Au lendemain du discours engagé de Greta Thunberg à l’ONU au cours duquel la jeune Suédoise a, dans des propos incisifs et emplis de colère, accusé les dirigeants du monde de "trahison" pour leur inaction face au réchauffement climatique, les réactions politiques se sont multipliées.
Tôt ce matin, c’est le président de la République Emmanuel Macron lui-même qui, sur les ondes d’Europe 1, a dénoncé les accusations de l’adolescente, les qualifiant de "positions très radicales." En déplacement à New York pour l'Assemblée générale des Nations unies, le chef de l'Etat qui semble faire volte-face sur l'adolescente, a également tenu à souligner les efforts français en matière de protection de l’environnement.
"Je n’ai pas le sentiment que le gouvernement français ou le gouvernement allemand, aujourd’hui, sont en train de bloquer. […] Quand je vois qu’on va fermer l’ensemble de nos activités charbon, qu’on stoppe l’exploitation d’hydrocarbures, qu’on est en train de bouger, je ne suis pas sûr que ce soit la voie la plus efficace", a-t-il précisé.
Cependant, le locataire de l’Elysée, qui avait invité les militants pour le climat à aller manifester en Pologne, a assuré que "Toutes les mobilisations de notre jeunesse ou des moins jeunes sont utiles. […] Je pense surtout maintenant qu’on a besoin qu’on ait une jeunesse qui nous aide à faire pression sur ceux qui bloquent, en se mobilisant, et qui aussi participent à des actions très concrètes."
"Les jeunes ont raison", estimait De Rugy
Une position présidentielle qui tranche bien avec celle d’il y a plusieurs mois. En février dernier, cette même Greta Thunberg avait été reçue à l’Elysée par Emmanuel Macron, en compagnie de jeunes européens engagés dans la lutte contre le réchauffement climatique. Lors de cet entretien, elle avait appelé à une "mobilisation" mondiale à ce sujet.
Alors ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy s’était, sur BFMTV, réjouit de cette rencontre. "Les jeunes ont raison, on n'en fait jamais assez. Mais évidemment selon les pays, selon les régions du monde, on voit bien que les situations sont différentes", avait-il commenté. Des propos qui tranchent avec les critiques actuelles, d’autant que le ministre - qui a depuis quitté le gouvernement - avait également souligné "comprendre cette impatience" de la jeunesse.
Quelques mois plus tard, alors que l’adolescente devait s’exprimer devant les députés français à l’Assemblée nationale, ce sont certains députés LaREM qui avaient fait part de leur désapprobation. "Pourrait-on mettre autant à l'honneur les scientifiques, les personnes qui agissent depuis des années pour la planète. Utiliser le manichéisme du Bien contre le Mal est bien trop simple pour agir dans un monde complexe", avait tweeté la députée Bénédicte Peyrol.
"Presque de la haine"
Ce mardi matin, la Secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire Brune Poirson y est également allée de son tacle sur l’adolescente. Au micro de France Inter, celle qui est également Vice-présidente de l'Assemblée des Nations unies pour l'environnement a, à l’image d’Emmanuel Macron, reproché à la jeune femme son ton virulent devant l’ONU.
"Il est important d'avoir des personnes qui éveillent les consciences. Mais quelles sont les solutions qu’elle met sur la table? Je ne sais pas. On ne peut pas mobiliser avec du désespoir, presque de la haine", a-t-elle estimé. Dans la suite de son entretien, Brune Poirson a également, en guise de conclusion, invité la jeune Suédoise à s’asseoir autour d’une table et à se "retrousser les manches."
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