Mythologie Greco-romaine - Hercule - histoire -

Publié à 10:49 par acoeuretacris Tags : mythologie greco hercule histoire
Mythologie Greco-romaine - Hercule - histoire -
 
Naissance, enfance et premiers exploits 
 
 
 
 
 
L'histoire d'Héraclès commence lors d'une belle journée ensoleillée, depuis le sommet de l'Olympe, Zeus contemple paisiblement les plaines fertiles et les innombrables cités naissantes de la péninsule hellénique. Son regard se perd en Béotie et dans le Péloponnèse puis, brusquement, il s'arrête sur une jolie jeune fille d'Argolide: la sublime Alcmène, petite-fille de Persée et princesse de Mycènes, chante, avec la grâce d'une nymphe, au retour espéré de son fiancé Amphitryon, parti à la guerre. Charmé par la vision de cette délicieuse mortelle, Zeus s'élance à sa rencontre, tel un aigle sur sa proie; peu importe la colère d'Héra, il assouvirait son appétit sexuel. Fidèle à son habitude, c'est par la métamorphose qu'il compte arriver à ses fins et, sous les traits d'un Amphitryon triomphateur, le dieu de l'Olympe pénètre dans la chambre d'Alcmène... On raconte que Zeus, ayant prît tant de plaisir avec la princesse, prolongea la nuit de vingt-quatre heures et fit lever le soleil une journée plus tard. Au final de cette très longue union, Zeus-Amphitryon offre à Alcmène une coupe qu'il dit avoir reçu de ses soldats puis il s'enfuit à la vitesse du vent sans lui révéler sa véritable identité. Mais la jalouse Héra est très vite au courant de l'infidélité de son mari et dès lors, bien avant qu'il naisse, elle éprouvera une haine sans limite pour le petit bâtard que porte Alcmène. 
 
 
 
 
 
 
Alcmène avec Zeus déguisé en Amphitryon, pastel, Lovis Corinth, 1920. 
 
 
Quand le véritable Amphitryon, de retour de sa campagne militaire, se présente devant sa fiancée il est un peu surpris par la froideur de son accueil: en effet, aucune larme versée ni de cris de joie viennent perturber les retrouvailles. Sans y porter guère plus d'attention, il emporte Alcmène dans sa chambre et s'y enferme pour une longue nuit d'étreintes amoureuses que la princesse trouva, très naturellement, fort courte... 
 
 
Un accouchement difficile 
 
 
 
 
 
L'accouchement d'Alcmène, dessin, XVIème siècle. 
 
 
Trois saisons plus tard, près des portes "Electres"de la cité de Thèbes, le quatrième jour du mois, Alcmène donne naissance à deux jumeaux: l'un, nommé Iphiclès, est le fils d'Amphitryon, l'autre, fils de Zeus, est baptisé Alkeidès ("descendant d'Alkaios"), il n'est autre que le futur Héraclès. L'accouchement fut particulièrement éprouvant pour la pauvre Alcmène (sept jours et sept nuits de travail!), en effet, la perfide Héra voulait à tout pris retarder la naissance du fils illégitime de Zeus et avancer celle d'un autre descendant de Persée, Eurysthée, afin qu'il soit le seul héritier du trône de Mycènes. Devant tant d'acharnement et craignant la rancune d'Héra, Alcmène se résout à abandonner l'enfant de tous les malheurs: avec la plus grande discrétion elle le dépose aux portes Néistai, le "champ d'Héraclès", où la déesse Athéna le découvre. Prise de tendresse pour ce bébé abandonné elle imagine un stratagème: lors d'une promenade avec Héra elle la persuade de donner le sein à cet enfant affamé qui pleure au milieu de la plaine. N'ayant pas reconnu le petit bâtard, Héra offrit généreusement sa poitrine au nourrisson qui tira si goulûment sur le téton de la déesse qu'il lui fit mal; elle le rejeta et de son sein coulaient les dernières gouttes du lait qui allait laisser dans le ciel la célèbre Voie lactée. Cet épisode constitue, pour Héraclès, une première étape dans sa quête vers l'immortalité; en ayant goûté le lait d'Héra son destin se lie étroitement avec celui des dieux de l'Olympe ce qui préfigure déjà son apothéose à venir. Quant à Athéna, satisfaite de sa ruse, elle rendit l’enfant vorace à sa mère et prit bien soin qu’Alcmène ne réitérât pas pareille folie. 
 
 
 
 
L'origine de la voie lactée, huile sur toile, Le Tintoret, 1570. 
 
 
Plusieurs mois plus tard, le petit Alkeidès accomplit son tout premier exploit dans le berceau; une nouvelle fois c’est Héra qui en est la source : en pleine nuit, elle dépose dans le couffin des jumeaux deux serpents venimeux. Et tandis que le petit Iphiclès hurle de terreur et demande le secours de ses parents, Alkeidès ,lui, attrape vigoureusement les deux assaillants et les étouffe dans chacune de ses solides petites mains. Quand Alcmène et Amphitryon entrent dans la chambre ils ne peuvent que constater l’extraordinaire caractère de cet enfant qui agite le corps inertes des serpents comme s’il s’agissait de vulgaires hochets. C’est après ce premier exploit qu’Alkeidès reçoit le nom d’Héraclès ("celui à qui Héra donne la gloire"). 
 
 
 
 
Héraclès enfant étranglant un serpent, 
bronze antique. 
 
 
 
 
Héraclès étouffant les serpents,
fresque Pompéienne, Ier avJC.
 
 
 
 
 
Héraclès étranglant les deux serpents, 
stamnos à figures rouges, 480-470 avJC. 
 
 
De prestigieux précepteurs 
 
 
Toute sa jeunesse, Héraclès va jouir de l'éducation la plus soignée de Thèbes; en plus des leçons de charrerie que lui enseigne Amphitryon, ce dernier lui fournit les meilleurs précepteurs de toute la Grèce: Linos, le frère d'Orphée, lui apprend l'art de la musique et des lettres, Eurytos (propriétaire du célèbre arc à double courbure dont héritera Ulysse) lui enseigne le tir à l'arc, Autolycos, le grand-père d'Ulysse, avec ses feintes et ses prises savantes l'éduque dans l'art subtil de la lutte, Castor l'initie à l'art de la guerre et Pollux au maniement des armes... rien n'est trop beau pour développer les immenses aptitudes du jeune colosse. 
 
 
 
 
 
Hercule apprenant à jouer de la lyre, dessin, Nicolas Poussin, XVIIème siècle. 
 
 
Une triste leçon de solfège 
 
Mais si Héraclès brillait dans les activités sportives et militaires, éveillant parfois l'admiration de ses maîtres, il était beaucoup moins habile pour les arts et les choses de l'esprit. D'ailleurs le malheureux Linos l'apprit à ses dépens: durant une leçon de musique il s'irrita de la mauvaise volonté d'Héraclès et lui donna un coup de bâton auquel l'élève répondit derechef en lui écrasant sa cithare sur le crâne avec une force telle qu'il le tua sur le coup. 
 
 
 
 
Hercule frappant son maître Linos, dessin, copie d'après Poussin, XVIIème siècle. 
 
 
A la suite de ce "léger" incident et craignant un nouvel exploit de son fils adoptif, Amphitryon envoya Héraclès garder ses troupeaux de vaches au plus grand plaisir de ce dernier. Ainsi, le jeune berger grandit paisiblement dans les plaines de Béotie acquérant rapidement une force titanesque et une stature colossale. A dix-huit ans, il atteignait déjà 2.07 mètres et ceux qui tentaient d’approcher son bétail d’un peu trop près goûtaient à la précision de son arc ou de son javelot. 
 
 
 
 
Hercule hésitant entre le vice et la vertu, huile sur toile, Gérard de Lairesse, XVIIème siècle. 
 
 
Cinquante nuits chez Thespios 
 
La première véritable épreuve d’Héraclès a lieu à ses 18 ans lorsqu’il chasse et tue le terrible lion de la région de Cithéron (entre la Béotie et l’Attique). Le fauve ravageait les troupeaux de son père adoptif Amphitryon et surtout ceux de Thespios, roi de Thespies. Ce dernier hébergea 50 jours le jeune colosse, le temps que dura la traque; or Thespios ayant 50 filles il se résolut à toutes les unir à ce demi-dieu à l’allure royale: ainsi, chaque soir, il mettait l’une de ses filles dans le lit d’Héraclès sans que ce dernier ne se rende compte de rien. De ces cinquante nuits d’amour naquirent les cinquante Thespiades, colonisateurs de la Sicile. 
 
 
 
 
Hercule et les filles de Thespius, huile
sur toile, Gustave Moreau, XIXème siècle.
 
 
 
 
 
Les filles de Thespius, huile sur toile,
Gustave Moreau, XIXème siècle.
 
 
 
Après avoir vaincu le lion de Cithéron, Héraclès vêt la peau de l’animal et se coiffe de ses mâchoires comme s’il s’agissait d’un casque (rituel qu’il renouvellera lors de son premier travail) puis il retourne à ses occupations routinières et bucoliques. 
 
 
Le tribut d'Erginos 
 
Sur le chemin du retour, le héros croise deux hérauts d'Erginos, roi d'Orchomène, la cité la plus puissante de Béotie, venus prélever le terrible tribut qui asservissait les thébains depuis plusieurs années; il consistait à livrer 100 vaches par an durant une période de 20 ans. Héraclès les accueille comme il se doit: il leur coupe le nez, les mains et les oreilles et les leur attache au cou... et les deux précepteurs s’enfuient présenter le nouveau tribut à Erginos. Ce dernier, humilié et furieux, réunit tous les minyens en âge de combattre puis engage son armée dans un raid contre Thèbes. A l'approche des ennemis, Héraclès rassemble toutes les forces thébaines à sa disposition et organise les manœuvres avec une aisance déconcertante. Menant ses troupes avec force et courage il met rapidement en déroute l’armée minyenne et tue Erginos de ses propres mains. Dans un élan victorieux, les thébains rasent la cité d’Orchomène et incendient les palais royaux. Le héros impose aux vaincus le tribut double qu’ils percevaient jusqu’alors ce qui libère définitivement la cité de Thèbes et la convertit en principale capitale de la région. A la suite de cette brillante victoire, Héraclès reçoit une série de présents: Créon, roi de Thèbes, lui concède sa fille Mégare en mariage pour récompenser sa vaillance au combat; puis il reçoit des dieux de l’Olympe différentes armes (d’Hermès, une épée, d’Apollon, un arc, d’Héphaïstos, une cuirasse d’or, d’Athéna, un peplos) auxquelles il préfèrera toujours sa massue en bois d’olivier. 
 
 
 
 
Le mariage d'Hercule et de Mégare, dessin, XVIIème siècle. 
 
 
Une terrible crise de démence 
 
Alors qu'Héraclès semblait avoir trouvé paix et sérénité aux côtés de Mégare, la cruelle Héra intervient de nouveau en sa défaveur... Convoqués par son cousin Eurysthée pour réaliser quelques travaux, le héros consulte l'oracle de Delphes; celui-ci le pousse à obéir et lui promet en échange l'immortalité. Mais Héraclès hésite encore, il rentre chez lui sans avoir pris sa décision, évidemment la vie éternelle le tente mais le fait de se voir commander par un roi d'une lignée inférieure à la sienne le révulse et le plonge dans un profond désarroi. C’est à ce moment qu’Héra passe à l’action : profitant de l’occasion elle lui jette un sort et le rend fou furieux. Inconscient, rempli de rage destructrice et armé de son arc, il tue ses trois fils, sa femme Mégare et deux fils d’Iphiclès qui passaient par là... Quand il revient à la raison, il ne peut que constater les dégâts; sa famille décimée il n’a plus qu’à partir en exil afin d’y expier son terrible crime. Face à son destin, il se rend donc chez Eurysthée et se soumet modestement à la première des douze épreuves. 
 
 
 
 
La folie d'Hercule, relief, Antonio Canova.