Publié à 12:00 par chezminette87
APRES LA BATAILLE.
Mon père, ce héros au sourire si doux,
Suivi d'un seul housard qu'il aimait entre tous
Pour sa grande bravoure et pour sa haute taille,
Parcourait à cheval, le soir d'une bataille,
Le champ couvert de morts sur qui tombait la nuit.
Il lui sembla dans l'ombre entendre un faible bruit.
C'était un Espagnol de l'armée en déroute
Qui se traînait sanglant sur le bord de la route,
Râlant, brisé, livide, et mort plus qu'à moitié,
Et qui disait : - A boire, à boire, par pitié ! -
Mon père, ému, tendit à son housard fidèle
Une gourde de rhum qui pendait à sa selle,
Et dit : - Tiens, donne à boire à ce pauvre blessé. -
Tout à coup, au moment où le housard baissé
Se penchait vers lui, l'homme, une espèce de Maure,
Saisit un pistolet qu'il étreignait encore,
Et vise au front mon père en criant : Caramba !
Le coup passa si près que le chapeau tomba
Et que le cheval fit un écart en arrière.
- Donne-lui tout de même à boire, dit mon père.
La légende des siècles de Victor Hugo
Publié à 12:03 par chezminette87
MON REVE FAMILIER.
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélàs ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
Poèmes saturniens - Paul Verlaine
Publié à 12:03 par chezminette87
POUR FAIRE LE PORTRAIT D'UN OISEAU.
Peindre d'abord une cage
avec une porte ouverte
peindre ensuite
quelque chose de joli
quelque chose de simple
quelque chose de beau
quelque chose d'utile
pour l'oiseau
placer ensuite la toile contre un arbre
dans un jardin
dans un bois
ou dans une forêt
se cacher derrière l'arbre
sans rien dire
sans bouger...
Parfois l'oiseau arrive vite
mais il peut aussi bien mettre de longues années
avant de se décider
Ne pas se décourager
attendre
attendre s'il le faut pendant des années
la vitesse ou la lenteur de l'arrivée de l'oiseau
n'ayant aucun rapport
avec la réussite du tableau
Quand l'oiseau arrive
s'il arrive
observer le plus profond silence
attendre que l'oiseau entre dans la cage
et quand il est entré
fermer doucement la porte avec le pinceau
puis
effacer un à un les barreaux
en ayant soin de ne toucher aucune des plumes de l'oiseau
Faire ensuite le portrait de l'arbre
en choisissant la plus belle de ses branches
pour l'oiseau
peindre aussi le vert feuillage et la fraîcheur du vent
la poussière du soleil
et le bruit des bêtes de l'herbe dans la chaleur de l'été
et puis attendre que l'oiseau se décide à chanter
Si l'oiseau ne chante pas
c'est mauvais signe
signe que le tableau est mauvais
mais s'il chante c'est bon signe
signe que vous pouvez signer
Alors vous arrachez tout doucement
une des plumes de l'oiseau
et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau.
Extrait de "Paroles" de Jacques Prévert
Dessin fait par Camille en CE2 de l'école primaire de Trescleoux
Publié à 12:03 par chezminette87
LE RENARD AYANT LA QUEUE COUPEE.
Un vieux renard, mais des plus fins,
Grand croqueur de poulets, grand preneur de lapins,
Sentant son renard d'
une lieue,
Fut enfin au piège attrapé.
Par grand hasard en étant échappé,
Non pas
franc, car pour gage il y laissa sa queue ;
S'étant, dis-je, sauvé sans queue, et tout honteux,
Pour avoir des pareils (comme il était habile),
Un jour que les renards tenaient conseil entre eux :
"Que faisons-nous, dit-il, de ce poids inutile,
Et qui va balayant tous les sentiers
fangeux ?
Que nous sert cette queue ? Il faut qu'on se la coupe :
Si l'on me croit, chacun s'y résoudra.
- Votre avis est fort bon, dit quelqu'un de la troupe ;
Mais tournez-vous, de grâce, et l'on vous répondra."
A ces mots il se fit une telle huée,
Que le pauvre
écourté ne put être entendu.
Prétendre ôter la queue eût été temps perdu ;
La mode en fut continuée.
une lieue : distance de longueurs variables selon endroits et les époques mais que l'on
évalue aujourd'hui à environ 4 kilomètres.
franc : libre, c'est-à-dire exempt de l'impôt (le terme s'emploie aussi pour une ville). Ici,
le renard n'est pas exempté de sa redevance, sa queue en l'occurence.
fangeux : fait de boue épaisse.
Que nous sert cette queue ? : à quoi nous sert cette queue.
écourté : signifie couper quelques extrêmités, comme de la queue ou des oreilles. On
utilise aussi le terme d'essorillement pour désigner l'action de couper les
oreilles qui vient du verbe essoriller. Pour un animal, à qui on a coupé à la fois
la queue et les oreilles, le verbe est "courtauder".
Livre V - Fable 05
Publié à 12:03 par chezminette87
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