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Les femmes ont accès à l'université

Publié à 18:38 par dessinsagogo55 Tags : nature femmes histoire travail place france merci sur centerblog sport center paris cadre
Les femmes ont accès à l'université

 

 

 

En France, l’entrée des femmes dans l’enseignement supérieur s’amorce en 1861, lorsqu’une Française, Julie-Victoire Daubié, est reçue bachelière à la Faculté des lettres de Lyon, alors que celle de Paris lui avait fermé ses portes. Cependant, l’accès des femmes aux études universitaires se généralise seulement à partir de 1880, année qui est par ailleurs celle où est votée la loi Camille Sée instituant un enseignement secondaire féminin public.

1  Sauf autre indication, toutes les statistiques relatives à l’enseignement supérieur français citée (...)

Jusqu’au tournant du XXe siècle, la présence féminine dans l’ensemble des universités françaises est fort modeste, sans jamais dépasser 3 % de l’effectif global. Mais à partir de la fin de la décennie 1900, cette proportion se rapproche déjà des 10 %. La présence des femmes sur les bancs universitaires devient alors numériquement importante, mais demeure marginale par rapport au nombre global des étudiants. Cette population étudiante féminine est composée en grande partie d’étrangères, venues en France en quête d’une formation universitaire inaccessible dans leur pays ou attirées par le prestige de la métropole culturelle. Si ces étrangères restent majoritaires durant les deux premières décennies de l’ouverture des universités aux femmes, leur proportion recule pourtant au profit des Françaises dès les années 1890. Désormais les étudiantes nationales représentent, selon les années, entre 50 et 68 % des inscriptions féminines à l’échelle du pays. L’académie de Paris, qui compte à elle seule près de la moitié des effectifs féminins de l’enseignement supérieur français, est également la plus fréquentée par les étrangers des deux sexes. Le nombre d’étudiantes françaises y est toutefois, en général, moins élevé que celui des étrangères. Ces dernières forment plus de la moitié du public féminin des facultés de la capitale jusqu’en 1893, et à nouveau à partir de 1900, mais les deux effectifs s’égalisent à la veille des hostilités.

Les autres universités françaises à connaître une forte affluence d’étudiantes sont celles de Montpellier, Nancy et Grenoble. Ces universités de province sont également les plus sollicitées par le public étranger des deux sexes, tout particulièrement en provenance de l’Empire russe, même si sa présence demeure modeste comparée à ce qu’elle est à Paris. Les deux premiers établissements sont avant tout réputés pour leur enseignement de médecine et de sciences, et l’Université de Grenoble attire les étrangers désireux de se perfectionner en langue et civilisation françaises, en leur offrant des formations spécialisées, sanctionnées à partir de 1897 par un certificat d’études françaises. Vers 1910, des certificats semblables sont également dispensés par les facultés des lettres d’autres universités de province, dont Montpellier et Nancy.

2  De 4 254 pour l’année scolaire record 1913-1914, ce nombre redescend à 2 646 l’année suivante, chu (...)

Le déclenchement de la guerre en 1914 amènera un accroissement spectaculaire de la proportion des femmes : en l’espace d’une année, elle passera de 9 à 24 % de la population étudiante pour l’ensemble des universités. Toutefois, ce changement ne sera pas dû à un afflux d’étudiantes, dont le nombre baissera en valeur absolue, mais à la baisse des effectifs masculins, qui diminueront soudain des trois quarts

Ainsi, avant la Grande Guerre, la France n’est devancée, pour le nombre d’étudiantes, que par la Suisse, pays pionnier de l’introduction de la mixité universitaire (1867), où les effectifs féminins forment près d’un quart des inscriptions dès le début du siècle. La nature même du paysage universitaire suisse nous fournit des explications de cette ouverture à un public nouveau. Au tournant du XXe siècle, l’offre universitaire y dépasse largement la demande nationale d’enseignement supérieur : un pays de 3 315 000 habitants se voit en effet doté d’un réseau de sept établissements. En raison de cette inadéquation, les universités suisses de l’époque ne peuvent se développer autrement qu’en inscrivant l’égalité d’admission dans leurs règlements afin d’attirer une clientèle étrangère des deux sexes – politique d’autant moins risquée que les restrictions appliquées aux étrangers pour l’exercice des professions libérales en Suisse limitent la concurrence qu’ils pourraient exercer sur le marché du travail. Les universités belges, à la féminisation précoce, mais faible, et les universités allemandes, progressivement ouvertes aux étudiantes régulières à partir de 1900, suivent avec un certain retard. Tout cela place la France au deuxième rang des pays européens pour le nombre de femmes scolarisées dans l’enseignement supérieur avant 1914. C’est sur ce premier demi-siècle de présence des femmes dans l’enseignement supérieur en France qu’est centré le présent état des lieux, qui vise à situer l’historiographie française dans le cadre international.

 
 
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