Un Shadok a retrouvé dans l’espace le chapeau des Gibis, ceux-ci en profitent pour lui insuffler de mauvaises pensées...
Il lui faisait voir la Terre à droite et ils allaient tous à droite, ils lui faisait voir la Terre à gauche et ils revenaient tous à gauche… à toute vitesse. A tout bout de champs il criait : «Terre ! Terre ! Terre !»
Les autres, naturellement, ne voyaient rien mais ils avaient confiance et ils y allaient. Et quand ils arrivaient, ils voyaient effectivement qu’il n’y avait rien. C’était quand même intéressant.
De sorte que, partant pour ainsi dire de rien, les Shadoks arrivaient au prix d’incroyables efforts, de sacrifices et de souffrances...pratiquement au même point...
Les Gibis s’étaient arrêtés pour les regarder de sorte que, partant de rien eux-aussi, ils arrivaient en fait à la même chose...mais en se donnant beaucoup moins de mal, il faut dire !
Et puis, un jour, le Shadok se mit à crier pour de vrai car, en effet, il y avait quelque chose de rond à l’avant. Ils étaient sauvés...
Ils l’avaient là enfin devant eux cette Terre qu’ils avaient tant espérée. Et dans la solennité de l’heure, ils oubliaient les peines endurées et en profitaient pour se pardonner, les uns, les autres, leurs péchés.
Et la Terre, grandiose et sereine, émergeait peu à peu de l’infini, comme si elle naissait pour eux seuls, rançon de toutes leurs peines...