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bonjour ma chère amie yvonne,
je suis enchantée de venir prendre un p'tit café chez toi, nous parlerons de ch
Par MARITE, le 10.06.2021
dors bien petit bonhomme ... ton ange veille ! à 22:17 par yvonne92110
. .. et j'espère qu'un c
Par Anonyme, le 07.06.2021
21/05/2013... le monde entier vous admire, alors que personne ne vous comprend".... ils savaient parler... à
Par Anonyme, le 06.06.2021
06.06.2021. ..j'ai des goûts de luxe et mes amis sont en or.... c'est parce que ton blog est un trésor...
Par Anonyme, le 06.06.2021
13/05/2012 ... que ta bonne humeur peut égayer la vie des autres ...que tu peux, en tout temps, dire un mot
Par Anonyme, le 06.06.2021
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Date de création : 28.09.2009
Dernière mise à jour :
29.05.2021
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L’Éducation D’un Sage ...
Un vieux sage avait un fils qui ne voulait pas sortir de sa maison, car il était complexé par son physique. Il craignait que l’on se moque de lui. Son père lui expliqua alors qu’il ne fallait jamais écouter les gens et qu’il allait lui en donner la preuve.
- Demain, lui dit-il, tu viendras avec moi au marché !
Tôt de bon matin, ils quittèrent la maison, le vieux sage sur le dos de l’âne et son fils marchant à ses côtés.
Quand ils arrivèrent sur la place, des marchands ne purent s’empêcher de murmurer :
- Regardez cet homme. Il n’a aucune pitié ! Il se repose sur le dos de l’âne et laisse son pauvre fils à pied.
Le sage dit à son fils :
- Tu as bien entendu ? Demain, tu viendras avec moi au marché !
Le deuxième jour, le sage et son fils firent le contraire : le garçon monta sur le dos de l’âne et le vieil homme marcha à ses côtés. À l’entrée de la place, les mêmes marchands étaient là :
- Regardez cet enfant qui n’a aucune éducation, dirent-ils. Il est tranquille sur le dos de l’âne, alors que son pauvre père doit se traîner dans la poussière. Si ce n’est pas malheureux de voir pareil spectacle !
- Tu as bien entendu ? dit le père à son fils. Demain, tu viendras avec moi au marché !
Le troisième jour, ils partirent à pied en tirant l’âne derrière eux au bout d’une corde.
- Regardez ces deux imbéciles, se moquèrent les marchands. Ils marchent à pied comme s’ils ne savaient pas que les ânes sont faits pour être montés.
- Tu as bien entendu ? dit le sage. Demain, tu viendras avec moi au marché !
Le quatrième jour, lorsqu’ils quittèrent la maison, ils étaient tous les deux juchés sur le dos de l’âne. À l’entrée de la place, les marchands laissèrent éclater leur indignation :
- Quelle honte ! Regardez ces deux-là ! Ils n’ont aucune pitié pour cette pauvre bête.
Le cinquième jour, ils arrivèrent au marché en portant l’âne sur leurs épaules.
Mais les marchands éclatèrent de rire :
- Regardez ces deux fous qui portent leur âne au lieu de le monter !
Aussi le sage conclut-il :
- Mon fils, tu as bien entendu, quoi que tu fasses dans la vie, les gens trouvent toujours à critiquer. C’est pourquoi tu ne dois pas te soucier de leur opinion : fais ce que bon te semble et passes ton chemin.
Moralité : Nous sommes trop souvent prisonniers de l’opinion des autres. Exister, c’est trouver son propre chemin. Si vous n’êtes pas vous-même, qui le sera à votre place ? Est-ce que cela ne vaut pas le coup de risquer parfois quelques critiques pour s’affirmer soi-même ?
( Les "Philo-Fables¨, de Michel Piquemal et Alban Michel )
Dans la mythologie grecque, Anémone est une nymphe dont le dieu du vent, Zéphyr, tomba amoureux. On raconte que Zéphyr avait le cœur aussi grand et insaisissable que le vent. Flore, l’épouse de Zéphyr les surprit dans leurs ébats, jalouse et furieuse, elle chassa la nymphe au bout du monde. Mais son parfum était si fort que Zéphyr la retrouva rapidement.
Sa gaieté retrouvée éveilla des soupçons chez Flore qui se transforma en hirondelle pour le suivre discrètement. Zéphyr avait effectivement retrouvé Anémone.
Blessée dans son amour propre, Flore très en colère, transforma la nymphe en fleur et lui ôta tout parfum pour que jamais plus, son époux, ne puisse la retrouver.
Depuis, l’Anémone danse avec le vent et on dit qu’elle ne s’épanouit pleinement que quand souffle un léger zéphyr …
Derrière le fort, sur un plateau pierreux, battu du vent, parfumé de maigre lavande et d’oeillets sauvages où, dans un trou d’eau qui suintait, les gamins allaient tendre des gluaux aux queues-rousses et aux merles de ruche, il y avait un enclos blanc planté de croix noires, avec un fossoyeur, – ancien soldat de la grande armée que la rumeur publique accusait de nourrir ses lapins de l’herbe des tombes, – creusant tout le long du jour une éternelle fosse. Un grand tilleul faisait ombre au milieu ; et quand il avait défleuri, nous en mangions les graines molles et douces que nous appelions le pain des morts.
Nous rêvions aux morts – à cause de ce pain –, une existence de sous terre non pas effrayante précisément, mais vague, paresseuse et mystérieuse.
Quelquefois les cloches sonnaient à l’église. Alors on disait dans la ville :
« Le vieux Catignan a trépassé, la vieille Ravousso a rendu l’âme. »
Ou racontait les circonstances. Son testament signé, le vieux Catignan avait beaucoup remercié le notaire ainsi que les messieurs venus comme témoins ; et puis, pour montrer son usage du monde, il avait soupiré, croyant citer du latin :
« Siou mor, mortus ! Siou mor, mortus ! » et il était mort ...
Quant à la Ravousse, elle gardait, paraît-il, dans sa table fermée, une robe de drap toute neuve que son fils lui avait envoyée de Marseille et qu’elle n’avait jamais osé porter, la trouvant trop belle pour une simple paysanne. Mais pendant sa maladie les voisines l’avaient tant priée et suppliée qu’elle avait consenti à ce qu’on la lui mît lorsqu’elle serait morte. Et la brave femme répétait encore en riant, une minute avant d’expirer :
« C’est là-haut qu’on va être étonné ; personne ne me reconnaîtra plus; ici les gens m’appelaient la Ravousse, le bon Dieu me dira : Madame Ravous. »
Les plus hardis allaient voir Catignan et la Ravousse exposés devant leur porte (la coutume en durait encore !), sévères et raides avec leurs plus beaux habits, entre les cierges, dans la caisse ouverte que veillaient deux pénitents blancs en cagoule. Mais cela ne nous impressionnait guère. Carignan et la Ravousse étaient des vieux ! Pourquoi étaient-ils des vieux ? c’est-à-dire des êtres maussades et lents, ne riant pas, ne criant pas, enfin d’une autre espèce que nous ; et, par un sentiment d’égoïsme naïf et féroce, on trouvait juste, naturel, amusant presque que la Mort vînt prendre les vieux. Bien entendu, on ne prévoyait pas le cas où grand-père, grand-mère seraient morts. L’enfant a peu d’idées générales ; et puis, pour chacun de nous, grand-père et grand-mère n’étaient pas des vieux comme les autres : c’était grand-père et c’était grand-mère.
Mais personne n’échappe au Destin ! Je devais bientôt connaître à mon tour et avant mon tour l’amertume des séparations douloureuses.
J’arrivais alors sur mes huit ans et j’avais une camarade de mon âge que j’aimais d’une affection enfantine. Des cheveux d’or, des yeux bleu clair, genre de beauté rare chez nous où les filles brûlées et brunes ont longtemps l’air de garçonnets. On l’appelait indifféremment Ninette, Nine ou bien Domnine du nom de son patron Domnin qui est un grand saint dans le pays.
Quand, galopinant dans les bas quartiers, après la classe, nous passions sous la voûte sombre où débouche un antique égout, et que la bande prenait sa course en criant : « Homme à la barrette rouge, attrape le dernier ! » je prenais la main de Domnine, et, pour la faire mieux courir, je restais souvent le dernier, bien que j’eusse grand-peur de la Barrette rouge.
L’été, on nous laissait aller ensemble hors des remparts de la ville jusqu’à la lisière des champs, ce qui nous semblait être très loin.
L’hiver, il m’arrivait de lui donner une aile de raisin pendu, des sorbes mûries sur la paille, et même de mon sucre pour mettre dans son pain de noix.
Un jour Domnine ne vint plus chanter dans nos rondes les chansons qu’elle chantait si bien : « Garde les abeilles, Jeannette, garde les abeilles au pré ! » ni celle du pont de Marseille sur lequel « il pleut et soleille ». Et quand il pleuvait et soleillait, quand, dans un ciel nuageux troué de bleues éclaircies, le diable battait sa femme, Domnine n’était plus avec nous pour répéter en choeur l’incantation irrésistible qui force le Dieu à se montrer : « Viens vite, soleil, beau soleil, je te donnerai un rayon de miel ! »
Mon amie Domnine était au lit. Un matin, assis sur le banc de pierre de sa porte, je vis le médecin descendre et je l’entendis qui disait :
« C’est fini, la petite ne passera pas la nuit. »
Je compris alors vaguement qu’il m’arrivait un grand malheur. Triste et fiévreux, on me crut malade, et, me dispensant de l’école, on me confia à Peu-Parle, un paysan qui faisait aller le petit bien de la famille, et devait cette après-midi relever les sarments de notre vigne de Toutes-Bises. C’était là mon remède ordinaire, et rarement mes maladies avaient résisté à quelques heures de promenade à la vigne en compagnie de cet homme sentencieux et réfléchi qui savait le nom des plantes, la place des astres, reconnaissait les oiseaux à leur chant et me paraissait un peu sorcier.
Le plus souvent je voulais l’aider ; mais cette fois je préférai rester tout seul, assis à l’écart, près de la source.
La travail fut long : il s’agissait, sans éborgner les jeunes pousses, de descendre les fagots de l’année d’avant, épars entre les souches, jusqu’au bas des allées où broutait l’âne. De temps en temps, Peu-Parle me criait :
« T’ennuies-tu, petit ? ... Si tu as faim, cueille une figue. »
Mais je n’avais pas faim et ne m’ennuyais pas : le coeur un peu gros, je pensais à Domnine.
« Il faut pourtant achever aujourd’hui, nous nous en irons avec la lune ! »
Lorsque Peu-Parle eut achevé, lorsqu’il eut lié la charge de l’âne, il profita d’un reste de jour pour faire un feu de brindilles entre trois pierres et préparer une omelette d’oeufs dénichés au poulailler et de fines herbes que nous cueillîmes. Puis on s’installa par terre sous la treille, qui, entre ses ceps tortus pareils à de grands serpents noirs, laissait passer le regard des premières étoiles. La nuit était venue, et Peu-Parle n’avait pas apporté de lanterne, ne croyant pas rester si tard.
Peu-Parle, sans perdre un morceau, raisonnait des choses de la terre, et blâmait mon père sévèrement de conserver deux amandiers poussés au hasard dans sa vigne.
« Le soleil crée le vin, et la vigne ne veut que l’ombre de l’homme ! »
Moi je ne mangeais pas, je ne comprenais guère; à mon chagrin s’ajoutait la mélancolie de ce long dîner dans le noir.
Mais bientôt, dépassant la crête d’une roche, la lune apparut dans son plein, et jeta sous la treille une blanche nappe de lumière où l’ombre des feuilles se découpait. Comme si la terre se fût éveillée, de chaque arbre, de chaque caillou, un bruit s’éleva ; les rainettes et les grillons entamèrent leur symphonie, et, avec ses mille voix confuses, le choeur des beaux soirs commença.
Peu-Parle s’était tu. Tout à coup, levant le doigt :
« Chut, écoute ! »
Juste au-dessus de nous vibrait solitaire un chant de cigales, un chant qui était aussi un cri : étrange, comme immatériel.
« Ça, fit Peu-Parle, c’est une cigale qui meurt. »
Et gravement il ajouta :
« Le soleil fait chanter les cigales, mais, avant de mourir, elles chantent une dernière fois au clair de lune, parce que la lune c’est le soleil des morts. »
À cette idée de mort, j’éclatai en sanglots.
« Il faut être fou, un grand garçon, de pleurer pour une cigale ! »
Et, me soulevant dans ses mains rudes :
« Regarde bien, elle doit être làsous le gros noeud, collée à l’écorce »
Elle était là, en effet; je voyais ses ailes transparentes et son corselet brun poudré d’or.
« Tu peux la prendre, elle ne bouge plus. »
Je la tenais entre mes doigts, immobile déjà et si légère ! Je pensais à Domnine. Je disais : « Voilà donc la mort ? » Et pendant longtemps, consolé, je m’imaginai, ne trouvant plus à cela rien d’effrayant ni rien de bien triste, que l’on devait mourir ainsi, un soir de clair de lune, en chantant, comme les cigales !
Paul ARÈNE (1843-1896)
Sept frères vivant seuls dans les Plaines du Nord passaient leur existence à rechercher leurs parents. Toujours en déplacement, ils devaient continuellement trouver de la nourriture et un nouvel abri pour dormir. Fatigué d'une telle vie misérable, le plus jeune d'entre eux, qui jouait avec une toile d'araignée, dit : « Pourquoi ne pas nous transformer en quelque chose d'autre? Nous pourrions être plus heureux ainsi. »
« C'est une bonne idée, mais en quoi devrions-nous nous changer ? », se dirent-ils.
« Pourquoi ne pas se transformer en rochers ? », dit l'un d'eux. « Ne sois pas stupide », dit un autre. « Les rochers peuvent se briser. »
« Les arbres ne se brisent pas, ils plient avec le vent » ajouta un des frères. « Même les grands arbres sont emportés par le vent et les tempêtes », rétorqua un autre.
L'après-midi s'écoula ainsi sans que les sept frères ne retiennent une solution, puis la nuit s'installa.
« Pourquoi ne pas prendre la forme de la nuit ? La nuit n'est jamais détruite ! », dit un des frères. « La nuit a peur de la lumière et fuit lorsque le jour arrive », dit un autre.
« Alors pourquoi ne pas se transformer en étoiles ? », dit le plus sage des frères. « Elles habitent le ciel et ne meurent jamais. »
Les sept frères trouvèrent qu'il s'agissait là de la meilleure idée. Le plus jeune des frères disposa alors chacun de ses frères dans le ciel à l'aide de la toile d'araignée. Il en plaça trois à sa droite et trois à sa gauche, puis il prit place au milieu. Ils y sont tous encore aujourd'hui.
LA LEGENDE DE L' HOMME A LA CERVELLE D'OR
« Malgré ses airs de conte fantastique, cette légende est vraie d’un bout à l’autre … »
écrit Alphonse Daudet dans la Légende de l’homme à la cervelle d’or.
En lisant votre lettre, madame, j'ai eu comme un remords. Je m'en suis voulu de la couleur un peu trop demi-deuil de mes historiettes, et je m'étais promis de vous offrir aujourd'hui quelque chose de joyeux, de follement joyeux.
Pourquoi serais-je triste, après tout ? Je vis à mille lieues des brouillards parisiens, sur une colline lumineuse, dans le pays des tambourins et du vin muscat. Autour de chez moi tout n'est que soleil et musique ; j'ai des orchestres de culs-blancs, des orphéons de mésanges ; le matin, les courlis qui font : « Coureli ! coureli ! », à midi, les cigales ; puis les pâtres qui jouent du fifre, et les belles filles brunes qu'on entend rire dans les vignes ...
En vérité, l'endroit est mal choisi pour broyer du noir ; je devrais plutôt expédier aux dames des poèmes couleur de rose et des pleins paniers de contes galants.
Eh bien, non ! je suis encore trop près de Paris. Tous les jours, jusque dans mes pins, il m'envoie les éclaboussures de ses tristesses ... À l'heure même où j'écris ces lignes, je viens d'apprendre la mort misérable du pauvre Charles Barbara ; et mon moulin en est tout en deuil.
Adieu les courlis et les cigales ! Je n'ai plus le coeur à rien de gai ... Voilà pourquoi, madame, au lieu du joli conte badin que je m'étais promis de vous faire, vous n'aurez encore aujourd'hui qu'une légende mélancolique.
" Il était une fois un homme qui avait une cervelle d'or ; oui, madame, une cervelle toute en or. Lorsqu'il vint au monde, les médecins pensaient que cet enfant ne vivrait pas, tant sa tête était lourde et son crâne démesuré. Il vécut cependant et grandit au soleil comme un beau plant d'olivier ; seulement sa grosse tête l'entraînait toujours, et c'était pitié de le voir se cogner à tous les meubles en marchant ... Il tombait souvent.
Un jour, il roula du haut d'un perron et vint donner du front contre un degré de marbre, où son crâne sonna comme un lingot. On le crut mort, mais en le relevant, on ne lui trouva qu'une légère blessure, avec deux ou trois gouttelettes d'or caillées dans ses cheveux blonds.
C'est ainsi que les parents apprirent que l'enfant avait une cervelle en or.
La chose fut tenue secrète ; le pauvre petit lui-même ne se douta de rien. De temps en temps, il demandait pourquoi on ne le laissait plus courir devant la porte avec les garçonnets de la rue.
- On vous volerait, mon beau trésor ! lui répondait sa mère ...
Alors le petit avait grand-peur d'être volé ; il retournait jouer tout seul, sans rien dire, et se trimbalait lourdement d'une salle à l'autre ...
À dix-huit ans seulement, ses parents lui révélèrent le don monstrueux qu'il tenait du destin ; et comme ils l'avaient élevé et nourri jusque-là, ils lui demandèrent en retour un peu de son or. L'enfant n'hésita pas ; sur l'heure même - comment ? par quels moyens ? la légende ne l'a pas dit - il s'arracha du crâne un morceau d'or massif, un morceau gros comme une noix, qu'il jeta fièrement sur les genoux de sa mère ... Puis, tout ébloui des richesses qu'il portait dans la tête, fou de désirs, ivre de sa puissance, il quitta la maison paternelle et s'en alla par le monde en gaspillant son trésor.
Du train dont il menait sa vie, royalement, et semant l'or sans compter, on aurait dit que sa cervelle était inépuisable ... Elle s'épuisait cependant, et à mesure on pouvait voir les yeux s'éteindre, la joue devenir plus creuse. Un jour enfin, au matin d'une débauche folle, le malheureux, resté seul parmi les débris du festin et les lustres qui pâlissaient, s'épouvanta de l'énorme brèche qu'il avait déjà faite à son lingot : il était temps de s'arrêter.
Dès lors, ce fut une existence nouvelle. L'homme à la cervelle d'or s'en alla vivre, à l'écart, du travail de ses mains, soupçonneux et craintif comme un avare, fuyant les tentations, tâchant d'oublier lui-même ces fatales richesses auxquelles il ne voulait plus toucher ... Par malheur un ami l'avait suivi dans sa solitude, et cet ami connaissait son secret.
Une nuit, le pauvre homme fut réveillé en sursaut par une douleur à la tête, une effroyable douleur ; il se dressa éperdu, et vit, dans un rayon de lune, l'ami qui fuyait en cachant quelque chose sous son manteau ... Encore un peu de cervelle qu'on lui emportait !
À quelque temps de là, l'homme à la cervelle d'or devint amoureux, et cette fois tout fut fini ... Il aimait du meilleur de son âme une petite femme blonde, qui l'aimait bien aussi, mais qui préférait encore les pompons, les plumes blanches et les jolis glands mordorés battant le long des bottines.
Entre les mains de cette mignonne créature - moitié oiseau, moitié poupée - les piécettes d'or fondaient que c'était un plaisir. Elle avait tous les caprices; et lui ne savait jamais dire non ; même, de peur de la peiner il lui cacha jusqu'au bout le triste secret de sa fortune.
- Nous sommes donc bien riches ? disait-elle.
Le pauvre homme lui répondait :
- Oh ! oui ... bien riches !
Et il souriait avec amour au petit oiseau bleu qui lui mangeait le crâne innocemment. Quelquefois cependant la peur le prenait, il avait des envies d'être avare ; mais alors la petite femme venait vers lui en sautillant, et lui disait :
- Mon mari, qui êtes si riche! achetez-moi quelque chose de bien cher ...
Et il lui achetait quelque chose de bien cher.
Cela dura ainsi pendant deux ans ; puis, un matin, la petite femme mourut, sans qu'on sût pourquoi, comme un oiseau ... Le trésor touchait à sa fin ; avec ce qui lui restait, le veuf fit faire à sa chère morte un bel enterrement.
Cloches à toute volée, lourds carrosses tendus de noir chevaux empanachés, larmes d'argent dans le velours, rien ne lui parut trop beau. Que lui importait son or maintenant ? Il en donna pour l'église, pour les porteurs, pour les revendeuses d'immortelles : il en donna partout sans marchandises ... Aussi, en sortant du cimetière, il ne lui restait presque plus rien de cette cervelle merveilleuse, à peine quelques parcelles aux parois du crâne.
Alors on le vit s'en aller dans les rues, l'air égaré, les mains en avant, trébuchant comme un homme ivre. Le soir, à l'heure où les bazars s'illuminent, il s'arrêta devant une large vitrine dans laquelle tout un fouillis d'étoiles et de parures reluisait aux lumières, et resta là longtemps à regarder deux bottines de satin bleu bordées de duvet de cygne.
« Je sais quelqu'un à qui ces bottines feraient bien plaisir »,
se disait-il en souriant ; et, ne se souvenant déjà plus que la petite femme était morte, il entra pour les acheter. Du fond de son arrière-boutique, la marchande entendit un grand cri ; elle accourut et recula de peur en voyant un homme debout, qui s'accotait au comptoir et il regardait douloureusement d'un air hébété. Il tenait d'une main les bottines bleues à bordure de cygne, et présentait l'autre main toute sanglante, avec des raclures d'or au bout des ongles ".
Telle est, madame, la légende de l'homme à la cervelle d'or.
Malgré ses airs de conte fantastique, cette légende est vraie d'un bout à l'autre ... Il y a par le monde de pauvres gens qui sont condamnés à vivre avec leur cerveau, et payent en bel or fin, avec leur moelle et leur substance, les moindres choses de la vie. C’est pour eux une douleur de chaque jour ; et puis, quand ils sont las de souffrir …
(Alphonse Daudet)
La légende des amandiers en fleurs ... |
Dans les temps anciens, lors de la présence arabo-musulmane dans la Péninsule Ibérique … dans le petit Royaume de Chelb (Silves) au sud du Portugal, dans le Gharb (Algarve), un Prince Charmant du nom d’Ismaël Ben Abdallah Ibn Al Mundim qui dirigeait la Principauté d’Al ‘Uliya, (Loulé) avec une sagesse rare. On disait partout de lui qu’il était un cavalier émérite, un guerrier courageux, un prince généreux, un homme raffiné, un esprit fécond, un juge équitable et un Musulman persuadé que la justification de sa présence en cette partie du monde était de remettre à l’Europe une proposition de civilisation universelle, une invitation au partage et au progrès. Au plan politique il passa des alliances avec tous ses voisins qui voyaient en lui un leader régional, ce qui eut pour conséquence la prospérité de son territoire. La situation exceptionnelle d’Al’ Uliya (Loulé) lui redonna le rôle que Phéniciens et Carthaginois lui avaient déjà attribué, celui de réseau d’abris maritimes et de comptoirs commerciaux, autrement dit de foyers de sécurité et de richesse.
Un jour, le Prince Ismaël reçut une délégation officielle de Vikings venus conclure avec lui un accord pour utiliser ses ports lors de leurs courses dans cette partie de l’Océan. Comme cela se pratiquait à l’époque, ils arrivèrent avec toutes sortes de cadeaux provenant tant de leur pays d’origine que d’autres contrées ’’visitées’’ çà et là, à travers le monde. Parmi les présents offerts, le prince fut étonné de trouver une très jolie jeune femme, dont on lui dit qu’elle était une princesse nordique, fille d’un Roi récalcitrant récemment ‘’puni’’ et dont le palais avait été mis à sac.
La Princesse, du nom de Gilda, c’est-à-dire ’’servante de Dieu’’, magnifique blonde aux yeux bleus, à la beauté rare, que l’on nomma partout ‘’La beauté du Nord’’, était calme et docile. Elle entra dans le Harem du Prince mais fut très rapidement séduite par le raffinement des manières de son ’’maître’’ dont le patronyme signifie aussi ’’serviteur de Dieu’’. De son coté, lui non plus ne cacha bientôt plus son immense intérêt pour elle. Il finit par en faire son épouse et ce lien se transformait en amour immense, à mesure que le temps passait.
Hélas, malgré son bonheur, la Princesse fut peu à peu prise de langueur et elle passait le plus clair de son temps à se morfondre à sa fenêtre, noyant son regard bleu d’une infinie tristesse, dans le paysage ou pourtant tout n’était que couleurs et beautés. Mille fois, le Prince l’interrogea pour savoir ce qui la rongeait et mille fois, il ne reçut qu’un soupir triste, accompagné d’un aveu d’ignorance, en guise de réponse.
La Princesse Gilda commença même à dépérir et le Prince, affolé, entreprit alors l’appel à son chevet des plus grands médecins de l’Andalousie, les plus compétents et réputés à travers le monde d’alors. Chacun d’eux, considérant la richesse affective dont bénéficiait la Princesse, avouait ne pas comprendre. Et c’est un vieux mage d’une grande sagesse, amené d’une contrée lointaine qui découvrit le mal de la Princesse :
L’homme de la science médicale fit son rapport au Prince et lui apprit que sa princière épouse était atteinte de ’’mélancolie’’, laquelle était due à l’éloignement de sa terre d’origine, de son climat d’origine, par trop différent de celui du Portugal et d’un élément fondamental des terres de son origine, la neige : la Princesse ne se faisait nullement à l’absence de neige dans la Principauté de Loulé !
Le Prince en fut grandement peiné. Il s’isola, devint irascible, inaccessible et de très méchante humeur. Lassé de faire des allées et venues vers les appartements de son épouse bien aimée, il décida d’aller cavaler dans la forêt de Monchique, là-haut dans la montagne, pour en respirer l’air pur et se baigner dans ses eaux thermales. Il enfourcha Badii, son cheval à la légendaire beauté et, piquant des deux, il partit, sans escorte ni compagnie vers les hauteurs. L’air de février cinglait son visage d’une vigoureuse fraicheur et ses yeux laissaient échapper des larmes … de circonstance. Longtemps après, il mit son cheval au pas et laissa errer son esprit par ces monts et ces vaux … cherchant désespérément comment rendre le sourire et la bonne humeur à sa blonde et belle Princesse du Nord.
Un instant après, il se surprit à sourire en regardant un arbuste au sommet duquel bourgeonnaient de petites fleurs blanches complètement inconscientes du mal que le froid pouvait leur faire, étourdies par leur propre beauté. Elles venaient là, être belles un temps bien court et disparaître. Comme des cristaux de neige … La seule évocation de ce mot le fit sourire, son visage s’illumina et aussitôt il tira sur les rennes et revint au triple galop vers Loulé …
Il convoqua son diwan, ses ministres et ses agronomes auxquels il donna des consignes claires, alternant les plus précises menaces et les sourires les plus prometteurs. Son regard était enfiévré et il sut communiquer à tous la passion pour son mystérieux projet, menaçant du pire qui oserait en révéler la consistance.
S’ensuivirent 3 années de grands travaux en Al Gharb (Algarve). Le Prince Ismaël, lui, partageait son temps entre le chevet de sa Belle Gilda et les chantiers de ses mystérieux travaux. La mélancolie de ne s’améliorait guère mais la Princesse la supportait pour reconnaître les incessants efforts, les innombrables preuves d’amour que ne cessait de lui témoigner son époux princier.
Puis enfin, trois années après, un matin de février, le Prince Ismaël, tout excité, entra au lever du soleil dans la chambre de son épouse et la réveilla de cents caresses délicates en l’invitant à s’éveiller pour recevoir un cadeau. Elle crut qu’il s’agissait d’un énième bijou, de quelque autre brocard, d’une visite amicale … Mais il n’en était rien. Il l’aida à s’asseoir, puis à se lever et recouvrir ses épaules d’une fine pelisse. Il lui prit la main et la conduisit jusqu’à le fenêtre qu’il ouvrit comme une scène de théâtre. Et là ! …
Le paysage entier était recouvert de "neige" !!! Elle en resta bouche bée, écarquillant les yeux, s’agrippant à lui pour s’assurer qu’elle ne rêvait pas et susurrant : Ô mon Dieu, Ô mon Amour, Ô mon Prince, Merci, Merci, Merci, souriant sans cesse et se serrant contre le Prince de plus en plus fort …
Le Prince Arabe, fou d’amour, avait fait planter toute la vallée d’amandiers qui commençaient ce jour précis leur faramineuse floraison ! …
La fée aux yeux bleus !
Les histoires fabuleuses qui nous touchent se perpétuent tout naturellement de bouche à oreilles.
La légende de Lavandula revêt évidemment un caractère particulier pour les gens de Bleu Lavande.
Une fée aux cheveux blonds et aux yeux bleus, prénommée Lavandula, aurait vu le jour au milieu des lavandes sauvages de la montagne de Lure. Les années passèrent et l’envie lui vint un jour de s’installer.
Ne sachant pas où elle se voyait domiciliée, elle décida de feuilleter son cahier de paysages pour faire un choix éclairé :
Son survol s’arrêta brusquement sur la page présentant les terres incultes de la Provence.
Bouleversée par la tristesse du panorama,la fée se mit à pleurer.
En tombant sur le livre, ses larmes de couleur lavande tachèrent la page de bleu.
Dans l’espoir de réparer sa maladresse, Lavandula tenta en vain de sécher ses yeux bleus et d’essuyer la page, mais l’effet contraire se produisit. Les gouttelettes se répandirent sur le paysage de la Provence.
Désespérée, la fée traça un grand pan de ciel bleu au-dessus du sol taché pour dissimuler son erreur.
C’est depuis ce jour que la lavande pousserait allégrement sur les terres de la Provence et que les jeunes blondes de la région auraient dans les yeux une étincelle bleu lavande, surtout devant le spectacle qu’offre le ciel bleuté tombant sur les champs de lavande en fin de journée.
Il y a fort à parier que la jolie Lavandula a un jour versé quelques larmes sur une représentation des terres du domaine Bleu Lavande, car depuis quelques années, ils ont pris la couleur de ses yeux …