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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour :
08.02.2013
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(Partie 1)
(Région Provence-Alpes-Côte d'Azur)
Les Bouches-du-Rhône, le Var, les Alpes-de-Haute-Provence, sont les trois départements qui correspondent à l'ancienne Provence. De ces trois départements, le plus important est celui des Bouches-du-Rhône qui va nous occuper, et à l'occasion duquel nous allons tracer une esquisse de la province entière.
Le pays montagneux et maritime qui s'étend entre le Rhône, la Durance, les Alpes, le Var et la Méditerranée était occupé, dès une haute antiquité, par les Ligures-Saliens, qui se mêlèrent avec les Celtes à l'est et les Ibères vers l'ouest. Ils se divisaient en un grand nombre de tribus les Ségobriges, les Commones, près de Marseille ; les Véruciniens, de Grasse ; les Décéates, d'Antibes ; les Suétriens, les Quariates, les Aducinates, les Oxybiens, les Liganiens, etc. C'étaient des hommes à peu près sauvages, sans villes, sans lois, sans industrie, habitant sous le chaume ou les roseaux, vivant de la chasse dans les montagnes, de la pêche au bord de la mer. Déjà cependant la zone intermédiaire entre les montagnes détachées des Alpes et la Méditerranée produisait, grâce à la bonté de son sol, des plantes et des fruits.
Les Phéniciens, qui avaient établi des comptoirs sur les côtes de la Méditerranée, paraissent en avoir placé un chez les Saliens pour leur commerce dans la Gaule. D'autres étrangers arrivèrent ensuite : c'étaient des Grecs partis du voisinage de l'Ionie, et qui, accueillis par les Ségobriges, fondèrent Massalie (Marseille), à la place même du comptoir phénicien. Cette nouvelle cité s'enrichit bientôt par l'industrie de ses habitants et excita la jalousie des barbares qui l'entouraient. Ils firent une tentative pour la détruire et n'y réussirent pas. Loin de succomber, elle s'agrandit par l'arrivée des Phocéens, qui fuyaient devant les armes de Cyrus, et bientôt couvrit de ses colonies tout le littoral voisin.
Au lieu d'accepter avec joie les bienfaits de la civilisation, les barbares sentirent croître leur haine en même temps que la prospérité de Massalie : Ils se coalisèrent, élurent un roi commun, Caramandus, battirent les troupes de la cité phocéenne et vinrent l'assiéger. Elle appela à son secours les Romains, et le sénat, la déclarant son alliée, chargea Flaminius d'aller donner l'ordre aux Oxybiens de poser les armes. Ils n'avaient pas encore appris à redouter la force invincible de Borne ; se jetant sur la suite de l'ambassadeur romain, ils pillèrent ses bagages et le forcèrent de s'enfuir au plus vite vers son vaisseau. Que de peuples ont préparé leur asservissement par d'imprudents outrages, depuis Tarente, qui couvrit de boue les députés de Rome, jusqu'au dey d'Alger !
Le consul Opimius passe les Alpes avec une armée, prend Ægitna, en fait vendre les habitants comme esclaves et distribue aux Massaliotes les vallées des Oxybiens, des Décéates, des Anasiliens, etc. Tandis qu'il va triompher à Rome, Fulvius, son successeur, écrase la tribu maritime des Saliens, et C. Sextius Calvinus, qui vient ensuite, établit la domination romaine dans le pays par la fondation d'une colonie, Aquae Sextiae (Aix). La Gaule entière commença à s'inquiéter. Les Arvernes prirent les armes sous lotir vaillant roi Bituit ; mais Domitius les vainquit dans de rudes combats, et plusieurs campagnes victorieuses assurèrent aux Romains la possession du midi de la Gaule. En 114 avant Jésus-Christ, tous les petits peuples qui l'occupaient passèrent sous le joug, et le pays fut réduit en province romaine. Ce fut la première province des Romains en Gaule, la Province par excellence ; aussi le nom est-il resté : Provence.
C'était le poste le plus avancé de l'empire romain du côté des barbares, et c'est là, en effet, que Marius arrêta la terrible invasion des Cimbres et des Teutons. Dix ans à peine étaient écoulés depuis la soumission des peuples de la Gaule méridionale, et nul ne bougea à l'arrivée de ce formidable secours de barbares, tant l'action conquérante de Rome était prompte et énergique.
La Province se prêta, du reste, avec une souplesse merveilleuse à la civilisation de Rome ; elle adopta et cultiva avec succès ses arts, son industrie, parla sa langue, adora ses dieux, envoya ses enfants dans ses écoles ; les habitants de la Province étonnaient les Romains : on les croirait nés à l'ombre du Capitole, disait Tacite ; Pline appelait leur pays une véritable Italie ; Arles était surnommée la seconde Rome. Nulle contrée, d'ailleurs, ne reçut plus à profusion les présents de la civilisation romaine, et aujourd'hui encore, après dix-huit siècles, la Provence est moins célèbre par la beauté de son climat et de sa position que par ses innombrables monuments, aqueducs, thermes, ponts, cirques, temples, statues, qui lui donnent l'apparence d'un immense musée d'architecture romaine.
Après la conquête de la Gaule par César, on continua d'appeler la Province le pays qui nous occupe. Seulement, on distinguait cette Gaule méridionale par le nom de braccata, dérivé d'un certain vêtement, bracca (braie), en usage chez ses habitants ; tandis que l'on appliquait le nom de chevelue (comata), au reste de la Gaule où l'on portait de longs cheveux, suivant la coutume barbare. Sous Auguste, la Province prit le nom de Narbonnaise, à l'exception de la partie montagneuse qui fut rattachée aux Alpes Maritimes. Lorsque de nouvelles divisions, au IIIe et au IVe siècle, eurent distribué la Gaule en dix-sept provinces, la Province fut partagée en trois. Une portion entra dans la Viennoise ; les deux autres formèrent la seconde Narbonnaise et les Alpes Maritimes. Le territoire du département des Bouches-du-Rhône, en particulier, était dans la seconde Narbonnaise.
Déjà le christianisme avait pénétré en Provence. Une légende veut qu'il y ait été apporté, dès le Ier siècle, par saint Lazare et les saintes Maries. Quoi qu'il en soit, il y fit des progrès rapides. Sous le règne de Constantin, il s'y tint un concile qui condamna les donatistes.
Parmi les villes soumises, Rome avait l'habitude de récompenser les plus dociles ou d'attirer les plus hostiles par des avantages municipaux. C'est ainsi que la plupart des villes de la seconde Narbonnaise portèrent le titre de cité et jouirent du droit de se gouverner elles-mêmes intérieurement. Elles avaient un sénat, des magistrats municipaux, une curie comprenant tous les propriétaires de vingt-cinq arpents. Nulle portion de la Gaule ne posséda des institutions municipales plus complètes, et nulle part elles n'eurent autant de vitalité, puisqu'on les a retrouvées ici en plein Moyen Age.
Parmi ces cités, nous nommerons celles des Massiliens ou Massalioles (Marseille), des Arlésiens (Arles), des Aquiens (Aix), des Aptiens (Apt), des Foro-Juliens (Fréjus), des Antipolitains (Antibes), etc. On a des notions vagues sur certaines assemblées du midi de la Gaule, qui devaient se réunir périodiquement pour s'entendre sur les intérêts communs de la province ; mais le gouvernement impérial absorbait tellement toutes les affaires, que ces assemblées, n'ayant point d'objet sérieux, tombèrent tout à fait en désuétude. Quand les derniers empereurs sentirent que la vie se glaçait enfin partout dans l'empire, en présence des barbares, ils tentèrent de la ranimer en rendant aux provinces une certaine indépendance. Honorius par son édit de 418, ordonna que l'assemblée des sept provinces se réunirait tous les ans à Arles. Ce galvanisme n'eut point d'effet durable, et bientôt, les barbares couvrirent tout l'empire.
La Narbonnaise eut pourtant l'honneur de les voir deux fois battus dans ses plaines. Un forgeron, qui portait le nom de Marius, d'heureux présage en ces lieux et devant de pareils ennemis, arrêta près d'Arles les Vandales qui venaient de ravager l'Auvergne et le nord de la Provence. Vinrent, ensuite les Hérules les Burgondes, les Alamans, les Francs. Une victoire nouvelle, remportée près d'Arles par le patrice Constantin, n'empêcha point les barbares de s'établir enfin dans la secondé Narbonnaise. Les Wisigoths, qui avaient déjà occupé la Narbonnaise première et l'Aquitaine avec l'autorisation même d'Honorius, étendirent leur influence, puis leur domination sur la rive gauche du Rhône.
En 455, leur roi Théodoric fit élire, à Arles, Avitus empereur, et bientôt son fils Euric s'empara du pays. Lorsque Clovis eut gagné sur les Wisigoths la bataille de Vouillé, qui lui livra l'Aquitaine, il envoya une armée pour s'emparer également de la Provence. Mais le grand Théodoric, roi des Ostrogoths d'Italie, prenant sous sa protection la nation gothique tout entière, envoya son général Ibbas, qui battit les Francs près d'Arles, et les Wisigoths, en récompense, lui abandonnèrent la Provence en 511. Tout le littoral de la Gaule, c'est-à-dire la Provence et la Gothie ou Septimanie (Languedoc), demeura quelque temps encore au pouvoir des Goths, sur lesquels Théodoric régna seul avec le titre de roi des Ostrogoths et des Wisigoths.
En 534, les Francs, ayant soumis les Burgondes, devinrent possesseurs de la Provence par la cession que Vitigès, roi des Ostrogoths, leur fit de ce qu'il y possédait ; mais ils furent obligés de la partager avec l'empire grec qui venait de renverser le royaume des Ostrogoths et de reconquérir presque tout le littoral du bassin occidental de la Méditerranée. Les empereurs byzantins établirent, dans la partie qui leur fut soumise, des gouverneurs qui ne lardèrent pas, enhardis par l'éloignement, a se rendre indépendants. En 721, on trouve Mauronte, l'un d'eux, à peu près seul maître du pays. L'autorité des rois francs n'y était pas plus puissante que des empereurs.
Les Sarrasins, maîtres d'Espagne, commençaient à envahir le midi de la France. Charles Martel accourut dans la Provence pour les repousser et commença, en vrai chef de barbares, par piller horriblement le pays. Aussi la haine contre les Francs y fut depuis ce moment si violente que les Provençaux se rirent les alliés fidèles des Sarrasins et que l'émir de Narbonne, Yousouf, se vit secondé par Mauronte lui-même. Occupée en plusieurs points par les musulmans, ravagée maintes fois avec fureur par les Francs, la Provence endura des maux qui cessèrent sans doute sous Charlemagne, mais pour redoubler après. Ce n'étaient plus seulement les Sarrasins, mais les Normands d'Hastings qui remontaient le Rhône et la Durance, le fer et la flamme à la main.
A la chute de l'empire de Charlemagne, la Provence avait pour gouverneur Boson, beau-frère de Charles le Chauve, ambitieux qui se fraya par des crimes le chemin du pouvoir. Le faible règne de Louis III et de Carloman lui sembla opportun pour arriver au but qu il méditait d'atteindre. Les évêques du pays, réunis au nombre de vingt-trois dans le concile de Mantaille, près de Vienne, prétendirent suivre l'inspiration du ciel en déclarant Boson roi de Provence et de Bourgogne. La noblesse exprima le même voeu (879). Cette audace de l'épiscopat de créer un roi n'a rien de surprenant dans ce siècle où les évêques dirigèrent les rois, luttèrent contre eux et secouèrent plus d'une fois l'autorité du pape par réaction contre ce qui s'était passé sous Charlemagne. Boson accepta la couronne qu'il s'était fait donner, gagna le peuple par ses larges ses et ses flatteries, la cour de Rome par ses présents et ses promesses, les églises et les abbayes par sa munificence. Son royaume comprenait la Provence, le Dauphiné, la Savoie, le Lyonnais, la Bresse, le comté de Bourgogne ; Arles en était la capitale.
Louis III et Carloman firent la guerre à l'usurpateur, mais sans succès, et, à sa mort, sa veuve Hermengarde fit reconnaître son fils Louis par les prélats et les -rands Seigneurs de la Provence, qui le proclamèrent dans un concile tenu à Valence. L'archevêque de Vienne dit : « Le pape est le seul maître des empires, seul distributeur des couronnes. Il ne s'est décidé à donner un chef particulier à la Provence que pour mettre un terme aux malheurs dont elle est depuis trop longtemps accablée. » Ces malheurs pourtant s'accrurent encore sous le faible règne de Louis ; les Sarrasins surprirent sur le rivage le château de Fraxinet, s'y établirent et en rirent un repaire pour leurs brigandages. lis n'en sortaient que pour piller et détruire.
Louis eût bien fait de demeurer dans son royaume et de s'occuper à le défendre, au lieu d'aller chercher ailleurs une fortune plus brillante et une triste fin. La couronne, d'Italie, longtemps disputée, allait rester à Bérenger, l'un des concurrents, lorsque ses ennemis appelèrent le roi de, Provence qui avait quelques droits. Le jeune prince s'empressa d'accourir et s'engagea étourdiment dans les défilés. Bérenger l'y surprit ; mais, prenant pitié de sa jeunesse, il lui rendit la liberté, en lui faisant seulement jurer qu'il renonçait à tous ses droits sur l'Italie.
A peine de retour en Provence, Louis viola son serment ; il descendit de nouveau en Italie, battit Bérenger, s'empara de ses États. Il se rendit ensuite à Rome pour recevoir du pape Étienne VII la couronne impériale, que la mort d'Arnould, roi de Germanie, avait laissée sans maître, et celle du royaume d'Italie, qu'il venait de conquérir. Après quoi il vint se fixer à. Vérone, qu'il avait choisie pour capitale de ses nouveaux États. Il congédia son armée, ne songea qu'aux plaisirs et oublia Bérenger. Celui-ci épiait le moment favorable. Une nuit, il s'introduisit secrètement dans Vérone avec des amis dévoués, força les portes du palais impérial, y rit Louis prisonnier et lui creva les yeux (902). Le triste roi, devenu Louis l'Aveugle, retourna en Provence et y régna encore vingt-sept ans dans le silence et l'obscurité.
Combien de fois ne verrons-nous pas l'histoire de la Provence et celle de l'Italie se mêler ! Les rivages de ces deux contrées se regardent et se touchent. Leurs moeurs et leur langage étaient, surtout dans ces temps, à peu près semblables. Le successeur de Louis fut un seigneur puissant nommé Hugues, qui lui avait servi de ministre durant le temps de sa cécité, et qui se couronna roi lui-même, ne laissant au fils de son ancien maître que le titre de comte de Vienne. Hugues eut à son tour l'ambition de régner sur la Lombardie. L'impopularité de Rodolphe II, qui avait détrôné Bérenger, lui en rendit la conquête facile. Mais, à son tour, son ambition excessive, son mariage avec Marozie, cette femme célèbre par sa beauté, ses crimes et le pouvoir odieux qu'elle exerça trop longtemps dans Rome, tournèrent contre lui ses nouveaux sujets.
Ils allaient rappeler Rodolphe, lorsque Hugues lui offrit de lui abandonner, en échange de la Lombardie, tout ce qu'il possédait au delà des Alpes. Cet échange singulier eut lieu. Hugues ne conserva en Provence qu'Arles et une petite partie de son territoire dont il confia le gouvernement à un de ses parents nommé Boson. Obligé plus tard de renoncer à l'Italie, il y laissa son fils Lothaire, que les Lombards acceptèrent comme roi, et revint terminer sa vie à Arles. Il institua Boson comte héréditaire de la portion qu'il s'était réservée en Provence par son traité avec Rodolphe. Ce Boson, ou du moins un autre Boson qui lui succéda, fonda une dynastie qui bientôt, se divisant en trois branches, partagea la Provence en trois seigneuries : comté de Provence, vicomté de Forcalquier, vicomté de Marseille.
Guillaume, comte de Provence, chassa les Maures de Fraxinet, releva les villes de Fréjus, de Toulon, de Saint-Tropez. Sous ses successeurs, le comté se morcela encore davantage et finit par devenir la proie de plusieurs maisons rivales. En 1063, le comte de Toulouse, appelé par les évêques, s'empara des comtés d'Avignon, de Cavaillon, de Vaison et de Vénasque. Des mariages et l'extinction des mâles mirent sur les rangs deux autres maisons : celle de Barcelone, qui monta peu après sur le trône d'Aragon, et celle des Baux, l'une des plus puissantes maisons féodales de la Provence.
Le comte de Barcelone, d'abord en guerre avec le comte de Toulouse, convint avec lui, en 1125, de signer un traité de partage. Au comte de Toulouse fut attribuée la haute Provence, c'est-à-dire le pays entre l'Isère, la Durance, le Rhône et les Alpes. C'est ce qu'on a appelé le marquisat de Provence. Le comte de Barcelone eut la basse Provence, appelée communément comté d'Arles ou de Provence.