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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour :
08.02.2013
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(Région Midi-Pyrénées)
Le département de l'Ariège a été formé de l'ancien comté de Foix et de presque tout l'ancien Conserans, qui dépendait de la Gascogne. L'histoire primitive de ces contrées se confond, dans ses commencements, avec celle de la race ibère ou basque, que les plus lointains souvenirs nous représentent installée sur le versant septentrional des Pyrénées et dans les vallées qui s'étendent à leur pied. L'existence nomade de ces tribus de pasteurs dut ses premières modifications aux relations commerciales que lièrent avec elles les Phéniciens d'abord et les Phocéens ensuite. Les paillettes d'or trouvées dans le sable des torrents, la résine recueillie au pied des sapins, attiraient la cupidité des colons grecs, qui laissaient en échange, au milieu de ces populations agrestes, les premiers germes de la civilisation orientale.
Cependant l'indépendance et la fierté, vertus inhérentes au caractère des Consorani (de consortiri, partager le même sort), habitants des montagnes, rendirent aux Romains longue et difficile la conquête de ces provinces. Les Volces Tectosages y avaient, antérieurement, trouvé d'intrépides compagnons dans lotir expédition en Asie Mineure. Les Consorani sont cités parmi les peuplades que les vainqueurs groupèrent dans une de leurs divisions administratives, et qu'ils désignèrent sous le nom de Novempopulanie.
Plus tard, après les quatre siècles de la domination civilisatrice des Romains, le pays de Foix, compris d'abord dans la première Lyonnaise, puis dans la première Narbonnaise sous Honorius, passe, en 415, au moment de la grande invasion de l'empire, sous la domination des Wisigoths, dont Clovis détruisit, en 507, la prépondérance en Gaule. Après la bataille de Vouglé, le pays de Foix resta donc annexé à la monarchie franque jusqu'à la constitution du duché d'Aquitaine ; il fut associé à toutes les vicissitudes de cette lutte acharnée et sanglante dans laquelle les populations étaient entraînées, surtout par l'espoir de reconstituer un État indépendant dans les anciennes limites de l'empire des Wisigoths.
Les exploits et les revers des ducs d'Aquitaine, la légitimité de leurs droits comme descendants des premiers mérovingiens, la bonté de leur cause en face de l'usurpation si peu déguisée des maires du palais, sont de trop vastes sujets pour la petite contrée qui nous occupe ; mais n'oublions pas cependant que ces discordes y amenèrent les Sarrasins, appelés par les ducs d'Aquitaine contre leurs redoutables adversaires. Pendant près d'un demi-siècle, de 719 à 759, les Sarrasins dominèrent dans le pays de Foix. Charles Martel et son petit-fils Charlemagne, qui les en chassèrent, étaient alors l'étranger et l'ennemi pour les montagnards des Pyrénées, auxquels on petit attribuer en partie la sanglante revanche de Roncevaux.
L'appui que trouva ce prince auprès des habitants de la vallée d'Andorre devait être un fait bien exceptionnel, puisqu'il leur valut une indépendance et des privilèges qui datent de cette époque. La puissante main du grand monarque sut retenir les provinces conquises dans l'obéissance ; mais, dès que la faiblesse de ses successeurs permet à la féodalité de se constituer, l'esprit provincial se réveille, l'autorité centrale est oubliée ou bravée, et des provinces entières passent aux mains des Seigneurs, qui y établissent leur domination presque sans contestation et sans obstacle.
C'est ainsi que la puissante maison de Toulouse possède le pays de Foix dès 779. Trente ans après, il échoit à la branche des comtes de Carcassonne, qui le conservent jusqu'en 1050, époque à laquelle est fondé l'apanage de Foix au profit de Bernard-Roger Ier, fils puîné de Roger, comte de Carcassonne. Les possessions de Bernard comprenaient la plus grande partie du département de l'Ariège et une portion de celui de la Haute-Garonne. Il réunit le Bigorre par son mariage avec Gersende, héritière de celle province.
Le second des trois fils de Roger-Bernard lui succéda sous le nom de Roger II ; c'est lui qui obtint l'érection du pays de Foix en comté, et qui le premier fixa sa résidence dans le château autour duquel s'étendait la ville soumise à l'abbaye de Saint-Volusien. Son neveu, Roger III, posséda le comté, de 1070 à 1125 ; il alla expier en Palestine le crime de simonie dont il avait été reconnu coupable et pour lequel il avait été frappé d'excommunication par Pascal Il. A son retour de la croisade, il fonda Pamiers. Le règne de Roger IV, qui posséda l'héritage paternel en indivis avec ses frères, n'est signalé que par les prétentions soulevées au sujet de la seigneurie de Carcassonne par la maison de Foix.
De 1141 à 1188, le comté est gouverné par Roger-Bernard Ier, habile négociateur, qui, mettant à profit les rivalités des seigneurs du voisinage, se fait céder, par Raymond V de Toulouse, Carcassonne, le Carcassez, le Rasez et tous les domaines de Roger-Trencavel ; se fait investir, par Alphonse II d'Aragon, du gouvernement de Provence, et dispute à l'abbé de Saint-Volusien la possession d'une partie de la ville de Foix.
Après le diplomate vient le batailleur, Raymond-Roger, fidèle allié des comtes de Toulouse, intrépide champion de la cause des Albigeois ; il fut le grand adversaire du fameux Simon de Montfort. Nous ne nous étendrons pas ici sur les divers épisodes de son histoire ; ils appartiennent aux différentes villes, théâtres des principaux événements de cette guerre. Son fils, Roger-Bernard II, surnommé le Grand, suivit les traditions paternelles, et s'associa aux derniers efforts de Raymond VII de Toulouse, jusqu'à l'arrivée de Louis VIII et de sa formidable armée. Le roi pardonna plus vite que le pape. Roger-Bernard put laisser ses domaines à son fils Roger IV ; mais, pour obtenir l'absolution de ses fautes, il dut comparaître devant le tribunal de l'inquisition et prendre l'habit monastique dans le couvent de Bolbone, où il mourut l'année suivante (en 1241).
Le nouveau comte, éclairé par l'expérience de ses aïeux, effrayé par les conséquences probables de la bataille de Taillebourg, se retira de la ligue que la noblesse du Midi avait formée contre l'autorité royale, et se soumit à Louis IX. Son humeur belliqueuse s'exerça sans danger et sans résultats contre le roi d'Aragon et contre son beau-frère, le comte d'Urgel. Il en coûta cher à son fils, Roger-Bernard III, de ne pas avoir suivi ce sage exemple. Ses insolences et ses rébellions amenèrent dans son comté Philippe le Hardi, et lui coûtèrent plusieurs années de liberté. il avait à peine obtenu son pardon qu'il dirigeait de nouvelles tentatives contre Pierre d'Aragon et retrouvait un nouveau vainqueur et une autre prison. Libre encore, il employait les dernières années de sa vie à guerroyer contre Gaston VII, ait sujet de la vicomté de Béarn. L'inconstance de ce caractère, l'ardeur de ce tempérament et la confusion dans laquelle se trouvaient les affaires dit comté durent influer sur la position des seigneurs qui régnèrent ensuite.
Gaston Ier hérite de la querelle avec les Armagnacs, et y consume une partie de son existence ; l'accord ne se rétablit que sous Gaston II, véritable paladin, qui met son épée au service des Navarrais contre les Castillans, assiste ensuite Alphonse XI assiégé par les Maures dans Algésiras, et meurt à Séville en 1343, au milieu de ses glorieux exploits, et après avoir en outre largement payé sa dette dans la lutte de la France contre l'Angleterre. Il laissait une veuve, Éléonore de Comminges, femme d'un mérite éminent, et un fils âgé de douze ans, ce Gaston III qui devint depuis si célèbre sous le nom de Gaston-Phoebus.
Ce jeune seigneur fit ses premières armes contre les Anglais pendant l'invasion de 1345, et le roi sembla dès lors attacher un grand prix à son amitié ; car, après avoir congédié ses gens d'armes, il nomma, lui et Bertrand de L'Isle-Jourdain, ses lieutenants spéciaux et généraux en Gascogne, Agenais, Bordelais et autres parties de la langue d'oc. Gaston se mit alors à visiter les châteaux et villes commis à sa garde, et l'on put admirer déjà la courtoisie et la magnificence du très haut, très noble et très puissant seigneur, qui passa bientôt pour le plus fastueux chevalier de son siècle.
Il épousa, en 1349, Agnès, fille de Jeanne de France et de Philippe III, roi de Navarre. Bientôt il quitte sa brillante cour d'Orthez et se lance dans cette série d'aventures qui, sous la plume de Froissart, ont fait de son histoire le roman le plus varié et le plus merveilleux : alliance avec Charles le Mauvais, qui lui vaut une courte captivité au Châtelet ; croisade contre les Prussiens avec les chevaliers de l'ordre Teutonique, en compagnie du captal de Buch ; délivrance des princesses de la famille royale, assiégées dans Meaux par les Jacques ; victoire de Launac contre les Armagnacs ; lutte et rivalité avec le duc d'Anjou, glorieusement terminée dans les plaines de Revel ; réconciliation avec ses anciens ennemis ; vieillesse honorée, bien remplie ; visite du roi Charles VI, qu'il reçoit, avec toute sa cour, dans son château de Mazères ; loisirs dignement occupés par la littérature et la chasse, telle est l'esquisse rapide de cette existence, véritable type de la chevalerie à cette époque.
En 1398, Matthieu, fils de Gaston-Phoebus, mourut sans enfants ; sa soeur et unique héritière, Isabelle de Foix, était mariée à Archambaud de Grailli, captal de Buch ; ce seigneur, en recueillant l'héritage de sa femme, changea son nom pour prendre le titre de comte de Foix. Cette maison ne régna que soixante-quatorze ans et avec trois comtes seulement ; le dernier d'entre eux, Gaston IV, ayant épousé Éléonore, fille de Jean II, roi de Navarre, laquelle succéda à son père, réunit son comté au royaume de sa femme.
De la famille royale de Navarre, le comté passa dans la maison d'Albret, en 1484, par le mariage de la reine Catherine avec Jean d'Albret ; et enfla dans la maison de Bourbon, par l'union de Jeanne d'Albret avec Antoine de Bourbon, père de Henri IV. C'est sous ce dernier prince que le comté fut réuni à la monarchie française ; encore l'ordonnance qui établit officiellement cette réunion n'a-t-elle été rendue que par Louis XIII, en 1620.
L'ardeur avec laquelle la maison d'Albret se jeta dans le parti de la Réforme peut donner une idée de la part que dut prendre le comté de Foix dans les discordes civiles du XVIe siècle. Sauf quelques tribulations à l'époque des derniers démêlés de la France avec l'Espagne, le pays fut tranquille jusqu'aux orages de la Révolution.
Au XIXe siècle, le pays a repris enfin possession de lui-même ; toutes les richesses enfouies dans ce sol peu connu et plus mal exploité encore voient enfin le jour ; l'agriculture fait chaque jour de nouveaux progrès dans les vallées et étend ses fécondes conquêtes sur les pentes des montagnes, les mines, si abondantes et si longtemps négligées, alimentent d'importantes usines ; la haute industrie se développe dans les villes que le commerce commence déjà à vivifier, et l'amélioration des routes, l'établissement de voies ferrées assurent et facilitent les communications entre des points qui restaient presque étrangers les uns aux autres.