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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour :
08.02.2013
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La domestication des animaux constitue une étape cruciale dans l’évolution de l’homme. Avec leur domestication, les animaux vont fournir à la civilisation humaine l’occasion de se développer.
Cette domestication a bouleversé l’évolution de nombreuses espèces animales. L’homme, curieux et avide d’expériences, a tenté des domestications très insolites. De nombreuses tentatives ont d’ailleurs été abandonnées.
D’où vient le terme « domestiquer » ?
Dans les langues sémitiques anciennes, on ne le trouve pas en référence aux animaux. Les animaux sont qualifiés tantôt de « familiers », tantôt de « soumis ». Dans les langues indo-européennes anciennes, le bétail est désigné par le terme « peku » qui signifie aussi « richesse », d’où le nom latin « pecunia ».
Quant à l’adjectif français « domestique » appliqué aux animaux, du latin « domesticus » qui veut dire littéralement « de la maison », il n’apparaît qu’au 14e siècle.
Les premières domestications
La domestication réelle a suivi de peu l’agriculture. Le terme domestication est utilisée à partir du moment où il s’agit d’un groupe d’animaux qui sont contrôlés et croisés. La sélection a alors pour objectif d’obtenir une race adaptée à l’élevage.
Dès la fin du Paléolithique, vers 12 000 ans avant notre ère, l’homme préhistorique domestique le loup.
Cette domestication a précédé de plusieurs milliers d’années les domestications des autres animaux.
Canis lupus est apparu vers 2 millions d’années avant notre ère. Des ossements de loups ont été retrouvés sur des sites humains en Europe, datés de – 700 000 ans. Loups et hommes partagent alors le même territoire.
La découverte en Ukraine, sur un site de – 20 000 ans, d’une quantité importante d’ossements de loups, laisse penser que la fourrure était utilisée pour la confection de vêtements.
Pourquoi l’homme a-t-il domestiqué le loup ?
En fait, nul ne le sait vraiment. On pense que la proximité a simplement favorisé les contacts. Peut-être l’homme a-t-il observé les techniques de chasse du loup ? Peut-être également a-t-il recueilli des petits devenus orphelins ? Les louveteaux ont pu être alors élevé, voire même allaité par les femmes.
Loup gris
Le loup est ensuite devenu un auxiliaire de chasse. Avec le temps, nos ancêtres ont opéré une sélection sur les individus domestiqués. De reproduction en reproduction, le loup a peu à peu perdu certaines de ses facultés sauvages pour évoluer vers le chien.
Domestication du cheval
Depuis le Paléolithique, les chevaux sauvages ont été chassés pour la viande. En 2009, des paléontologues ont retrouvé sur des campements de la culture Botal (IVe millénaire avant notre ère), au Kazakhstan, des prémolaires chevalines portant les traces du mors, ainsi que de straces de lait de jument sur des restes de poteries. Cela démontre que la domestication du cheval remonte bien à au moins 5 500 ans.
L’allaitement des animaux sauvages
L’allaitement d’animaux par les femmes n’a rien d’exceptionnel. Dans certaines régions de Sibérie, en Amazonie, en Tasmanie ou en Afrique, il est encore fréquent de voir des femmes allaiter des animaux.
Elles nourrissent ainsi des chiots, des gorets, des singes ou des faons.
En France, au 19e siècle, les chiots tétaient les femmes pour les soulager d’une trop grande production de lait ou au contraire pour faciliter la montée de lait.
On peut donc en déduire que la première étape de domestication du loup au Paléolithique a été l’apprivoisement du louveteau dès ses premières semaines de vie.
Le contact physique est un moyen efficace de domestication. Il est toujours suivi de l’attachement de l’animal pour l’homme.
Le seul animal à la vie artificielle
Aucune espèce animale ne peut-être considérée comme définitivement domestiquée. Chaque année des centaines de chiens sont abandonnés sur la route des vacances. De nombreux chiens se regroupent en meutes et redeviennent sauvages. Les médias n’en parlent jamais. Mais, le résultat de tous ces abandons par des gens totalement irresponsables, c’est plusieurs milliers de brebis attaquées chaque année.
Un seul animal possède une existence totalement artificielle : le Bombyx du mûrier dont on utilise la soie.
Bombyx du mûrier. image Alberto..
Les œufs n’éclosent qu’à une certaine température ; la larve se nourrit des feuilles de mûrier que l’homme lui fournit ; le papillon ne vit que quelques heures pour se reproduire.
Si un jour, l’homme ne s’intéresse plus à l’exploitation de la soie naturelle, cette espèce disparaîtra aussitôt.
L’origine de nos animaux domestiques
En fait, l’homme du Néolithique n’a pas eu à l’origine de motifs pour domestiquer les animaux.
On peut dire que l’utilité de certains animaux n’est apparue qu’une fois la domestication réalisée.
Par exemple, le mouton est utilisé depuis longtemps pour sa laine. Mais, le mouton est issu du mouflon qui ne possède pas de laine.
Mouflon . image Mape s . Licence
Les chèvres et les moutons ont été les premiers à être domestiqués par l’homme du Néolithique.
La pratique de l’élevage est s’est étendue à partir du Proche-Orient. Les caprinés (bouquetins, mouflons, chamois …) ne nécessitent que peu d’entretien. Peu à peu, les produits de l’élevage ont été multiples : viande, lait, laines et fourrures.
La chèvre a été domestiquée vers 10 000 ans avant notre ère ; le mouton vers - 9 000 ans.
Le bœuf a été domestiqué dans plusieurs endroits dans le monde vers – 9 000 ans. Son ancêtre sauvage est l’aurochs (Bos primigenius). Le dernier spécimen est mort en 1627, en Pologne.
Animal mythique, l’aurochs est à l’origine des bœufs et taureaux européens actuels.
La chasse, le développement de la domestication et l’extension des terres agricoles ont peu à peu décimé l’aurochs.
Cet aurochs a été reconstitué génétiquement. Ce magnifique bovidé était autrefois répandu dans toute l'Eurasie. image Onkel-War/ Thomas Lieser t
La chèvre descend, elle, de Capra hircus, une espèce de chèvrète.
Le cochon est issu du sanglier sauvage. Datant de 20 000 à 15 000 ans, les peintures rupestres des grottes espagnoles d’Altamira attestent que le sanglier était une cible des chasseurs. Puis, sa domestication a aboutit à l’élevage du porc (Sus scrofa domesticus).
Sanglier d'Europe ou sanglier commun . image Mape s
Le cochon domestique est devenu « rose » au 18e siècle par sélection opérée sur des sujets atteints d’albinisme.
A l’origine, il était noir et velu.
Des domestications insolites
Au Ive millénaire avant notre ère, les Sumériens ont apprivoisé le guépard. Il l’a été plus tard en Egypte, en Chine, en Inde et en Perse. Il était utilisé pour la chasse du fait de sa docilité et de sa vitesse exceptionnelle avec des pointes à 110 km/h.
A la manière des fauconniers, les dresseurs aveuglaient le guépard à l’aide d’un capuchon, ne le libérant qu’à l’approche du gibier.
Guépard
Les Romains élevaient des biches pour les traire. Ils utilisaient également les couleuvres et les genettes pour se débarrasser des rongeurs.
Charles Martel qui repoussa les Maures à Poitiers en 732, fit la découverte de la Genette parmi le butin pris au vaincu. Immortalisant sa trouvaille, il créa peu après un « Ordre de la genette » pour récompenser ses meilleurs guerriers.
La genette est devenue un véritable animal de cour sous le règne de François Ier. Les chats marqueront plus tard le déclin de ce viverridé comme animal domestique.
Genette . image Birgitta Seegers
Les anciens égyptiens ont été les champions de la domestication insolite : oryx, ène, pélican, crocodile …
Les pêcheurs de la mer intérieure du Japon utilisaient la pieuvre comme auxiliaire pour récupérer les cargaisons englouties de porcelaine chinoise.
Ils harnachaient des pieuvres et les descendaient au bout d’une corde. Les pieuvres se logeaient dans un des vases, adhérant aux parois avec leurs ventouses. Il suffisait alors de tirer sur la corde pour remonter le tout.
Pieuvre. image Nick Hobgood
Les furets sont efficaces à la chasse aux lapins. L’utilisation de furets apprivoisés est mentionnée dans les récits du Romain Strabon aux environs du Ier siècle après notre ère.
Le jaguarondi était apprivoisé par les indigènes d’Amérique du Sud avant l’arrivée des espagnols. Tout comme notre chat domestique, ce félin servait à contrôler les populations de rongeurs.
Jaguarondi. image Keven Law
En Asie, les pêcheurs ont compris l’avantage qu’ils pouvaient tirer de la loutre. Depuis des siècles, les loutres sont dressées pour la pêche. Au Bangladesh notamment, les pêcheurs attachent des loutres au bout d’une corde ’elles leur rapportent du poisson.
Loutre d'Europe. image Mape s
Mais l’homme s’est également heurté à des échecs en tentant certaines domestications.
Les échecs de la domestication
Les espèces qui ont échappé au contrôle de l’homme sont appelées les animaux « marrons ». Ce terme provient de l’espagnol d’Amérique du Sud « cimarron » qui signifie « esclave nègre fugitif ».
Il y a deux catégories « d’échecs ». Certains animaux sont retournés à l’état sauvage parce que l’homme a volontairement abandonné leur domestication, jugée inutile ou peu rentable. Il y a les animaux qui ont échappé à notre contrôle.
Parmi les tentatives abandonnées, on peut citer l’autruche. Entre le milieu du 19e siècle et la seconde guerre mondiale, on a essayé de dresser l’autruche pour pouvoir l’atteler et la monter. Actuellement, de nombreuses fermes en Australie, utilisent l’autruche comme attraction touristique. On comptabilise encore au moins 90 000 autruches domestiques utilisées pour la production de viande et de cuir.
Ferme d'Autruche à South Pasadena, Californie vers les années 1940. image Steve Chasmar.
Plusieurs domestications récentes ont été tentées puis abandonnées faute d’intérêt :
L’éléphant d’Afrique par les Belges au Congo
L’élan qui a été monté en Suède jusqu’au 17e siècle
Le zèbre comme monture, le bœuf musqué pour sa laine …
Un exemple, australien, est le cheval. Les brumbies, descendants des chevaux domestiques des colons anglais, se sont également multipliés à l’état sauvage. Ils sont devenus un fléau pour la végétation.
Les exemples sont trop nombreux pour être tous cités. Il y a la pintade, transportée de Guinée aux Antilles en 1508 par les navigateurs Génois. Elle s’est échappée et est rapidement devenue une calamité pour l’environnement.
Il y a également le ragondin importé d’Amérique pour sa fourrure. Pendant la seconde guerre mondiale, les éleveurs européens ont ouvert les cages face à l’avancée des troupes allemandes. Les ragondins se sont parfaitement adaptés aux régions humides. Ils détruisent actuellement de nombreux écosystèmes aquatiques, dont celui du Poitevin ou celui de la Camargue.