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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour :
08.02.2013
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Philippe II Auguste (1165 - 1223)
Philippe est sacré à Reims dans sa quatorzième année, du vivant de son père Louis VII le Jeune. L'année suivante, il épouse Isabelle de Hainaut et, son père venant à mourir le 18 septembre 1180, le voilà désormais seul à régner sur la France sous le nom de Philippe II. Son surnom de Philippe Auguste lui vient de ce qu'il est né un mois d'août !
Malgré ses déboires matrimoniaux avec Isambour de Danemark, sa deuxième épouse, malgré aussi sa fragilité nerveuse, il se révèle un grand souverain de par son oeuvre administrative et ses conquêtes qui lui ont valu de quadrupler le domaine royal et l'ont parfois fait surnommer le Conquérant.
Un roi conquérant
Philippe Auguste combat avec succès les rois d'Angleterre, Henri II Plantagenêt et ses fils Richard Coeur de Lion et Jean sans Terre, qui, par leurs possessions continentales (Normandie, Anjou, Aquitaine,...), menacent très directement son autorité.
Tandis qu'il manipule contre le vieux roi Henri II ses propres fils, voilà que l'on apprend la victoire du sultan Saladin sur les Francs à Hattîn. Le 3 octobre 1187, Jérusalem tombe entre ses mains. Stupeur en Occident. Les Francs de Palestine réclament une troisième croisade.
Philippe Auguste convient d'une trêve avec les Plantagenêt et, sans se hâter, s'embarque pour la Terre sainte de même que le nouveau roi d'Angleterre Richard 1er. Les deux rois se querellent dès l'embarquement à Messine, en Sicile.
Un garde pour les sceaux
Dans une clairière de Fréteval, près de Blois, en 1194, les hommes de Richard surprennent le campement du roi Philippe. Les Français se débandent en abandonnant leurs affaires, y compris les archives qui suivent le roi dans tous ses déplacements ! Pour éviter le renouvellement de la mésaventure, Philippe Auguste décide de conserver ses sceaux et documents officiels à Paris, sous la surveillance d'un... «garde des Sceaux». C'est encore ainsi qu'est officiellement désigné en France le ministre de la Justice.
Après la mort de Richard, Philippe se réconcilie provisoirement avec son frère et successeur, le roi Jean sans Terre, par le traité du Goulet (22 mai 1200). Celui-ci est suivi le lendemain du mariage entre le fils du roi Philippe Auguste et la nièce de Jean sans Terre, Blanche de Castille. Mais très vite, les hostilités reprennent. Les Français reprennent Château-Gaillard et la Normandie de sorte que le Plantagenêt ne possède bientôt plus sur le Continent que le Poitou, l'Aquitaine, le Béarn et le Comminges.
Philippe Auguste, fort de ses succès, en vient même à songer à un débarquement en Angleterre. Il a la bénédiction du pape Innocent III, irrité par les mauvaises manières de Jean sans Terre à l'égard de l'archevêque de Cantorbéry Étienne Langdon ! Le pape jette l'interdit sur l'Angleterre et autorise Philippe Auguste à s'emparer du royaume. Jean sans Terre n'a d'autre choix que de se proclamer vassal du Saint-Siège pour l'en dissuader...
Le conflit franco-anglais débouche en 1214 sur une coalition internationale, la première du genre. Elle réunit le roi d'Angleterre Jean sans Terre, les comtes de Flandre et de Boulogne, le duc de Brabant ainsi que l'empereur d'Allemagne Otto IV. La bataille décisive a lieu à Bouvines, le dimanche 27 juillet 1214. Le comte de Flandre est capturé cependant que l'empereur s'enfuit. On a coutume de dater de cette victoire la naissance d'un sentiment national français.
L'année suivante, les barons anglais, qui n'en peuvent plus de Jean sans Terre, le déposent et proposent la couronne d'Angleterre à Louis, fils et héritier de Philippe Auguste. Le prince débarque en Angleterre en mai 1216 mais Jean sans Terre ayant le bon goût de mourir sur ces entrefaites, le 19 octobre 1216, son fils et héritier légitime relève la couronne sous le nom d'Henri III et tout rentre dans l'ordre. Louis se fait battre en mai 1217 à Lincoln par les troupes royales et se retire non sans avoir négocié une forte indemnité par le traité de Kingston. Notons que c'est le seul débarquement armé qui ait eu lieu en Angleterre depuis Guillaume le Conquérant !
Sous le règne a lieu aussi la croisade contre les Albigeois. Elle est déclenchée en 1208 suite au meurtre du légat du pape Innocent III par un écuyer du comte de Toulouse, sur une route du Languedoc.
Philippe Auguste se garde d'intervenir directement dans l'expédition, soit qu'il est trop occupé par ses guerres avec les Plantagenêt et leurs alliés, soit qu'il ne veut pas salir la dynastie dans une guerre contre des chrétiens appelés à devenir ses sujets. Il laisse aux petits seigneurs du bassin parisien, tel Simon de Montfort, le soin de faire la sale besogne. Mais il reviendra à son fils Louis VIII le Lion et à son petit-fils d'en terminer avec celle-ci.
Un roi administrateur
Le roi crée un corps de fonctionnaires salariés : les baillis (au nord) et sénéchaux (dans le Midi), pour rendre la justice et remplacer ou surveiller les prévôts, traditionnels régisseurs des domaines royaux, coupables de nombreux abus.
Il multiplie les rentrées d'impôts, notamment en vendant des chartes de franchises et en émancipant les serfs contre espèces. Si beaucoup de villes obtiennent leur autonomie, en particulier sur les terres des vassaux, ce n'est pas le cas de Paris, qui reste sous la tutelle d'un prévôt royal, lequel siège au Châtelet et exerce les fonctions de police. Le prévôt des marchands, représentant élu des corporations, n'a qu'une autorité très limitée.
Il embellit sa capitale Paris et l'entoure d'une première ligne de fortifications (de cette «enceinte Philippe Auguste», il reste quelques vestiges, par exemple dans le quartier du Marais). Il fonde aussi l'Université de Paris.
L'amour ne se commande pas
En 1193, veuf depuis quatre ans d'Isabelle de Hainaut, le roi Philippe Auguste, qui n'a encore que 28 ans, se remarie avec Isambour (ou Ingeburge) de Danemark. Mais, pris d'un subit dégoût, il la répudie le lendemain des noces ! Il fait aussitôt annuler le mariage pour un motif de complaisance et se remarie avec Agnès de Méran (ou de Méranie).
Le pape Innocent III, qui a, comme le roi, du caractère à revendre, prend très mal la chose. Il excommunie Philippe et, en 1198, frappe même le royaume d'interdit, autrement dit de l'arrêt de tout sacrement pour les sujets du roi ! Le roi, qui n'a pas le choix, feint de se soumettre et restitue à sa malheureuse femme danoise le titre de reine... sans pour autant la remettre dans son lit.