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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour : 08.02.2013
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Petites histoires de l'Histoire - Henriette d'Angleterre ...

Publié à 15:47 par acoeuretacris Tags : petites histoire henriette d angleterre
Petites histoires de l'Histoire - Henriette d'Angleterre ...

Henriette d'Angleterre fut-elle empoisonnée ?

 

Le 29 juin 1670, la duchesse d’Orléans, Henriette-Anne d'Angleterre est radieuse malgré une petite douleur sur un côté qui dure depuis quelques jours : elle vient tout juste de rentrer d’Angleterre où elle a mené à bien des négociations entre son pays natal et la France. Pourtant, après avoir bu une tasse de chicoré, Henriette est prise d’atroces douleurs qui ne feront que s’amplifier dans la soirée. D’après la duchesse, le mal dont elle souffre est pire que les douleurs provoquées par l’enfantement. Monsieur son époux ne paraît pas s’alarmer devant l’état de sa femme. Quand soudain, Henriette s’écrie qu’on l’a empoisonné. Philippe d’Orléans demande alors que l’on donne la même chicorée que son épouse avait bue à un chien. Mme Desbordes, première femme de chambre de Madame la duchesse, annonce alors que c’est elle qui a préparée le breuvage et que par conséquent, c’est à elle de prouver qu’il n’y a aucun poison dedans. Après s’être versé un peu de la chicorée dans un verre et l’avoir bu, Mme Desbordes se porte toujours aussi bien. A l’inverse, la duchesse est au plus mal et demanda plusieurs fois du contrepoison. Les médecins qui se pressent à son chevet tentent de la rassurer et assurent à Monsieur que son épouse n’est pas en danger. Ils préconisent seulement une saignée. Toujours souffrante, Madame aurait même déclaré qu’elle se tuerait sur l’heure pour en finir avec tant de douleurs si elle n’était pas chrétienne. Le contrepoison que l’on donne à Madame la fait vomir, mais le mal persiste. A onze heures du soir, Louis XIV arrive au chevet de sa belle-sœur. Depuis quelques heures, Henriette n’a plus d’espoir et sens qu’elle est perdue. Elle se permet alors d’annoncer au roi « Sire, la première nouvelle que vous aurez demain sera celle de ma mort ». Devant Philippe, la duchesse d’Orléans a ses mots « Hélas Monsieur, vous ne m’aimez plus et il y a longtemps ; mais cela est injuste car jamais je ne vous ai trahi ». Henriette-Anne d’Angleterre meurt vers 2h30 du matin, neuf heures après avoir commencé à se sentir mal.

 

Dés qu’elle a cessé de respirer, les premières rumeurs d’empoisonnement se répandent. L’ambassadeur d’Angleterre, qui avait pu parler avec Madame en anglais peu de temps avant qu’elle n’expire, est certain qu’elle a été empoisonnée. Son frère le roi Charles II en restera convaincu. Mais comment expliquer l’empoisonnement ? Il a été démontré que la chicorée était saine. Seulement, personne n’a pensé à la tasse dans laquelle Madame a bu et qui a mystérieusement disparu. Lorsque Louis XIV apprend la mort de sa belle-sœur, il fait ordonner une autopsie du corps qui conclut à une mort naturelle. Cependant, il semble que le roi reçu une affirmation comme quoi Henriette avait été assassinée : en effet, le 29 juin, le marquis d’Effiat avait été surpris par un valet de chambre dans la pièce où était le buffet à vaisselle en train de toucher la tasse de la duchesse d’Orléans. L’intrus prétexta alors qu’il avait soif et qu’il essuyait la tasse de Madame venant tout juste de se rendre compte qu’il avait bu dedans (personne n’est autorisé à se servir des biens personnels de la duchesse). Cette scène a été rapportée par la seconde épouse de Monsieur qui la tenait du valet en personne. Louis XIV convoque alors le maître d’hôtel de Madame, Purnon. Ce dernier aurait fait des aveux stupéfiants : le marquis d’Effiat – surpris dans les appartements de Madame avant le drame- avait frotté la tasse de la duchesse avec du poison afin qu’elle trépasse. Etaient au courant le comte de Beuvron et le chevalier de Lorraine alors en exil en Italie qui aurait fait apporté ce poison en France par l’intermédiaire d’un provençal nommé Morel. Les deux premiers hommes étaient des amis de Monsieur, frère du roi. Le troisième, son favori. Ce dernier avait justement dû prendre le chemin de l’exil à cause d’Henriette qui s’était plainte à Louis XIV du mignon de son époux. Malgré les supplications de Monsieur, le roi avait tenu le chevalier de Lorraine à l’écart. Le favori vexé et ses complices auraient alors voulu se débarrasser de la duchesse d’Orléans. Par la même occasion, le chevalier espérait pouvoir revenir à la cour. D’après Purnon –et au grand soulagement de Louis XIV- Monsieur ignorait tout du complot. Cette conversation entre le roi et le maître d’hôtel nous est rapportée par le duc de Saint-Simon. Eut-elle vraiment lieu ? En tout cas, le chevalier de Lorraine obtient bientôt de revenir à la cour sur la demande du duc d’Orléans. La peur qu’avait le roi de voir son frère impliqué dans cette sombre affaire n’était pas sans fondements : cela faisait des années que Monsieur rendait la vie impossible à son épouse et plus encore depuis son voyage en Angleterre. Il était outré d’être mis à l’écart de la politique à l’inverse d’Henriette. La reine Marie-Thérèse rapporta que Madame lui avait demandé sa protection tant elle avait peur de son mari…

 

Le roi ordonna une autopsie pour que l’on crût à une mort naturelle et aurait ordonné aux médecins de ne trouver aucune trace de poison. En effet, s’il était dit que la sœur du roi d’Angleterre avait été empoisonnée par les mignons de Monsieur, cela aurait eu de graves conséquences dans les relations entre la France et l’Angleterre. Il valut mieux étouffer l’affaire. Pour éviter un scandale, les coupables ne furent jamais punis. Lorsqu’en 1671, Philippe se remaria avec la princesse Palatine, celle-ci semblait être au courant de la mort très suspecte de sa première épouse et avait peur d’être elle aussi empoisonnée. La Seconde Madame demeura persuadée que la princesse d’Angleterre été morte par empoisonnement. Quand la fille aînée de Monsieur et d’Henriette, Marie-Louise d’Orléans s’apprêtait à partir pour l’Espagne épouser le roi Charles II, elle apprit que celui qui la conduirait serait le chevalier de Lorraine. La jeune fille se montra indignée de devoir se faire escorter par « celui qui avait tué sa mère ».