Tensions entre forces de l'ordre et black blocks dans les rues de Paris, le 14 mars 2020. (JEROME GILLES / NURPHOTO / AFP)
Les anciens "renseignements généraux" prévoient un déconfinement politiquement agité. Dans une note de 15 pages datée du mercredi 6 mai et consultée par France Télévisions, le Service central du renseignement territorial (SCRT) analyse l'impact de la crise sanitaire "sur la mobilisation des mouvances contestataires", qu'il s'agisse de "l'ultra-gauche" et de "l'ultra-droite" mais aussi des "gilets jaunes".
Policiers et gendarmes spécialisés, qui travaillent notamment sur la base de l'observation des réseaux sociaux, relèvent que "des appels à manifester dès la fin de la période de confinement continuent de circuler". "Toutes les mouvances contestataires poursuivent, en boucle, leurs diffusions de commentaires critiques, avec une véhémence de plus en plus exacerbée, de la gestion de la crise sanitaire par les autorités publiques", prévient le rédacteur de la note.
Du côté de l'ultra-gauche, le SCRT constate un rejet des mesures gouvernementales de traçage, à commencer par le recours à des "anges gardiens" comparés à des "flics en blouses blanches" enrôlés au sein "des brigades sanitaires". De même, le choix du gouvernement visant à verbaliser le non-port du masque dans les transports, assimilé à une "stratégie 100% répressive", est pointé du doigt. Dans cette période de pandémie, l'ultra-gauche s'insurge aussi des conditions de vie en détention, ainsi que dans les centres de rétention administrative, destinés aux étrangers en situation irrégulière.
Les "gilets jaunes" appellent à manifester
L'extrême droite se montre, elle aussi, active. Selon le Service central du renseignement territorial, des "mouvements d'inspiration national-révolutionnaire" préparent "une action coordonnée pour pointer du doigt les carences supposées de l'Etat dans la gestion de la crise", avec des rassemblements devant les préfectures et les sous-préfectures, "dans la semaine du déconfinement".
Dans les forums de "gilets jaunes", "le sujet de l'après confinement est de plus en plus évoqué", constatent les services de renseignement. Même si un grand nombre de contributeurs semble craindre le risque de transmission du Covid-19 en cas de rassemblement, des appels à manifester ont d'ores et déjà été lancés pour le samedi 16 mai à Toulouse (Haute-Garonne), à Montpellier (Hérault) ou encore à Alès (Gard).
Deux thèmes principaux fédèrent la colère des contributeurs : d'une part, le retour des enfants à l'école – "On envoie nos gosses comme chair à canon", insiste un internaute cité dans la note ; d'autre part, l'absence de quatorzaine pour les Européens à leur entrée en France – "Macron autorise les Européens à venir et circuler librement dans toute la France et on nous interdit de faire plus de 100 km", s'insurge un autre. La vente des masques en grande distribution retient aussi l'attention des "gilets jaunes", certains d'entre eux "évoquent l'hypothèse d'action contre les supermarchés qui en proposent", comme des blocages de caisse.