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Les tontons flingueurs : Autour du film

Les tontons flingueurs : Autour du film

 

La Gaumont ne croyait pas au succès du film qui n'était défendu que par Alain Poiré et, pour limiter les risques financiers, s'associa avec d'autres maisons de production. Ceci explique la présence dans la distribution d'acteurs allemands (Sabine Sinjen et Horst Frank) et italiens (Venantino Venantini).
Michel Audiard trouvait la scène de la cuisine inutile et elle faillit bien ne jamais exister. C'est Georges Lautner qui l'a rétablie en hommage à Key Largo, film noir dans lequel on voit des gangsters accoudés à un bar évoquer avec nostalgie le bon temps de la prohibition.
Michel Audiard aurait préféré comme titre le Terminus des prétentieux, expression que l'on retrouve dans une réplique de Raoul Volfoni : « Il entendra chanter les anges, le gugusse de Montauban. Je vais le renvoyer tout droit à la maison mère, au terminus des prétentieux ! » Mais ses partenaires le jugèrent trop pompeux. Le titre le Terminus des prétentieux apparaîtra en manière de clin d'œil sur un fronton de cinéma dans un film ultérieur de Lautner, Flic ou Voyou.

 

Jean Gabin fut un temps pressenti pour tenir le rôle de Fernand Naudin. Il posa cependant de telles exigences (il souhaitait imposer son équipe de techniciens) qu'il ne fut pas retenu, au grand soulagement de Michel Audiard avec lequel il était momentanément fâché à l'époque. Le choix se porta un temps sur Paul Meurisse, mais celui-ci déclina le rôle pour raisons de santé. Il apparaît toutefois quelques secondes dans la scène finale. À l'origine, Lino Ventura ne se voyait pas tenir ce rôle du fait de l'aspect comique des personnages, convaincu qu'il ne serait pas crédible dans ce genre de composition.

 

Georges Lautner n'a utilisé qu'un seul thème musical, réalisé par Michel Magne et interprété dans différents styles musicaux (baroque, rock, valse, etc.), y compris le fameux piano-banjo à chaque bourre-pif de Fernand. Ce thème est restreint aux quatre notes du bourdon de Notre-Dame (dont l'enchaînement n'est pas sans rappeler les premières notes du refrain de Tout va très bien Madame la Marquise, fox-trot populaire et humoristique) et même la sonate présentée dans le film comme étant de Corelli est l'œuvre de Michel Magne qui s'en est toujours amusé.

 

Le film ne fut pas un énorme succès populaire dès sa sortie en salle puisqu'il ne déplaça que quatre cent cinquante mille spectateurs en six mois dans Paris et sa périphérie, ce qui n'a rien d'exceptionnel. Mais sa réputation n'a fait que croître au fil des années et il est depuis passé quinze fois à la télévision et s'est vendu à deux cent cinquante mille exemplaires lors de sa sortie en DVD en 2002. Il fut en revanche éreinté par la critique (la mode était plutôt à la Nouvelle Vague), et en particulier par Henry Chapier (« Vous pavoisez haut... mais vous visez bas. »).

 

La qualité de réalisation du DVD a été très soignée, entre autres par élimination numérique de l'inévitable tressautement d'image des projecteurs 35 mm. Le même traitement a par la suite été accordé à un autre film, Le Cave se rebiffe. L'opération de colorisation de ces deux longs métrages fut plus discutée, mais reste toujours « réversible » par élimination de la couleur, ce que permettent la plupart des téléviseurs (avec néanmoins une perte de netteté et de tons dans les gris malgré une augmentation artificielle du contraste).
Les dernières scènes du film (mariage-explosion) furent tournées dans et autour de l'église Saint-Germain-de-Charonne, place Saint-Blaise, dans le 20e arrondissement de Paris.[/align


C'est dans une maison louée par la Gaumont à Rueil-Malmaison qu'eut lieu le 29 avril 1963 le tournage de la célèbre scène de la cuisine, qui se prolongea jusque très tard dans la nuit.
Le bowling de la Matène à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), dans lequel a été tournée une scène des Tontons flingueurs, a également servi de décors aux films Monsieur Hire et Jean-Philippe

 

Outre le sel des répliques d'Audiard, l'un des ressorts comiques du film tient dans les astuces utilisées pour masquer à Patricia et son ami Antoine (Claude Rich), ainsi qu'au père de ce dernier, la véritable situation.
Combiner au cinéma le comique truculent de la langue verte (l'argot) et l'ambiance d'un roman noir, comme l'était celui d'Albert Simonin, relève de l'impossible. Ainsi, pour faire de Grisbi or not Grisbi cette fameuse comédie hilarante, de grandes libertés ont dû être prises avec l'œuvre originale (notamment par Simonin lui-même puisqu'il a travaillé à l'adaptation cinématographique). Si la trame principale de ce troisième volet des aventures de Max le Menteur est conservée — la succession du Mexicain, la lutte avec les Volfoni —, les personnages de Maître Folace ou de la jeune Patricia et de son fiancé Antoine n'appartiennent qu'au film. Dans le même ordre d'idées, l'affrontement entre Max (Fernand Naudin) et les Volfoni est sanglant dans le roman de Simonin, et traité sous l'angle comique dans le film de Lautner. Mais l'esprit du style rédactionnel, c'est-à-dire un livre entièrement écrit en argot, se retrouve dans les dialogues concoctés par Michel Audiard.
Parmi les adaptations de la trilogie simonienne, Touchez pas au grisbi conserve le ton du film noir, tandis que Le Cave se rebiffe a été réalisé dans le même esprit que Les Tontons flingueurs.