On l'appelle le "poumon de la terre", pour sa capacité notamment à absorber d'importantes quantités de gaz à effet de serre. D'ailleurs, les gouvernements qui se sont succédé à la tête du Brésil ces vingt dernières années se sont efforcés de la protéger, érigeant leur pays en exemple de politique environnementale. Mais l'Amazonie, ces quelque 5,5 millions de millions de kilomètres carrés de forêt primaire qui entoure le fleuve brésilien, mérite de moins en moins ce surnom.
Obstacles au développement économique Le président Bolsonaro élu en octobre 2018, qui avait durant sa campagne qualifié les lois de protection de la forêt d'obstacles au développement économique du pays et donc promis de les faire tomber, met en effet ses menaces à exécution. Entre autres mesures, cela implique une diminution des zones allouées aux Indiens au profit des agriculteurs et des industriels.
Les chiffres sont effrayants. Comme l'a révélé le New York Times, ce sont près de 3.500 km² de forêt qui ont disparu depuis le 1er janvier, soit une accélération de la déforestation de 39% comparée à la même période de l'année dernière. Au cours des 12 derniers mois, 6 833 kilomètres carrés ont ainsi disparu, soit 40% de plus qu'au cours des 12 mois précédents. Sur le seul mois de juin, cette accélération atteint 80%.
Mais c'est en juillet que le phénomène s'est réellement emballé : l'organisme public brésilien chargé de le mesurer, l'Institut national de recherche spatiale (INPE), mentionne 2 254 kilomètres carrés de zones déforestées contre 596,6 kilomètres carrés en juillet 2018. C'est une augmentation de 278 % en un an.
Thermomètre cassé Mais il ne fait pas bon communiquer sur ces chiffres, et le directeur de l'INPE, accusé de fournir des chiffres « mensongers » pour « faire le jeu des ONG », vient d'être limogé.
Il va devenir d'autant plus difficile de suivre l'évolution de cette déforestation que le gouvernement se montre aussi plus complaisant à l'égard de l'abattage forestier illégal. Le New York Times a calculé que les sanctions émises à l'encontre des contrevenants ont diminué de 20 % au cours du premier semestre.
Voilà qui ne risque pas d'améliorer les choses, alors même que les observations de SMOS, un satellite d'observation de la terre en micro-ondes, lance en 2009 par le CNES/ESA, montrent que les forêts tropicales ne parviennent plus à jouer leur rôle de puits de carbone. Premiers responsables de cette situation qui menace l'équilibre climatique de la planète entière - quand bien même Bolsonaro martèle que « l'Amazonie appartient au Brésil » - les sécheresses et la déforestation...