Michelin est une entreprise qui a l’innovation dans ses gènes, le fabriquant clermontois de pneumatiques ne cesse de tester de nouvelles solutions, quelque soit le domaine dans lequel il est présent. Et justement, le pneumatique de poids-lourds lui pose soucis pour tester les pneumatiques à haute vitesse, la solution : une voiture hors du commun, la DS « mille-pattes »…
En inventant le pneu démontable pour bicyclette au début des années 1890, Michelin ne savait alors pas qu’il allait devenir un important acteur de l’automobile en France. En dupliquant le pneumatique à l’automobile alors naissante, Michelin devenait le premier acteur à engager en compétition une voiture sur pneumatiques en 1895. Plus tard, les pneus Michelin aident la Jamais contente à passer le mur des 100km/h ! Puis dans les années 1930, Michelin prend possession de Citroën et lance le projet TPV qui donna naissance à la 2CV en 1949, la même année, le pneu radial inventé par Michelin était commercialisé et révolutionnait le marché !
Michelin était une marque en quête d’innovation, pour cela, l’entreprise construit en 1965 un important complexe au nord de Clermont-Ferrand comportant un circuit et diverses pistes d’essais pour tester les pneumatiques dans toutes les conditions possibles et imaginables : pistes rapides, routes accidentées, virages, routes mouillées… Michelin se dote par la même occasion d’un impressionnant parc automobile de test, de la simple 2CV jusqu’aux voitures de sport parmi les plus prestigieuses comme une Porsche 904 !
Mais Michelin ne se cantonne pas qu’aux pneumatiques de voitures, l’entreprise est également présente sur le secteur du poids-lourds, pour tester ces pneumatiques en condition et à haute vitesse, Michelin se rend rapidement à l’évidence qu’il faut construire des prototypes spécifiques. Ainsi, Michelin construit sur la base d’un camion Willème un véhicule profilé avec une cabine de DS, lequel est capable de rouler au delà des 150km/h. Après quelques années de service, Michelin souhaite désormais réaliser un véhicule laboratoire et part d’une page blanche pour concevoir la DS Mille-Patte.
La conception de cette voiture laboratoire débute au début des années 1970, avec un cahier des charges qui met en avant la vitesse pour rouler à plus de 150km/h. Pour cela, Michelin conçoit un châssis spécifique qui accueille dans sa partie arrière deux moteurs V8 Chevrolet de 5,7 litres et développant 200Cv chacun. Les deux moteurs ne sont pas de trop car le prototype sera tout sauf léger car pour accueillir un pneumatique de poids lourd en son centre et l’ensemble des machines pour les tests, le châssis mesure 7,5 mètres de long pour 2,45 mètres de large !
Ce prototype est recouvert d’une carrosserie extrapolée de la DS Break, qui fut choisi pour son côté aérodynamique. Et pour répartir le poids de la voiture, pesant 9.150kg, il se dote de dix roues sans compter le pneu de poids lourd en test. Ce pneumatique pouvait d’ailleurs se relever pour opposer moins de résistance quand la voiture essayait d’atteindre sa vitesse de pointe, et s’abaisser pour être en contact avec la route lors des phases de tests, qui pouvaient se faire jusqu’à 180km/h, la vitesse maximale enregistrée par la voiture. Et tests oblige, ce pneu était sous carénage pour éviter tout dommage à l’intérieur du prototype en cas d’explosion du pneu.
Originellement peinte en blanc, la DS Mille Patte (nommée officiellement DS PLR pour Poids-Lourds Rapide) peut faire office de vecteur publicitaire tout aussi bien pour Michelin que pour Citroën (alors propriété de Michelin, le prototype se voit donc rapidement repeint de couleurs vives, en jaune et orange. Et après une longue carrière sur les pistes de Ladoux, la DS Mille-Patte a pris sa retraite depuis bien longtemps, et heureusement pour nous, Michelin a décidé de conserver ce véhicule, aujourd’hui visible dans son musée de Clermont-Ferrand.
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