Le plus proche de la tour Eiffel, le pont Bir-Hakheim permet d'accéder directement au Champ de Mars.
Créé en 1905, le pont Bir-Hakeim est aujourd'hui l'un des ponts les plus importants de Paris, qui doit sa notoriété à sa situation géographique et à ses visiteurs qui affluent, en voiture le plus souvent, pour rejoindre la rive du Champ de Mars. Tirant son nom d'une bataille qui eut lieu pendant la guerre et qui opposa les troupes françaises aux allemandes à Bir Hakeim, en Libye, le pont n'est baptisé ainsi qu'après la Seconde Guerre mondiale. Nommé pont de Passy en ce qu'il reliait Grenelle à Passy, le pont est d'abord une construction faite de pylônes de métal qui forment un arc au-dessus de l'île aux cygnes. Son architecture, résolument moderne pour cette entrée dans le nouveau siècle, ses lampadaires, sa balustrade offrent un aspect qui semble trancher avec les constructions précédentes.
Vers 1975, l'assassinat de deux diplomates étrangers offrent une bien mauvaise publicité au lieu. Depuis, le pont n'est plus le passage favori des Parisiens. Trop large, trop grand, il reste le meilleur moyen d'arriver dans le coeur de Paris, et plus précisément à la Tour Eiffel. Sa proximité de l'île aux cygnes permet aux visiteurs d'accéder à différents bateaux. Pour une croisière, les visiteurs sont invités à partager la splendeur de Paris via une promenade sur la Seine. Les monuments de Paris, le Palais de Chaillot, l'Institut de France, sont plus impressionnants depuis une balade sur l'eau.
Dans le cadre de l’Exposition universelle en 1878, une passerelle métallique piétonnière est lancée en travers de « l’île aux Cygnes ». Cette passerelle étant très empruntée, elle devient très vite obsolète à l’approche de l’Exposition universelle de 1900.
La construction
La construction d’un nouveau pont est décidée. C’est l’ingénieur Louis Biette qui conduit le projet, la construction étant réalisée par Dayde et Pille. Ce projet est ambitieux pour l’époque, il s’agit de concilier le rail, la route et les piétons.
Commencé en 1903, cet ouvrage de 257 mètres de long est composé de deux ouvrages métalliques inégaux comportant chacun trois travées du type « cantilever » [1]. Il prend appui sur « l’île aux Cygnes » à l’aide d’un ouvrage maçonné. (photo ci-dessus).
La partie inférieure large de 24,70 m comporte deux voies routières de 6 m de large, séparées par un promenoir de 8,70 m. Pour compléter ce niveau, deux trottoirs de 2 m de large encadrent l’ensemble.
La partie supérieure réservée au métropolitain est constituée d’un tablier métallique sur piliers en fonte espacés de 6 mètres.
La décoration
Jean-Camille Formigé architecte de la Ville de Paris se voit confier la décoration de l’ouvrage, il est à noter qu’il conduit simultanément la décoration du viaduc d’Austerlitz. Il va utiliser les talents de trois sculpteurs. Gustave Michel réalisera les groupes en fonte situés dans l’axe des piles, aux naissances des arcs ; il s’agit de deux ensembles, reproduits quatre fois, qui représentent l’un des « nautes » [2], l’autre des « forgerons-riveurs ». Jules Coutan exécutera deux allégories représentant la « Seine » et le « Travail », A. Injalbert accomplira celles représentant l’« Electricité » et le « Commerce ».
La décoration très ouvragée des colonnettes supportant le viaduc du métropolitain a malheureusement disparu au cours des années 1930-1940 lors du renforcement de l’ouvrage.
Terminé en 1905, ce pont longtemps appelé viaduc de Passy a été rebaptisé en 1949 pont de Bir-Hakeim en souvenir de la victoire du général Koenig en Libye en 1942. Il est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.
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[1] Se dit d’une aile d’avion non haubanée, d’une travée de pont ou d’une poutre en porte à faux. [2] Corporation regroupant les professions de la navigation sur les rivières et les lacs de la Gaule romaine.