C’est une chute continue qui paraît inéluctable. En 2019, annonce le site de Limes, “l’Italie a enregistré 435 000 naissances”. En 2018, les nouveau-nés étaient 439 000 et, un an plus tôt, en 2017, ils étaient 458 000. À titre de comparaison, la France, malgré une natalité en baisse, a enregistré 753 000 nouvelles naissances en 2019, et ce alors que les populations des deux nations sont plus ou moins comparables. “C’est la septième année consécutive que l’Italie établit un nouveau record négatif de naissances”, fait remarquer la revue géopolitique transalpine, tentant d’analyser les raisons de ce déclin qui semble inarrêtable.

Comme l’explique Limes, une nette tendance à la baisse des naissances a été observée en Italie à partir de 2009. “C’est la conséquence de la crise économique, qui est arrivée concomitamment à des transformations profondes, liées à la diminution de la population en âge de procréer”. Résultat, “en un peu plus d’une décennie, le nombre de nouveau-nés a été divisé par quatre”.


 

L’“effet Tchernobyl” sur la péninsule

L’Italie est donc en train d’affronter un bouleversement démographique historique, et, mauvaise nouvelle, la tendance n’est pas près de s’inverser, selon Limes :

 

Pour détailler les conséquences attendues d’un climat de peur liée à la situation sanitaire globale, la revue de géopolitique parle d’un “effet Tchernobyl”. “Les statistiques de 1987 témoignent que, neuf mois après l’incident de la centrale nucléaire, les naissances en Italie avaient subi une chute bien visible”, observe Limes.

1 500 nouveau-nés en moins pour chaque point de chômage en plus

Mais, au-delà de cet effet qui pourrait être passager, le média italien s’inquiète bien plus des conséquences que risque d’avoir la crise économique sur les naissances. En effet, en observant les tendances des années précédentes, Limes esquisse une prévision des chiffres dans les années à venir en s’appuyant sur “un modèle de régression linéaire qui prévoit 1 500 nouveau-nés en moins pour chaque point de chômage en plus”. Résultat : “en 2020 on passerait de 435 000 naissances à 426 000, pour arriver à 396 000 nouveau-nés en 2021 dans l’hypothèse la plus négative”.

Un scénario “à la grecque”, en somme, pays qui au plus fort de la crise économique “a vu le nombre de naissances diminuer de 20,4 %, entre 2008 et 2013, tandis que le taux de chômage augmentait lui de presque 20 %”, indique Limes.

Si le cas grec représente le spectre à éviter à tout prix, l’Italie peut tourner son regard vers l’exemple vertueux représenté par l’Allemagne, note Il Sole-24 Ore dans un autre article consacré au thème de la natalité :

 

“Un pays qui a aboli les enfants ne peut pas espérer renaître”

Conclusion, malgré le contexte morose actuel, l’Italie doit essayer d’imiter l’Allemagne, car “la démographie est extrêmement importante, elle influence l’économie, le marché du travail et la santé publique. Il faut intervenir maintenant, s’insurge le quotidien milanais, car un pays qui a aboli les enfants ne peut pas espérer renaître”.

Beniamino Morante