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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour :
08.02.2013
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St gaudens
- FIN -
Le nouveau comte de Toulouse, Alphonse, ne se montra que rarement avec Jeanne, son épouse, dans ses nouveaux États, qu'il gouverna la plupart du temps du château de Vincennes. Tous deux moururent en 1271, au retour de la croisade de Tunis. Philippe le Hardi, leur héritier, réunit le Languedoc à la couronne de France. Aux deux sénéchaussées de Beaucaire et de Carcassonne, créées par saint Louis, Philippe en ajouta quatre pour le Toulousain, la Provence, le Rouergue et le Quercy.
L'administration royale, en prenant possession du Languedoc, trouva encore ce pays dans une situation prospère. Les juifs y 'avaient toujours joui d'une protection souvent condamnée par l'Église, mais très favorable au commerce. La bourgeoisie y était riche, puissante et presque l'égale de la noblesse. Elle se réunissait souvent en assemblées qui furent le germe des états de Languedoc, plus tard si utiles à la province.
On en fait remonter la première origine au Xe siècle. On cite une assemblée des principaux Toulousains (optimates Tolosa), convoquée en 1114 par Louis le Gros, puis celle que Simon de Montfort réunit à Pamiers en 1212. Louis IX régla le mode des assemblées pour la sénéchaussée de Beaucaire ; en 1269 et 1271, on en voit à Carcassonne et à Béziers, où la noblesse et le clergé se réunissent avec les bourgeois représentés par deux consuls de chacune des principales villes. Enfin, en 1303, Philippe le Bel vient à Toulouse réunir toutes ces assemblées particulières en véritables états généraux de la province. Le tiers état envoyait deux députés élus par chaque ville de trois cents feux et au-dessus. L'archevêque d'Auch présida la première assemblée ; plus tard (1630), l'archevêque de Narbonne fut président de droit comme primat du Languedoc. Ces états, qui d'abord n'eurent pas de lieu de réunion déterminé, adoptèrent par la suite Montpellier. Leur principal objet était le vote des impôts, dont la répartition se faisait ensuite par les assemblées de diocèse, appelées pour cette raison assiettes.
Quoiqu'il eût fort à souffrir de l'invasion du prince de Galles en 1366, des ravages des grandes compagnies et de l'administration désastreuse des ducs d'Anjou et de Berry, frères de Charles V, le Languedoc fut cependant moins malheureux au XIVe siècle que le nord de la France. Il jouit ensuite du repos jusqu'à l'époque des guerres de religion. Il eut alors pour gouverneur Henri de Montmorency-Damville, qui jusqu'après la Saint-Barthélemy se montra l'adversaire acharné et implacable des protestants. Trahi alors par la cour qu'il servait si bien, il transigea avec les calvinistes, se fit le chef du tiers parti, et acquit dans la province une influence considérable. En 1579, il se rapprocha de la cour, qui le nomma maréchal, et combattit pour son prédécesseur Joyeuse, devenu le chef de la Ligue dans le Midi. Vingt ans après, il se rallia à Henri IV, qui le nomma connétable, et Joyeuse ayant fait aussi sa soumission, la province jouit en paix des résultats de l'édit de Nantes.
Cette paix fut troublée sous Louis XIII par les tentatives du duc de Rohan en 1621, puis, en 1632, par celle de Henri II de Montmorency, qui, profitant de l'ascendant dont il jouissait par sa famille et par son titre de gouverneur dans le Languedoc, prétendit le faire soulever, et fut lui-même vaincu à Castelnaudary et mis à mort. Richelieu supprima dans cette province les gouverneurs militaires trop dangereux, et mit à la place des intendants. Deux généralités furent établies : celle du haut Languedoc à Toulouse, celle du bas Languedoc à Montpellier. Louis XIV rétablit ce gouvernement, mais le divisa en trois lieutenances générales.
Sauf la révolte des camisards et les terribles exécutions ordonnées par Louis XIV, et qui troublèrent moins le Languedoc tout entier que les Cévennes et le pays de Nîmes (voir l'histoire du département du Gard), le Languedoc n'éprouva plus d'autre secousses au XVIIe siècle, et le magnifique canal creusé par Riquet dota la province de nouveaux débouchés en faisant communiquer les deux mers étonnées, pour employer le langage de Boileau. Néanmoins les guerres interminables et les impôts accablants l'avaient réduite à la misère quand mourut Louis XIV.
Ce fut particulièrement par les soins intelligents des états de Languedoc que cette belle province se releva au XVIIIe siècle. On vit peu d'états provinciaux dans ce siècle, comme dans le précédent, aussi éclairés, aussi habiles à stimuler l'industrie et le commerce par des encouragements sagement distribués.
Ils ne faisaient que se rendre justice lorsque, en 1780, dans un mémoire présenté au roi, répondant aux reproches faits à leur administration, ils disaient que, si les provinces voisines de la capitale profitaient des progrès qui s'y faisaient et des connaissances qui s'y développaient, il n'en était pas de même des provinces éloignées, auxquelles Paris « ne rend pas ce qu'il en reçoit ; » que ces provinces étaient obligées, par conséquent, « de trouver en elles-mêmes leur force et leur appui ; » et qu'enfin c'était aux encouragements des états que le Languedoc devait son beau commerce des draps du Levant, « enlevé à l'industrie anglaise, et qui ne connaît plus d'ennemis que les gênes intérieures qu'on lui oppose, » ses nombreuses plantations de mûriers « dans un pays où il a fallu leur former un terrain et porter à bras d'hommes sur des pics escarpés le sol sur lequel ils devaient naître ; » ses filatures de laine, de soie, de coton, ses belles teintures rouges, l'exploitation de ses mines de charbon de terre, « que la rareté du bois rend si précieux, » l'emploi de ce minéral aux verreries, aux eaux-de-vie, aux huiles « et bientôt à la fabrication du fer, si les succès répondent aux espérances, » etc.
« Aussi oseront-ils (les états) dire à Sa Majesté. que le moment de leur assemblée offre un spectacle intéressant par l'empressement avec lequel chaque citoyen vient leur faire part de ses découvertes et de ses projets. Il n'y a presque point d'année où quelque chose d'utile ne soit proposé... » Il faut ajouter toutefois qu'à la fin de leur existence, à l'époque de la Révolution, les états de Languedoc, dominés par le clergé, changèrent de caractère, et on les accusa de dégénérer en théocratie. Au reste, ils disparurent alors avec toutes les anciennes institutions. Le Languedoc fut alors partagé en huit départements : Haute-Garonne, Tarn, Tarn-et-Garonne, Aude, Hérault, Gard, Lozère, Ardèche. Pendant la Révolution, le département de la Haute-Garonne n'eut heureusement que peu de désordres à déplorer ; Toulouse. comme toutes les grandes villes de France, paya néanmoins sa dette de sang à la Terreur ; plus tard vinrent les campagnes d'Espagne, qui donnèrent une certaine animation aux diverses industries d'approvisionnement du pays. En 1814, l'armée anglaise vint sous les murs de Toulouse se heurter contre les légions aguerries du maréchal Soult, duc de Dalmatie.
Après la désastreuse journée de Waterloo, le général Ramel qui, pendant les Cent jours, chargé du commandement militaire, avait rempli ses fonctions avec une grande sagesse, ne put trouver grâce devant le fanatisme politique de quelques Toulousains. Les verdets, tel était le nom que prirent les plus exaltés royalistes, excitèrent cette populace q que l'on rencontre dans toutes les grandes villes, et dont les mauvaises passions sont toujours si faciles à émouvoir ; elle se porta menaçante et exaltée, entraînée par une furieuse farandole jusque sous les fenêtres de l'hôtel habité par l'infortuné général, qui fut impitoyablement massacré. Cependant la Restauration et la monarchie de Juillet furent des époques de calme et de prospérité pour les habitants de la Haute-Garonne, que vint seulement émouvoir un instant la révolution de 1848.