Dans un système musical, le mot mélodie désigne la dimension qui prend en compte les hauteurs émises par une source, individuelle ou collective, instrumentale ou vocale, au sein d'une réalisation musicale quelconque. La mélodie s'oppose principalement au rythme, autre composante de la
musique.
Parce qu'elle fait se succéder des sons aux fréquences différentes, une mélodie est une succession d'intervalles. En effet, du point de vue de l'interprète, comme de celui de l'auditeur, chaque note d'une mélodie est déterminée par l'intervalle mélodique qui sépare celle-ci de la note précédente.
Dans la
musique occidentale, chaque note d'une mélodie est en outre déterminée par l'intervalle mélodique qui sépare celle-ci de la note fondamentale — ou note de référence — appelée « tonique » dans la
musique tonale.
Le mot mélodie s'oppose ainsi à la Polyphonie — ou Harmonie, ces deux termes pris dans leur sens le plus large de « procédé musical utilisant les simultanéités délibérées » —, cette technique d'écriture constituant l'une des singularités de la
musique occidentale depuis le milieu du Moyen Âge.
Au cours de la période qui va du XIIIe au XVIe siècle, la
musique occidentale est plus précisément dite polyphonique et modale, et son procédé de composition est appelé contrepoint.
Une pièce musicale de cette époque, peut être considérée comme une « superposition de mélodies », chacune d'elles étant exécutée par les différentes parties de l'ensemble.
Au cours de la période qui débute à la fin de la Renaissance, la
musique est plus précisément dite harmonique et tonale, et son principal procédé de composition est appelé monodie.
Dans cette seconde technique, une partie se détache des autres pour exécuter la ligne mélodique principale, appelée tout simplement « mélodie » — généralement située à la partie supérieure de l'édifice. Dans ce nouveau sens, la mélodie s'oppose donc à la basse ainsi qu'aux différentes parties intermédiaires qui constituent l'accompagnement de la ligne principale — accompagnement pouvant être synthétisé en une série d'accords. On parle d'ailleurs à ce propos, de « mélodie accompagnée ».
Mélodie (genre)
En
musique classique, une mélodie est dans la
musique française, une forme musicale particulière, consistant en une brève composition pour voix accompagnée par un piano ou par un ensemble instrumental, sur des paroles généralement empruntées à des textes poétiques ou d'œuvres de grands poètes.
Les mélodies doivent beaucoup aux lieds.
Le lied (au pluriel, des lieds ou des lieder) est utilisé spécifiquement dans la
musique savante de langue allemande. Le lied se distingue par sa volonté de puiser aux sources populaires et peut être daté de la première moitié du XVIIIe siècle. Les lieds puisent dans le romantisme allemand avec des situations sombres où toute l'intimité de l'âme peut s'épancher au travers des poètes : le lied tire sa notoriété de réputés compositeurs allemands, tels Franz Schubert, Robert Schumann, Johannes Brahms et Hugo Wolf.
Le mot art song correspond en anglais aux mélodies ou lieder.
La mélodie française naît vers le milieu du XIXe siècle, en
France, bien sûr, mais en empruntant son nom aux Irish melodies de Thomas Moore. Cette forme musicale pour voix et piano (parfois pour voix et orchestre) se développe de manière autonome tout en empruntant à la romance dont elle est fille et au lied auquel on l'oppose fréquemment On prétend que le lied, d'essence germanique, serait plus populaire et plus proche de la chanson que la mélodie. Cette assertion est manifestement fausse quand on analyse bon nombre de lieder de Schumann, de Brahms,de Hugo Wolf, de Strauss... Cependant, la mélodie française est particulièrement attentive à la qualité et au sens des vers qu'elle met en
musique et l'extrême raffinement de sa courbe vocale, de ses rythmes et de ses harmonies la distinguent incontestablement. Les deux livres majeurs qui éclairent l'histoire et l'esthétique de la mélodie française sont :
F. Noske, "La mélodie française de Berlioz à Duparc", Amsterdam, puis Paris, 1954
M. Faure et V. Vivès, "Histoire et poétique de la mélodie française", Paris, 2000
On s'accorde à considérer les Nuits d'été (1841) d'Hector Berlioz comme le premier exemple de ce genre. Néanmoins, certaines compositions de Charles Gounod peuvent prétendre au nom de mélodies.
Recueils majeurs
Hector Berlioz : Les Nuits d'été (1841), sur des textes de Théophile Gautier
Gabriel Fauré : La
Bonne Chanson (1870), sur des textes de Paul Verlaine
Claude Debussy : Ariettes oubliées (1885), sur des textes de Paul Verlaine
Maurice Ravel : Histoires Naturelles (1907), sur des textes de Jules Renard
Francis Poulenc : La Courte Paille (1960), sur des textes de Maurice Carême.
Compositeurs principauxLa mélodie française atteignit ses sommets par de nombreux compositeurs, tels :
Hector Berlioz
Lili Boulanger
Albert Cahen d'Anvers
Emmanuel Chabrier
Ernest Chausson
Jean Cras
Claude Debussy
Maurice Delage
Léo Delibes
Henri Duparc
Gabriel Fauré
Paul Le Flem
César Franck
Charles Gounod
Vincent d'Indy
Charles Koechlin
Édouard Lalo
Guillaume Lekeu
Albéric Magnard
Olivier Messiaen
Francis Poulenc
Maurice Ravel
Guy Ropartz
Albert Roussel
Camille Saint-Saëns
Erik Satie
Edgar Varèse
Louis Vierne
On pourra remarquer, dans ce genre très particulier, une grande attention dans la clarté de l'expression, à la précision des formes. Cette concision découle souvent de la volonté de rendre le poème le plus intelligible possible et de le servir au mieux par la
musique. Le poème est donc le point de départ de la composition d'une mélodie.
Si la relation très particulière qu'entretiennent texte et
musique dans le genre de la mélodie requiert du compositeur une parfaite connaissance des règles poétiques et de la diction, il en est de même pour l'interprète, qui se doit d'avoir également une prononciation parfaite.
Le lied et la mélodie française demandant un style vocal particulier : des voix très souples, plus confidentielles, et donc s'y faisant moins fortes qu'à l'opéra, avec une diction irréprochable, pour exprimer mais sans emphases indues les subtils sentiments sous-tendus par l'œuvre. Le genre étant dès l'origine fait pour le salon plutôt que pour de très grandes salles, leurs interprètes s'y sont spécialisés par plusieurs années de formation pratique auprès d'un maître. Mais ils n'ont pas toujours nécessairement renoncé à tenir aussi en parallèle des rôles à l'opéra, où ils doivent déployer tout le volume de leur voix, qui s'y fait alors moins intimiste.
Femmes
Elly Ameling
Juliane Banse
Régine Crespin
Claire Croiza
Mireille Delunsch
Véronique Gens
Felicity Lott
Sandrine Piau
Christine Schäfer
Hommes
Gabriel Bacquier
Pierre Bernac
Jean-François Gardeil
Bernard Kruysen
Bruno Laplante
François Le Roux
Louis Puthod
Camille Maurane
Charles Panzéra
Gérard Souzay
Accompagnateurs
La mélodie française n'est pas seulement affaire de voix : l'accompagnement (le plus souvent au piano) n'est pas à négliger. Là aussi, certains pianistes se sont spécialisés dans le genre.
Dalton Baldwin
Jacqueline Bonneau
Billy Eidi
Graham Johnson
Noël Lee
Pierre Maillard-Verger
Gerald Moore
Francis Poulenc