A Tokyo cette année comme lors des 31 éditions précédentes, c’est le bout de métal que tous les athlètes lorgnent. Symbole de consécration sportive depuis les premiers Jeux d’été de l’ère moderne en 1896, la médaille olympique demeure encore aujourd’hui la récompense ultime du sport de haut niveau.
Mais la fameuse breloque ne fait pas seulement rêver les plus grands athlètes de la planète. Certains collectionneurs amateurs de sport n’hésitent pas à débourser des sommes folles dès que l’une de ces pièces rares fait son apparition dans une vente aux enchères.
Il faut dire qu'elles sont rares. Seuls quelques dizaines d’anciens champions olympiques, ou leurs héritiers, ont en effet cédé leur médaille depuis la création des Jeux, comme le rapporte le New York Times: "C’est un objet de collection de niche", a déclaré auprès du quotidien américain Bobby Linvingston, vice-président exécutif de RR Auction, maison de vente aux enchères basée à Boston qui a organisé une vente spéciale entre le 15 et le 22 juillet, à la veille de l’ouverture des J.O. de Tokyo.
Au cours de cette vente, une médaille d’argent à l’épreuve du tir des Jeux Olympiques de Paris 1900 a été adjugée 1283 dollars, tandis qu’une médaille de bronze des Jeux d’hiver de 1956 organisés à Cortina d’Ampezzo, en Italie, a trouvé preneur pour 3750 dollars.
Parfois même les enchères s'envolent. Une médaille d’or de Pékin 2008 est par exemple partie pour 97.270 dollars. Mais le record a été atteint par la médaille d’argent qui récompensait les vainqueurs des J.O. d’Athènes de 1896 (il n’y avait pas de médailles d’or). Estimée 75.000 dollars, elle a été adjugée pour 180.111 dollars.
1,4 million de dollars pour la médaille de Jesse Owens
Beaucoup de critères entrent en compte pour expliquer ces différences de prix atteints lors d'enchères. A commencer par le nom du sportif qui l’a remportée, même si une médaille d’or glanée par un joueur non identifié de l’équipe américaine de basket aux J.O. de Los Angeles 1984 a tout de même été adjugée 83.188 dollars chez RR Auction le 22 juillet dernier.
Une jolie somme qui reste malgré tout largement inférieure aux 1,4 million de dollars (un record pour une pièce olympique) payés par un collectionneur en 2013 pour s’offrir une des quatre médailles d’or remportées par Jesse Owens sous les yeux d’Adolf Hitler lors des Jeux d’été de Berlin en 1936.
A l’époque, cet exploit avait été largement couvert par la presse qui avait salué le triomphe de l’athlète afro-américain sur l’idéologie nazie. Si bien qu’aujourd’hui, la médaille de Jessie Owens recouvre, plus que beaucoup d’autres, une valeur historique particulière.
Oeuvres caritatives et difficultés financières
Dans bien des cas, les sportifs qui décident de vendre leurs médailles le font pour soutenir des œuvres caritatives. A l’automne, c’est le joueur de basket américain Bill Russell qui proposera sa collection aux enchères, dont une médaille d’or gagnée aux Jeux Olympiques de Melbourne en 1956. Les bénéfices seront reversés à l’association MENTOR qu’il a cofondée il y a plus de trente ans. Un don sera également fait pour la fondation Boston Celtics United for Social Justice qui lutte contre les inégalités raciales et ethniques.
Par le passé, d’autres athlètes ont aussi fait le choix de se séparer de leurs médailles pour faire face à des difficultés financières. En 2017, Olga Korbut, gymnaste soviétique six fois championne olympique, a vendu aux enchères trois de ses médailles remportées aux J.O. de Munich 1972. L’opération organisée aux Etats-Unis par la maison Heritage Auctions lui a rapporté 217.000 euros.
Paul LouisJournaliste BFM Eco