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Cosa nostra

Publié à 21:30 par dessinsagogo55 Tags : center pouvoir image centerblog sur monde place homme png travail société histoire carte
Cosa nostra

 

 

Cosa nostra (« ce qui est à nous » ou « notre chose » en italien) est le nom de la mafia sicilienne (bien qu'une seconde organisation, la Stidda, soit implantée dans le sud de l'île). Elle est surnommée la Piovra (la « pieuvre ») pour ses réseaux tentaculaires. Les membres de Cosa nostra sont appelés « mafieux » en français, « mafioso » au singulier et « mafiosi » au pluriel en italien ; le terme « Mafia » désignait originellement Cosa nostra jusqu'à ce qu'on apprenne son véritable nom, lequel aurait commencé à être utilisé après la Seconde Guerre mondiale.

 

On parlait auparavant de mafia ou de Società onorata (l'« honorable société »), appellation qui viendrait du fait que la mafia sicilienne aurait eu des règles d'honneur strictes, telles que l'interdiction théorique du mensonge entre membres, de l'adultère et du proxénétisme. Aujourd'hui, la plupart de ces principes ont été nettement délaissés, notamment l'interdiction du proxénétisme et le mépris du trafic de stupéfiants, peut-être sous l'influence de la mafia américaine (25 familles italo-américaines). Du fait de l'émigration massive d'Italiens du Mezzogiorno à la fin du xixe siècle, elle est également présente aux États-Unis et au Canada. Elle était considérée par de nombreux spécialistes comme l'organisation criminelle la plus influente en Europe jusqu'à la fin du xxe siècle. Mais la répression des autorités semble l'avoir affaiblie au profit de la 'Ndrangheta qui posséderait, depuis 2006, 80 % du trafic de cocaïne en Europe

 

 

 

Cosa nostra (« notre chose, notre affaire, entre nous ») : le nom par lequel les membres de la mafia sicilienne désignent leur organisation. Le terme a été rendu public par le repenti américain Joe Valachi en 1963. Le témoignage du repenti Tommaso Buscetta a indiqué plus tard que le terme est également employé par les mafieux en Sicile. Bien qu'il soit impossible de le déterminer précisément, il est probable que ce terme soit apparu aux États-Unis, dans les communautés d'immigrés siciliens, sa signification (« notre chose ») indiquant que l'organisation n'était pas ouverte aux autres communautés ethniques. Le nom « Cosa nostra » est communément utilisé pour évoquer la mafia sicilienne existant depuis les années 1860 (en Sicile ou installée ailleurs dans le monde), la distinguant ainsi des autres mafias italiennes

 

 

Histoire de la Cosa nostra sicilienne

 

Origines

 
Carte, datée de 1900, qui indique l'influence plus ou moins importante de la mafia dans les principales villes.
 
Origines de la Cosa nostra.

Il a été longtemps débattu des origines médiévales de la mafia, lesquelles étaient affirmées par le pentito Tommaso Buscetta. La plupart des historiens contemporains écartent cependant cette version en tant que mythe. John Dickie et Salvatore Lupo lient ainsi l'émergence de la mafia à l'agriculture capitaliste des citronniers de la Conca d'Oro, région située autour de la riche Palerme, loin du cliché qui en ferait la réminiscence d'une culture arriérée liée à la misère de l'intérieur de l'île. Selon John Dickie, la mafia est ainsi apparue au moment de l'unification italienne, entre 1860 et 1880.

 

De 1759 à 1825, Ferdinand Ier, roi des Deux-Siciles, inspire une haine quasi générale aux Siciliens qui vont créer des sociétés secrètes et mouvements dits de « Renaissance ». En 1848, il y aura une première révolte des paysans contre l'autorité italienne. Le 11 mai 1860, Garibaldi débarque avec 1 000 volontaires en Sicile et renverse le pouvoir local. Les troubles de l'ordre public s'intensifient alors dans l'île. Le 21 octobre 1860, par 432 053 voix contre 667, l'île devient italienne et Garibaldi va tenter une marche sur Rome. Comme celle-ci va échouer, les Siciliens, accablés de nouveaux impôts, se révoltent. Les déserteurs forment des troupes de brigands. Ce sont les débuts de la mafia dans l'Ouest.

 

Selon d'autres versions, la mafia « originelle » aurait été constituée comme une société secrète dont l’objectif avoué était de protéger la population sicilienne de la menace des maraudeurs espagnols au XVe siècle. Cependant, très peu de preuves historiques abondent dans ce sens. Il est également concevable que le mythe de « Robin des Bois » ait été perpétué par les premiers mafieux notoires dans le but de gagner la bienveillance et la confiance des Siciliens.

 

Après les révolutions de 1848 et 1860, la Sicile sombre dans l’anarchie. Des groupes de bandits, petits et épars, se réunirent dans des cosca (it) (clans), contribuant par les armes à la confusion. Selon J. Dickie, la mafia émergea ainsi, à l'interface entre les bandits et le nouvel État italien, dénonçant certains bandits afin de mieux contrôler certains territoires où le racket (pizzo) et le vol de bétail étaient endémiques, tandis qu'elle faisait pression sur tout témoin ou mafieux « repenti » pour les empêcher de briser la loi de l'omertà. Afin de renforcer les liens entre les bandes disparates et d’assurer ainsi de meilleurs profits et un environnement plus sûr, il est probable que la mafia telle que nous la connaissons ait été formée à ce moment, entre le milieu et la fin du XIXe siècle.

 

Par ailleurs, à partir de 1861, date à laquelle le nouvel État italien unifié prit contrôle de la Sicile et des États papaux, le Vatican s'opposa fortement à Rome. Dès 1870, le Pape déclara être assailli par l’État italien et les catholiques furent fortement encouragés à refuser de coopérer avec lui. En règle générale, en Italie, cela prit un caractère paisible. La Sicile était fortement catholique, dans un sens toutefois plus communautaire qu'intellectuel ou théologique, et se méfiait traditionnellement des étrangers. La friction entre l’Église et l’État aida les bandes criminelles qui pouvaient prétendre aux paysans et aux citadins que coopérer avec la police, qui représentait le nouvel État italien, était un acte anticatholique.

 

C’est pendant les deux décennies suivant l’unification de 1860 que le terme « mafia » est venu à l’attention du grand public. Elle était encore à l’image des contre-maîtres (les gabelloti (it)) qui dirigeaient et louaient les grandes propriétés agricoles aux nobles qui résidaient le plus souvent à Palerme, Naples ou, après l’Unification, Rome. En les re-louant ensuite aux paysans, ils acquirent de fait un pouvoir local, notamment en termes d’impôts et de prélèvements sur les récoltes.

 

La mafia se constitua donc dès cette époque en État parallèle, tiraillée entre une organisation territoriale en cosca (it) plus ou moins rivales et une coordination nécessaire entre celle-ci pour gérer des activités telles que le vol de bétail. Elle s'appuyait des complicités au sein de l'élite, qui se voyait soit contrainte de faire appel à ses services pour protéger ses plantations, soit voyait plus cyniquement une aide précieuse dans cette « industrie de la violence » (expression du rapport de 1877 de Sidney Sonnino et Leopoldo Franchetti), liée à l'émergence d'un système capitaliste moderne (ce que Marx qualifiait d'« accumulation primitive du capital »). Selon le rapport Franchetti-Sonnino, Conditions politiques et administratives de la Sicile :

 

« Le chef mafieux (…) agit comme capitaliste, impresario et gestionnaire. Il coordonne la perpétration des crimes (…), régule la division du travail et des tâches, contrôle la discipline parmi ses employés (…) Il appartient au chef mafieux de juger, en fonction des circonstances, s'il convient de suspendre les actes de violence pendant un certain temps soit au contraire de les multiplier et d'en augmenter la férocité. Ce patron doit s'adapter aux conditions du marché pour choisir les opérations à mener, les personnes à exploiter, la forme de violence à utiliser. »

 

Protéger les grandes plantations de bergamote et de citronniers, lesquelles exportaient massivement à destination du Royaume-Uni et de sa flotte qui utilisait ces agrumes contre le scorbut, et les propriétés de la noblesse locale (parfois en son absence jusqu’à la remplacer) devinrent en effet des affaires lucratives bien que dangereuses. Ces activités se déroulaient au début principalement à Palerme, mais la domination de la mafia sicilienne s’étendit bientôt dans tout l’ouest et l'intérieur de la Sicile, s'ingérant dans les mines de soufre. Déjà, des politiques tels que Raffaele Palizzolo s'appuyaient sur la mafia, tandis que le richissime Ignazio Florio Jr. protégeait également celle-ci, ayant comme domestiques deux importants dirigeants mafieux, les frères Noto.

 

La première mention dans les annales judiciaires officielles du terme mafia apparaît à la fin du xixe siècle, quand un certain Dr. Galati fut victime de menaces violentes par un mafioso local, Don Antonino Giammona, qui tentait de racketter son exploitation de citronniers. Le pizzo, le vol de bétail et la corruption de fonctionnaires de l’État étaient les sources de revenus et les protections principales des premières mafias. C'est aussi à cette époque que le rapport Sangiorgi (it), du nom du préfet de police de Palerme, évoque les rites d'initiation à la mafia, lesquels auraient emprunté une certaine symbolique aux rites maçonniques.

 

Elle se fit remarquer dès cette époque pour sa violence et ses liens avec les pouvoirs officiels. En 1867, le préfet de police de Palerme, Giuseppe Albanese, est ainsi poignardé sur la voie publique : il avait essayé de faire chanter un mafieux. Inculpé de meurtre de deux bandits, le préfet Giuseppe Albanese sera acquitté en 1871 par manque de preuves, l'omertà aidant. En 1885, 107 hommes, accusés d'être membres de la Fraternité de Favara (it), groupe issu de la fusion de deux clans rivaux, sont inculpés et emprisonnés pour des homicides liés aux mines de soufre de Favara (province d'Agrigente)

 

Les politiques mettent en place un réseau de clientélisme étendu, monnayant notamment les permis de port d'armes en échange d'appui électoral de la part des mafieux, à l'image du conseiller régional et député Raffaele Palizzolo14. En 1893, le marquis Emanuele Notarbartolo (it), ex-président de la Banque de Sicile (it), maire de Palerme de 1873 à 1876, et homme intègre, est assassiné, donnant lieu au second maxi-procès de la mafia, en 1901-1902. Condamné pour homicide en première instance avec le mafieux Giuseppe Fontana, futur membre du gang new-yorkais de Giuseppe Morello, Matteo Filipello sera acquitté lors d'un second procès.

 

L'une des premières guerres de la mafia est aussi révélée au public à cette époque, avec la découverte de quatre cadavres dans un puits en 1897 : elle opposait Don Antonino Giammona au dirigeant Francesco Siino, qui, défait, devint le premier pentito d'importance, cité lors du maxi-procès de 1901. Sous la présidence de Luigi Pelloux (1898-1900), la mafia, qui avait aidé les propriétaires terriens à maintenir l'ordre lors de la révolte de 1891-1894 des fasci (syndicats paysans), se voit ainsi pour la première fois attaquée par l'État, tentative vite avortée.

 

Cosca/Familles Parrain à la fin du XIXe siècle
D'après le rapport Sangiorgi, Ermanno Sangiorgi, Palerme, 1898-1900.
Piana dei Colli
(Conca d'Oro)
Giuseppe Biondo
Acquasanta
(Conca d'Oro)
Tommaso d'Aleo
Falde
(Conca d'Oro)
Giuseppe Gandolfo
Malaspina
(Conca d'Oro)
Francesco Siino
Uditore
(Conca d'Oro)
Antonino Giammona
Sous-chef : Filippo Siino
Passo di Rigano
(Conca d'Oro)
Giuseppe Giammona

Perpignano
(Conca d'Oro)
Bonura
Olivuzza
(Conca d'Oro)
Francesco Noto
Sous-chef : Pietro Noto
Settecannoli Salvatore Conti
Altarella Filippo Vitale
Zuccolotto Sous-chef : ?
Ciaculli Salvatore Greco

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Cosa_nostra#Offensive_de_l'%C3%89tat_et_Maxi-Proc%C3%A8s

 

 

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