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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour : 08.02.2013
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Deltas et estuaires - Estuaire - Introduction -

Publié à 10:28 par acoeuretacris Tags : deltas et estuaires estuaire introduction
Deltas et estuaires - Estuaire - Introduction -

Estuaire de la Gironde

 

Un estuaire est la portion de l'embouchure d'un fleuve où l'effet de la mer ou de l'océan dans lequel il se jette est perceptible. Pour certains, il correspond à toute la portion du fleuve où l'eau est salée ou saumâtre, pour d’autres, c'est la présence de l’effet dynamique de la marée sur les eaux fluviales qui le définit. Par convention, on ne parle pas d'estuaires pour les fleuves qui se jettent dans des mers fermées qui n'ont pas de marée.

 

L’estuaire est un écotone (zone de transition écologique entre deux écosystèmes) mouvant dont les limites sont d’appréciation délicate. Elles s’apprécient généralement sur l'analyse du mouvement des masses d’eau douces et salées, sur la base du flot principal ou moyen de la marée.

 

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Estuaire de la Loire

 

Chaque estuaire est un système physique et écologique dynamique et unique, incluant des zones humides, des méandres sans cesse remodelés au gré des courants, des charges de matières en suspension apportées par le fleuve, et selon la nature du contexte géologique et du bassin versant, le climat, les vents et les interventions humaines historiques et contemporaines. L’estuaire est aussi le lieu où la force du fleuve est ralentie. Certains polluants s’y sédimentent préférentiellement et peuvent s’y concentrer.

 

L’Homme a cherché à maîtriser les estuaires en fixant les berges et les chenaux, en y construisant de coûteuses digues, parfois immergées. Pour ce faire il a mobilisé les sciences naturalistes, comme les mathématiques (modélisation) et la physique (dynamique des fluides et des matériaux). Depuis quelques décennies, les sciences sociales et économiques sont également appelées par les aménageurs, notamment pour y résoudre les conflits d’usages (chasse, pêche, tourisme, promenade, loisirs, nautisme, plongée sous-marine, pêche à pied, activités portuaires, etc.).

 

C’est le seul écosystème où la modification altimétrique de la ligne d’eau biquotidienne varie dans le temps et dans l’espace, en même temps que la salinité et la turbidité. On y trouve des espèces marines, des espèces d’eau douces et des espèces endémiques aux estuaires. Quand la pollution et la surpêche ne la surexploitent pas, la biomasse produite y est exceptionnellement importante. Les estuaires sont à l’origine de nombreuses chaînes alimentaires, et sont une zone de reproduction et de nourrissage irremplaçable pour nombre d’espèces. Parfois, les riches deltas sédimentaires ont été dédiés à la culture (delta du Nil, Bengladesh, Camargue en France…).

 

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Marais de Camargue

 

Tous travaux d’aménagement en aval ou amont peuvent avoir un impact différé dans l’espace et dans le temps, sur les flux, sur les courants, sur les vasières, sur la sédimentation, sur le mouvement et l’importance ou la qualité du bouchon vaseux et parfois sur la sécurité des usagers.

 

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Vasière

 

Issu du latin aestuarium (« lieu où le flux pénètre », mais aussi « étang maritime où l'on nourrissait du poisson ») de aestus (« flux de la mer »). Le mot apparaît en France au XVe siècle, mais il ne figure dans les dictionnaires qu’au XVIIIe siècle. De la même racine latine est issu étier .

 

Le mot espagnol estuario se traduisait non par estuaire mais par « barre », mot désignant la vague créée par la rencontre de l’onde du fleuve descendant et de la marée.

 

Le bouchon vaseux est créé par la rencontre des eaux douces chargées de matière en suspension et de nutriments en solution et des eaux marines salées. Zone de turbidité maximale, il migre au rythme des marées. Sa taille et sa position évoluent selon les conditions hydrodédimentologiques propre à l'estuaire et selon des facteurs tels que température, ensoleillement, débits, cycles de marée, pollutions, et en fonction des pratiques humaines ou de l'évolution naturelle du bassin hydrographique, très en amont (fonte des neiges, pluies intenses, renaturation ou au contraire imperméabilisation, pratiques agricoles érosives et forestières (labours, désherbage, coupes rases…), pollutions, travaux de curage… qui exacerbent la teneur de l'eau en nutriments, matière organiques, matières en suspension, etc.).

 

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Les eaux des estuaires sont généralement turbides, caractérisées par un bouchon vaseaux (estuaire de la Gironde, Sud-Ouest de la France)

 

Le bouchon vaseux constitue un (éco)système tout à fait particulier, souvent gravement perturbé par les activités humaines, en raison d'une quantité excessive d'eutrophisants, de matière organiques, de pesticides et d'autres polluants adsorbés sur les particules en suspension ou solubilisés dans l'eau, pour partie protégés d'une décomposition rapide par la lumière ou l'oxygène natif produit par le phytoplancton.

 

Le bouchon vaseux a été peu étudié jusque dans les années 1980. Depuis, de nombreuses études ont montré qu'il était naturellement important pour la productivité biologique des estuaires, très élevée, mais qu'en raison de perturbations humaines notamment, il peut devenir une zone dégradée et contribuer aux zones mortes marines, et devenir une source très importante d'émission de CO2 et de CH4, deux gaz à effet de serre d'importance majeure.

 

Les milieux estuariens caractérisés par des marnages (technique agricole consistant à rendre un sol plus calcaire en y ajoutant de la marne) importants, des courants parfois violents sont néanmoins riches en biomasse (ex : jusqu’à 1 million de larves de coques par m² en baie de Somme) et une productivité globale estimée à au moins 30 tonnes/hectare pour les petits estuaires en climat tempéré. Ils peuvent être soumis à diverses pollutions qui dégradent ces ressources (pesticides, métaux lourds ou nitrates par exemple).

 

La protection des estuaires implique une gestion quantitative et qualitative de l’eau à l’échelle des bassins versants entiers. Certaines activités y ont été interdites (exemple : le pétardage des armes chimiques, non-explosées ou stockées des deux premières guerres mondiales). Plusieurs dizaines de petits estuaires européens sont concernés par la proximité de dépôts anciens de munitions immergées susceptibles de les polluer par les nitrates, le mercure, le plomb, le cuivre, etc., si ce n’est pas des toxiques de guerre de type Ypérite, chloropicrine.

 

Les milieux intertidaux sont des écotones particuliers, dont slikke et schorre sont les deux principales composantes en zone continentale, remplacées par la mangrove en zone tropicale.

 

La slikke est l’étage le plus bas : exposée à la mer, zone vaseuse immergée à chaque marée, apparemment pauvre, elle abrite une vie intense, essentiellement des macroinvertébrés et micro-organismes. La basse-slikke, gorgée d’eau, accueille des plantes phanérogames rare (réduite aux zostères). La haute-slikke est, elle, couverte de salicornes et de spartines (graminées dures résistantes au sel).

 

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Salicorne

 

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Spartine

 

Le schorre n’est submergé qu’aux grandes marées et lors des tempêtes, mais il est exposé aux embruns. Il abrite des graminées constituant les prés salés et une végétation d’autant plus variée que l’eau douce est présente.

 

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Prés salés

Le bas-schorre est un milieu de transition accueillant encore des espèces de la haute slikke qui se mélangent à la glycérie maritime (Puccinellia maritima) et à l’aster maritime.

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Glycérie maritime


Le moyen-schorre accueille l’obione faux-pourpier (sous-arbrisseau aux feuilles persistantes) évoluant vers le haut schorre enrichi de statice maritime (lavande de mer), plantain maritime, avec encore l’aster et la glycérie maritime.


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Lavande de mer


Coléoptères, diptères, collemboles complètent la faune des crustacés des bords de slikke, qui nourrissent de nombreux oiseaux laridés (mouettes et goélands), limicoles, oies bernaches, canards, hérons à marée basse et oiseaux plongeurs piscivores (grèbes) ou malacophages (eiders, macreuses) à marée haute.


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Bernaches



Comme les deltas, les estuaires, par mélange d'eaux de densité, salinité et températures et turbidité différentes créent des conditions et habitats uniques, exploités par certaines espèces tout ou partie de leur cycle de vie. Les estuaires sont par exemple des lieux de ponte ou de grossissement uniques et vitaux pour certain poissons (sole et plie). Certaines espèces végétales terrestres ou aquatique sont endémiques d'estuaires (Ex : L'Angélique des estuaires, dans l'ouest de la France).

 

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Angélique des estuaires


Remarque: La plupart des amphibiens fuient les zones salées, sauf en Europe le pélodyte ponctué et le crapaud calamite qui fréquentent volontiers les rivages estuariens, avec la Rainette.

 

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Crapaud calamite

 

En Europe, le mot «estuaire» figure dans les cahiers d'habitats naturels définis en application de la directive Habitats. Parmi les habitats côtiers (toujours au sens de la Directive), trois habitats sont dits estuariens. Un estuaire est défini comme la « partie aval d’une vallée fluviale soumise aux marées, à partir du début des eaux saumâtres. Les estuaires fluviaux sont des anses côtières où, contrairement aux « grandes criques et baies peu profondes ». L’interaction des eaux douces avec les eaux marines ainsi que la réduction du flux des eaux dans l’estuaire provoquent le dépôt de fins sédiments sous forme de larges étendues de replats boueux et sableux. Lorsque l’écoulement du fleuve est plus lent que le flot, les dépôts de sédiments forment un delta à l’embouchure de l’estuaire »

 

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Pélodyte ponctué

 

En aval de zones polluées (ce qui est le cas de très nombreux estuaires), là où le courant ralentit et au gré de phénomènes de bioconcentration et de sédimentation, des "poches" de sédiments pollués peuvent apparaître, plus ou moins remobilisés lors des tempêtes, curages et crues saisonnières, voie lors d'actions de pêche au chalut. En France, le projet « CAROL » (Camargue-Rhône-Languedoc) a ainsi mis en évidence des poches de sédiments très radioactif au droit de l’embouchure du Grand-Rhône, contaminés par du césium 137, fixé sur des sédiments.