'histoire de Madame Claude et de son réseau a inspiré des auteurs et des cinéastes.

Le livre d'Élisabeth Antébi et Anne Florentin, Les Filles de Madame Claude, est le premier du genre à retracer l'ascension de Madame Claude et la vie quotidienne de ses « pensionnaires ».

Le film Le Téléphone rose (1975) d'Édouard Molinaro lui fait référence.

Elle est un personnage non visible du film Le Professionnel (1981) de Georges Lautner, passant un coup de téléphone à Doris Frederiksen.

Sa vie a été adaptée dans le film Madame Claude par le réalisateur Just Jaeckin en 1977 avec Françoise Fabian. Une suite intitulée Madame Claude 2 est réalisée par François Mimet en 1981, avec Alexandra Stewart cette fois. En 2020 sort la version Madame Claude de Sylvie Verheyde, avec Karole Rocher.

Une série d'ouvrages érotiques est éditée dans les années 1980 dans la collection « Les dossiers secrets de Madame Claude » (éditions E1).

En 1995, le documentaire Les Confessions de Madame Claude, réalisé par Patrick Meadeb, où Madame Claude se livre, face à la caméra, à Isabelle Morini-Bosc, connaît un record d'audience sur TF1.

En 2010, l'émission Un jour, un destinMadame Claude : sexe, mensonges et secrets d’État, diffusée le mardi 14 septembre 2010, 22 h 55 sur France 2, retrace la vie de Madame Claude.

 

Publications

 

1986 : Claude Grudet, Le meilleur c'est l'autre, éditions Jacob Duvernet

1994 : Claude Grudet, Madam, éditions Michel LafonDans cette « histoire de Madame Claude par Madame Claude » largement fantasmée, celle-ci s'invente une famille, trois frères (elle n'en avait pas) élevés chez les jésuites, un père ingénieur (alors qu'il était ouvrier) et raconte qu'elle a été déportée durant la guerre, alors que son nom n'apparaît dans aucun camp de concentration.

 

 



Liens externes                                                  
  https://fr.wikipedia.org/wiki/Madame_Claude  
     
     
Notes et références                                                    
   
    
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
 
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