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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour :
08.02.2013
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Sacrifices rituels
En seulement 100 ans d'histoire, l'Empire inca s'est étendu sur environ 4 000 kilomètres.
Cet empire comprenait les états actuels de l’Equateur, du Pérou, de la Bolivie et du Chili.
Il existe un paradoxe concernant les peuples d’Amérique du Sud. Férus d’astronomie et possédant des connaissances avancées dans de nombreux domaines, nous avons du mal à comprendre certaines de leurs coutumes barbares.
Les sacrifices d’enfants, d'hommes et de femmes étaient monnaie courante sous le règne des fils du Soleil.
L’Amérique du Sud est le lieu de naissance de la momification. Les chercheurs ont mis au jour de nombreuses tombes qui nous ont permis de mieux comprendre les rites funéraires.
L’enfant de la montagne de Plomb
Le 1er février 1954, deux mineurs gravissent la pente escarpée et enneigée d'une montagne. Ce pic de 5 400 m d'altitude s'appelle El Plomo (la montagne de Plomb). Il est situé dans la province de Santiago du Chili. Les deux hommes ont presque atteint le sommet lorsqu'ils découvrent un curieux enclos de forme elliptique, de 6 m de long sur 3 m de large, entouré d'un mur d'à peine 1 m de haut et comblé de pierres et de terre.
El Plomo. Image Thiago "James"
Sous 1 m de pierrailles et de terre, ils découvrent, au centre de l'enclos, une grande pierre plate, qu'après bien des efforts ils font pivoter sur son axe.
Là, se révèle un bien étrange spectacle dans une tombe de 1 m de profondeur, un jeune enfant semble dormir, les yeux clos, les jambes ramenées sous lui, les bras enserrant les genoux, la tête inclinée posée sur son bras.
Autour de lui, deux statuettes en argent et en coquillage, deux petites figurines dont la forme rappelle celle des lamas et une série de petits sacs de peau contenant des cheveux, des morceaux d'ongles et des feuilles de cola, veillent sur son dernier sommeil.
Ce jeune garçon de 8 ou 9 ans veille sur la montagne de Plomb depuis environ 5 siècles.
Or le corps est absolument intact, tendre et flexible comme si la mort venait de le toucher !
Qui était le petit Inca et quelles furent les circonstances de sa mort ?
Jeune enfant momifié découvert au Pérou. Image Hesselink
L'analyse du corps révéla que plusieurs phalanges de la main gauche gelèrent 24 à 48 heures avant la mort. Des bribes de vêtements sur les avant-bras et les mains témoignent aussi des efforts de l'enfant pour recouvrir ses parties du corps restées nues. Le petit garçon de la montagne de Plomb fut enterré vivant.
Pour comprendre ce qui a poussé un peuple à commettre une telle abomination, nous devons nous pencher sur l'histoire de ce peuple étrange.
L’origine des Incas
Au moment de la conquête espagnole, en 1532, les Incas, basés à Cuzco, au Pérou, régentaient plus de douze millions de sujets, cent cultures différentes et parlant au moins vingt langues. Ce n'étaient pas des conquérants brutaux. Ils maniaient aussi bien les cadeaux que les lances pour affirmer leur pouvoir.
Machu Picchu. La somptueuse cité inca. image robennals
L'origine des Incas est liée à la mystérieuse civilisation perdue de Tiahuanaco, au Pérou, située près du lac Titicaca. D'après la légende, cette cité fut l'œuvre de Viracocha, le dieu créateur de toutes choses. Mais les hommes ayant violé la loi divine, Viracocha les changea en pierre et détruisit la ville par un cataclysme.
A Cuzco, le monastère Santo Domingo s'élève aujourd'hui sur les ruines du Coricancha (temple du Soleil) édifié par les Incas. Image Greg M
Il envoya ses enfants, les fils du Soleil, pour fonder une nouvelle civilisation.
Le premier Inca, Manco Càpac, était né, et, avec lui, le culte du Soleil, Inti, qui se confondra progressivement avec Viracocha.
Manco Càpac fonda la ville de Cuzco, épousa sa sœur et ils fondèrent la dynastie des Incas.
Les souverains Incas utilisaient ce mythe pour justifier de leur origine divine.
Cuzco aujourd'hui. Image Matito
L'Inca (mot qui, au départ, désignait uniquement le chef suprême, fils du Soleil) n’était pas uniquement un despote régnant par la terreur.
Les Incas assimilaient de nouveaux peuples avec une efficacité remarquable : ils permettaient aux responsables locaux de conserver leur poste mais emmenaient leurs fils à Cuzco pour qu'ils y reçoivent une formation. Ils prélevaient une « taxe sur le travail » de leurs sujets mais les remboursaient avec des biens, honoraient les dieux locaux et les pratiques religieuses tout en associant les populations à leurs croyances et rituels.
Ollantaytambo, une ancienne forteresse inca où l'on pouvait surveiller la route principale menant à Cuzco. Image jennifrog .
Les sacrifices d'enfants faisaient partie de cette « philosophie ». Les Incas obtenaient des enfants de tout l'empire et récompensaient les familles par des fonctions gratifiantes ou des biens matériels. Les sacrifices étaient des événements unificateurs. Les enfants étaient souvent emmenés à Cuzco pour des célébrations avant que des processions ne les conduisent jusqu'aux sites de leur immolation.
Momie Inca. Musée national d'archéologie, Lima . Image quinet
L'enfant de la montagne de Plomb faisait probablement partie d'une de ces tribus qu'asservit l'Empire inca : le peuple de l'Altiplano.
Le llantu (tunique) noir qu'il portait était un privilège accordé par les Incas aux nations conquises. Sa parure en plumes de condor, par contre, rappelle le pacarina (emblème) du condor du peuple de l'Altiplano.
Au vu de la richesse de ses vêtements, ses bijoux en or et en argent et la peinture rouge de son visage, il devait être le fils d'un noble provincial de haut rang.
Sachant qui était le petit garçon de la montagne de Plomb, une question essentielle subsiste: pourquoi l'a-t-on enterré vivant ? Ici aussi, il faut retourner à ce que nous savons de l'Empire inca.
Les sacrifices rituels
La mort d'un chef, la victoire ou le voeu de bonnes récoltes étaient autant d'occasions d'offrir des sacrifices humains aux divinités. De plus, les Incas vénéraient certaines montagnes.
Mais il y avait d'autres occasions, clairement institutionnalisées ; notamment le Câpac-Raimi, fête de l'Inca et de l'initiation, où l'on égorgeait de jeunes enfants.
Betanzos, chroniqueur espagnol, écrit, à propos d'un sacrifice offert par Yupanqui :
« Là-dessus, l'Inca donna dix jours aux seigneurs de Cuzco pour réunir de grandes quantités de maïs et de moutons, de jeunes lamas et de fins vêtements, et un certain nombre de garçons et de petites filles pour offrir un sacrifice au Soleil. Le dixième jour, l'Inca Yupanqui fit allumer un grand feu et brûler les cadavres des bêtes égorgées, les habits et le maïs. Quant aux garçons et aux filles, qui avaient pour la circonstance, revêtu de splendides vêtements et s'étaient ornés de bijoux, on les emmura vivants dans une maison. »
Momie de Nazca (Musée régional de Cuzco). Image Exfordy
Le sacrifice d'enfants, (Capacocha) était chose habituelle : le sacrificateur étranglait, égorgeait, emmurait ses victimes ou leur arrachait le cœur. On peut juger aberrante et désaxée une civilisation qui se complaît dans ce genre de pratiques.
Cette cruauté s'explique pourtant par l'univers magique des Incas et leurs rapports avec la mort. Une multitude de créatures mythiques peuplaient l'univers céleste de l'Amérindien. Pour lui, même les choses étaient animées, et la mort n'était pas une fin.
Les suicides collectifs, les sacrifices humains et le culte rendu aux cadavres momifiés des Incas témoignent de cet état d'esprit particulier à l'égard de la vie et de la mort.
Momie retrouvée à Nazca. Image Warren H
La description que nous donne Camacho d'une Capacocha est, en ce sens, très significative.
Les enfants destinés à être immolés étaient amenés par leurs mères ; elles étaient fières de faire une telle offrande à la divinité.
Pour que les enfants puissent se présenter devant Viracocha, on les avait préalablement habillés de vêtements magnifiques et couronnés de fleurs. Ensuite, on leur faisait boire un breuvage enivrant, ou, s'il s'agissait de nourrissons, la mère leur donnait le sein avant l'immolation.
Momie inca découverte près de Nazca. Image leander.canaris
Les prêtres les prenaient avec force cérémonies, leur faisaient faire le tour de l'autel, puis ils les couchaient sur la pierre sacrificatoire, le visage tourné vers le Soleil. L'instant d'après, ils les exécutaient, selon les prescriptions de leur rituel barbare, en les étouffant, en les égorgeant ou en leur ouvrant la poitrine avec un couteau d'obsidienne et en leur arrachant le coeur.
Avec le sang, ils accomplissaient alors la cérémonie de la Vilacha, nommée également Pirano : le sacrificateur dessinait avec le sang une traînée qui allait d'une oreille à l'autre sur son visage, puis sur celui des assistants qu'il voulait honorer. Il en enduisait les vases utilisés pour le sacrifice. Enfin, les cadavres des victimes et les récipients étaient enfouis dans une même fosse. A ces macabres cérémonies succédaient de grandes beuveries au cours desquelles les Indiens buvaient l'azua, breuvage sacré.
Passionnant. Tout simplement.
Bises, aerin.
http://aerin.centerblog.net
Merci pour ce beau voyage à travers l'histoire.
Michèle
http://justicemichele.centerblog.net
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