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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour :
08.02.2013
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L'ardoise est une roche métamorphique qui s'est formée dans de faibles conditions de pression et de température. Elle appartient à la famille des schistes dont elle se distingue par la qualité de son grain, très fin, et sa fissilité. Ces propriétés font qu'on peut l'utiliser comme matériau de couverture. L'ardoise est résistante et sa couleur peut varier du blanc au noir, en passant par toutes sortes de gris, de rouges sombres et de verts. L'ardoise peut être droite (rectangulaire) ou en forme d'écaille. Son épaisseur varie de 3 mm à 9 mm. Entre 20 mm et 40 mm, il s'agit de lauze, autre schiste plus massif et moins plissé. La pose à l'ancienne est la pose au clou, fin XIXe siècle apparaît la pose sur crochet (l'ardoise est simplement appuyée en pied).
Ardoises anciennes en schiste pourpre provenant de la même toiture (22x31 cm pour la grande)
Déchets d'ardoise à Fumay, Ardennes
Quelques repères historiques
Anjou
Aux XVIIIe et XIXesiècles, les principaux centres de production de l'ardoise se situent en Anjou. Les mines ardoisières se développent à Angers, Combrée, La Pouëze, Noyant-la-Gravoyère, Saint-Barthélemy-d’Anjou, Trélazé, et Renazé en Mayenne angevine. On compte près de 2000 ouvriers qui font vivre plus de 6 000 personnes. Au fil des siècles, Trélazé s’affirme comme le centre le plus important, pour la quantité comme pour la qualité. Le gisement angevin fournit l’essentiel de la production française. Le maximum est atteint en 1905 avec 175 000 tonnes
Ardennes
Autrefois, le département des Ardennes possédait également d'importantes exploitations (Fumay, Haybes, Rimogne, ...) qui ont toutes cessé leur activité à la fin du XXe siècle (1971).
Autres régions
On trouve aussi des bassins ardoisiers en Bretagne (ardoisières de Maël-Carhaix), en Corrèze (Allassac et Travassac), dans les Alpes et dans les Pyrénées.
Actuellement, le gisement le plus important en France se situe sur le territoire de la ville de Trélazé jouxtant Angers, en Maine-et-Loire. On y produit entre 15 et 20 000 tonnes d'ardoise par an au sein de deux exploitations souterraines.
Quelques données géochimiques sur l'ardoisière angevine
Composition chimique moyenne de l'ardoise angevine (d'après Marty) :
Silice 50 %, Alumine 30,1 %, Oxyde de Fer 8 %, Magnésie 2,3 %, Potasse 3 %, Soude 1,3 %, Eau 3,3 % et Divers 2 %
L'ardoise angevine s'est formée il y a 460 million d'années, à l'ordovicien et est issue de la transformation d'argiles océaniques compactées, peu à peu métamorphisées en schiste très pur: c'est l'ardoise que nous connaissons.
Extraction et fabrication
L'extraction peut s'effectuer à ciel ouvert ou bien de manière souterraine. Certaines régions, Corrèze et Anjou, ont vu les deux techniques co-exister. Dans d'autres, comme dans les Ardennes, la Savoie, elle est ou fut exclusivement souterraine. Le principal facteur qui conditionne le mode d'extraction repose sur le pendage de la veine.
Ensuite, les blocs sont découpés en blocs proches des formats d'ardoises à fabriquer étape au cours de laquelle le fendeur veille à placer le longrain, qui correspond à la direction selon laquelle la roche a été plissée, dans le sens de la longueur de la future ardoise. Ensuite, vient l'étape du fendage qui consiste à diviser le bloc dans son épaisseur, en désolidarisant les feuillets de la roche. La dernière étape, la taille, consiste à donner à l'ardoise sa forme définitive.
Gisements ardoisiers en Amérique du Nord
À Saint-Marc-du-Lac-Long, au Québec, se trouve la plus importante ardoisière exploitée en Amérique du Nord, à ciel ouvert, comparable aux exploitations françaises.
Utilisation
L'ardoise constitue le matériau employé pour la couverture des bâtiments (on parle alors d'ardoises). Les régions traditionnelles de production sont aussi les régions où ce type de couverture est privilégié : il s'agit par exemple, en France du Maine-et-Loire et des Ardennes ainsi qu'en altitude dans les Pyrénées.
En règle générale, l'ardoise est aujourd'hui moins utilisée, du fait de l'apparition de matériaux de constructions synthétiques moins onéreux, dont certains imitant l'ardoise (et contenant de l'amiante parfois).
L'ardoise fut aussi largement utilisée sous forme de plaque mince en tant que support d'écriture effaçable.
Ardoise à écrire (vers 1950)
Durée de vie
La durée de vie d'une ardoise est de 70 ans à 300 ans. La qualité du gisement, le type d'extraction (machine ou main) et bien sûr l'épaisseur, le type de pose (sur crochet ou cloutée), le pureau, ont une incidence sur cette durée. Il n'y a pratiquement pas d'entretien (démoussage) sur les ardoises. Pour les plus fiables, il faudra changer le support avant l'ardoise (changement de volige ou même de charpente). C'est pour cela qu'il y a un marché d'occasion pour les ardoises, et que les monuments historiques (leurs architectes et artisans spécialisés) préconisent en rénovation des ardoises à longue durée de vie.
Les ardoises de mauvaise qualité sont sujettes à la rouille. Ce défaut provient de la présence de minerai de fer (la forme la plus connue est celle de la pyrite, mais on rencontre également des grenats, de la magnétite) contenu dans certaines veines du gisement ou dispersée. C'est donc après l'extraction que les lots défectueux peuvent être mis de côté systématiquement par un test à l'acide. Le traitement des ardoises sur le toit est possible avec le passage d'un produit chimique (réaction acide-base)
Toits en ardoise, Loches, France
L'ardoise autrement
L'ardoise ne se contente plus de couvrir les toits, elle sert à l'extérieur en dallage, mais aussi à l'intérieur comme plan de travail en cuisine ou salle de bains. L'ardoise se sculpte ou se grave. Des plaques commémoratives, ou funéraires, des plaques de rues ou décoratives sont réalisées par des artisans.
Les ardoises peuvent aussi servir de parement protecteur (Gare de Wuppertal).
Importance économique
Selon les enquètes de l'UNICEM, en 2005, le chiffre d'affaire global des producteurs français est de 41 147 000 euros dont 20 383 000 euros à l'exportation, dans 39 entreprises ou sections d'entreprises.
Musées
Les communes suivantes abritent chacune musée de l’ardoise et à son exploitation locale :
Musée de l’ardoise de Trélazé dans le département du Maine-et-Loire et la région des Pays de la Loire ;
la Mine Bleue à Noyant-la-Gravoyère dans le Maine-et-Loire ;
Musée de l'ardoise de Renazé dans la Mayenne angevine ;
Souterroscope à Caumont-l'Éventé dans le Calvados en Normandie ;
Musée de l'ardoise à Haut-Martelange au Luxembourg ;
Centre de l'interprétation de l'ardoise à Mont-Saint-Hilaire au Québec ;
« Au cœur de l'ardoise » à Bertrix en Belgique
Divers
« Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine » : extrait du poème publié en 1558 Heureux qui comme Ulysse, de Joachim du Bellay.
Une gravure sur l'extraction de l'ardoise apparaît dans l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, à la moitié du XVIIIe siècle.
Dans la fabrication des billards, la table comprend une (ou plusieurs) plaque en ardoise assemblée sur un châssis métallique. Cette ardoise est rectifiée, opération de précision qui ajuste au 20e de millimètre le plan (gage de qualité du billard). Aucun autre matériau n'a pu remplacer à ce jour l'ardoise pour la qualité du roulement. La densité et l'effet de masse évite les déformations de la table dans le temps.
Ardoise est une couleur gris très foncé, allant du gris neutre au gris bleuté.
On dit aussi gris ardoise ou bleu ardoise.