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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour : 08.02.2013
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Parcs, réserves... - Les Everglades -

Publié à 15:37 par acoeuretacris Tags : réserves parcs
Parcs, réserves... - Les Everglades -
Région marécageuse de 10 000 km², située à la pointe sud de la Floride, les Everglades étaient autrefois un paradis pour la faune et la flore tropicales.

Alternant prairies et marais, les Everglades comptent une myriade de petites îles. Ce parc national est surtout connu pour son hôte peu accueillant : l’alligator du Mississippi. Bien qu’il ait failli disparaître, il reste le plus grand prédateur des Everglades.

Présentation des Everglades

Les tribus Miccosukee et Seminole, qui peuplaient la région, avaient baptisé leur terre Pa-may-okee « fleuve d’herbe ».
« Il n’existe rien d’équivalent aux Everglades dans le monde », affirmait Marjory Stoneman Douglas en 1947, année de l’inauguration du site en tant que parc national.

Dans son ouvrage The Everglades : River of Grass, elle décrit avec respect et tendresse ce remarquable phénomène du sud de la Floride, qui n’est pas un fleuve au vrai sens du terme.


Une partie du Parc des Everglades

Le « Fleuve d’Herbe » est un cour d’eau peu profond qui s’écoule sur 200 km entre le lac Okeechobee et la baie de Floride. Il peut atteindre une largeur de 80 km et c’est l’unique écosystème tropical d’Amérique du Nord.

Le Fleuve d’Herbe avance de 30 mètres par jour avec une profondeur maximum de 3 mètres au centre.


Les Everglades possèdent un écosystème unique au monde.
Cette région est riche d’une végétation tropicale où poussent palmiers, pins, chênes ainsi qu’un épais tapis de graminées pouvant atteindre 5 mètres de haut. L’ensemble forme un enchevêtrement inextricable.

En bordure des Everglades se trouvent également de vastes mangroves, où les racines aériennes des arbres semblent sortir directement de la vase.

Ces mangroves produisent de fantastiques masses de détritus organiques, près de 30 tonnes par an et par hectare, qui sont à la base d’un nombre important de chaînes alimentaires.
De fait, la Floride abrite des milliers d’espèces animales et plus de 300 espèces d’oiseaux y ont déjà été observées.

Plus de 300 espèces d'oiseaux habitent aux Everglades. Image Mark A. Vargas

Les Everglades abritent l’un des plus riches éventails d’animaux qui soient au monde. Certaines espèces, extrêmement rares, sont endémiques à cette région.

Du centre d’accueil de Royal Palms, une promenade de passerelles en bois, connue sous le nom d’Anhinga Trail, traverse l’étendue herbeuse au-dessus de l’eau.

Des poissons nagent autour des pierres, des alligators guettent les tortues d’eau douce et des hérons se tiennent à l’affût prêts à fondre sur les poissons.

Jeune alligator du Mississippi .

Lors d’une excursion en bateau de Flamingo aux marécages de Whitewater Bay, on peut se frayer un passage à travers les racines enchevêtrées des palétuviers.

La mangrove protège contre l’érosion et constitue une zone de frai. Sur chaque langue de plage, crocodiles et alligators paressent nonchalamment.

Le déclin des Everglades

Paradoxalement, le moment où l’on a reconnu l’importance des Everglades a coïncidé avec son inexorable déclin.

En 1947, lors de la création du parc, le sud de la Floride comptait 500 000 habitants.

Quand les autorités de l’Etat ont lancé un cri d’alarme en 1985, la région en comptait 6 millions et l’industrialisation avait déjà exercé des ravages.

Les Everglades avaient alors réduit d’un cinquième, 14 espèces animales risquaient de s’éteindre et toute la faune aquatique était contaminée par le mercure.

L'équilibre des Everglades est très fragile.

L’inscription des Everglades sur la Liste du patrimoine mondial en péril en 1993 a permis d’allouer des dizaines de millions de dollars à l’un des plus grands projets de restauration écologique du monde.

Cependant, la situation est toujours compromise.
On rencontre encore environ 800 espèces animales, aquatiques et terrestres. C’est le destin des lamantins qui cause le plus de préoccupation.

La situation de nombreux échassiers est grave : leur population a diminué de 93% au cours des cinquante dernières années.

La situation des Everglades est toujours compromise. Image minds-eye

La situation des reptiles et amphibiens est bien meilleure. Le roi incontesté des Everglades est bien sur l’alligator américain.
Mais, en réalité, les touristes ont bien plus à craindre de l’assaut des 43 espèces de moustiques qui prolifèrent en pondant chaque été 100 000 œufs au mètre carré.

Eux aussi sont protégés, au grand désespoir des visiteurs, car ils constituent un maillon fondamental de la chaîne alimentaire.

Le puma de Floride

Autrefois, d’importantes populations d’une sous-espèce spécifique de pumas, Felis concolor coryi, habitaient les Everglades.

L’animal, baptisé « panthère de Floride » a été protégé à partir de 1958 et élevé au rang d’animal officiel de la Floride en 1982.

Malheureusement, la protection est intervenue trop tard. Il ne reste qu’une petite population de 30 individus dont la moitié est munie de colliers émetteurs.

Puma de Floride . Image Monica R

Cette quasi extinction résulte pour une bonne part de la politique d’assèchement des marais développée au 20è siècle afin de favoriser le développement du tourisme et de l’agriculture. L’équilibre écologique de vastes zones semble avoir été irrémédiablement affecté.

Aujourd’hui, plusieurs actions de repeuplement de pumas et de jaguarondis sont en cours, sans que les résultats soient réellement probants.

Le lamantin de Floride

Ce lamantin (Trichechus manatus latirostris) vit à proximité de la péninsule de Floride. Cette péninsule s’enfonce sur 800 km dans l’océan Atlantique qu’elle sépare du Golfe du Mexique. Sur la côte ouest de la péninsule, sur le Crystal river, s’est créé un refuge pour lamantins.

Discret, le lamantin attend souvent la tombée de la nuit avant d’entamer son dîner. Le qualificatif de « vache marine » s’applique parfaitement aux lamantins.

Herbivores presque exclusifs, ils broutent les fonds marins.

Un lamantin en Floride. Image Naufragio

L’appétit vorace des lamantins a suggéré aux scientifiques un emploi : le nettoyage des fonds marins.

Coopératifs et dociles, les lamantins pouvaient effectivement, en théorie, être employés au nettoyage des rivières envahis par la végétation.

En Guyane, à partir des années 1950, près de 200 lamantins en semi-captivité ont démontré dans cette tache une réussite incontestée.

S’inspirant de cette méthode, Mexique et Etats-Unis décidèrent d’utiliser les lamantins comme « désherbants » de voies d’eaux……sans guère de succès.

Ils avaient surestimé les capacités de ces animaux à supporter des eaux trop froides.

Lamantin. Image Smudgie's Ghost

En Floride, la température de l’eau est toujours au-dessus de 17°C. Le froid ne s’installe qu’à partir de janvier jusqu’en avril environ.

Les lamantins migrent alors vers des eaux plus clémentes.
Le lamantin d’Amérique du Nord n’a jamais été chassé pour sa viande comme les trois autres espèces.

Par contre, son habitat ne cesse de se restreindre. De plus, on compte plus de 700 000 licences de bateaux à moteur en Floride. Les lamantins vivent en eau peu profonde. Leur peau est couverte de cicatrices dues aux hélices de bateaux.

Les collisions sont de loin la principale cause de mortalité chez le lamantin de Floride.

Lamantin.

Malgré ces conditions précaires, cette espèce est la plus protégée. Il y a une mobilisation générale pour sauver ce frileux et paisible mammifère.

Les responsables des centrales électriques déversent en continu des eaux artificiellement chauffées, créant ainsi des refuges thermiques.

D’année en année, les lamantins ont ainsi pris l’habitude de migrer vers ces sites. Au cours d’hivers rigoureux, des rassemblements de 200 animaux ne sont pas rares.
La population de lamantins en Floride est estimée à environ 1 200 individus.

L’alligator du Mississippi (Alligator mississippiensis)

Cet alligator, également appelé alligator américain, est le crocodilien le mieux connu. C’est aussi un animal dont la préservation à l’état sauvage est une véritable réussite.

Depuis que le braconnage et la chasse, où plutôt un massacre pour sa peau ont cessé, les effectifs ont remonté.
Le record de longueur dépasse 5,80 m. Toutefois, aujourd’hui, les mâles atteignent rarement 4,30 m.

alligator du Mississippi.

En Floride et en Louisiane, on trouve des fermes et des ranchs d’alligators à vocation commerciale. La peausserie qui est contrôlée génère plus de 10 millions de dollars de chiffre d’affaires par an.

On peut contester cette pratique. Cependant, ces revenus importants sont la principale motivation pour préserver l’habitat de ces animaux, et à tolérer leur présence dans des zones habitées.

Sans l’exploitation commerciale, l’alligator du Mississippi ne serait probablement plus là, tant la tuerie qui a culminé après la guerre de Sécession (1865) pour perdurer jusqu’au début du XXe siècle a été intensive.

L'alligator est essentiel à l'équilibre des Everglades

L’alligator est essentiel à l’équilibre des Everglades. Lors de la saison sèche, il creuse dans la boue des marais des dépressions avec sa queue, son museau et ses pattes.

Ces trous deviennent de petites mares pouvant avoir plus de 6 m de diamètre. Bientôt, avec le pourrissement de la végétation, les trous favorisent la croissance d’une végétation luxuriante. Avec le temps, le trou d’alligator devient le centre d’une île entourée d’arbres.

Il offre un sanctuaire pour l’alligator et pour de nombreux animaux aquatiques, qui sans lui, risqueraient de mourir.

La chaîne alimentaire, malgré la sécheresse, peut ainsi perdurer. Dès que la pluie revient, cette vie préservée, va pouvoir repeupler les marécages.

C’est pour cela que l’alligator du Mississippi a été qualifié de gardien des Everglades.

Les Everglades en sursis

Les Américains revendiquent à juste titre un rôle de pionnier dans la politique de protection du patrimoine naturel.

Les Everglades sont un poids sur leur conscience. Cette région extraordinaire n’a suscité leur intérêt que très tardivement.

A leurs yeux, il s’agissait d’une région inhospitalière envahie de moustiques et de reptiles dangereux.

Tourisme dans les Everglades. Image turtlemom4bacon

Aujourd’hui, la prise de conscience est réelle et le désir de sauver l’écosystème de ce parc de 600 000 hectares sincère.

Cependant, c’est un écosystème fragile et malgré tous les efforts fournis, la situation est toujours préoccupante.