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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour : 08.02.2013
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Souverains Français - Capetiens - Louis VII le Jeune -

Publié à 16:10 par acoeuretacris Tags : souverain capétien
Souverains Français - Capetiens - Louis VII le Jeune -
Louis VII le Jeune (1120 - 1180) 
 
 
Roi atrabilaire et malavisé 
 
 
 
Louis VII succède à 17 ans environ à son père Louis VI le Gros le 1er août 1137, quelques jours après avoir épousé à Bordeaux la duchesse Aliénor d'Aquitaine. Celle-ci, qui a son âge, lui apporte en dot la Guyenne, la Gascogne, le Poitou, le Périgord, le Limousin... 
 
 
Les frontières du royaume capétien sont désormais repoussées jusqu'aux Pyrénées. En théorie seulement car, par son impéritie, le roi va compromettre ce cadeau du ciel et provoquer un conflit avec l'Angleterre qui perdurera pendant sept siècles ! 
 
 
Unroi triste 
 
Le roi Louis VII le Jeune doit son surnom à ce qu'il est le fils cadet de Louis VI le Gros. 
 
 
Il a été élevé à l'abbaye de Saint-Denis car il n'était pas destiné à régner avant que ne meure le 13 octobre 1131 son frère Philippe d'une chute de cheval provoquée par la divagation de porcs dans les rues de Paris (les porcs allaient être interdits de divagation suite à cet accident). 
 
 
De son éducation, Louis a gardé l'empreinte monastique et peu de goût pour les armes. Pas de quoi enflammer le coeur d'Aliénor d'Aquitaine, sa jeune épouse. 
 
 
 
 
 
Querelles en tous genres 
 
Dans les premières années du règne, les maladresses du roi sont en partie contenues par l'abbé de Saint-Denis, Suger, qui fut le fidèle conseiller de son père et arrangea le mariage avec la duchesse d'Aquitaine. 
Mais très vite surviennent les ennuis. En 1140, le roi s'implique dans un conflit lourd de conséquences qui oppose les petits-enfants de Guillaume le Conquérant, l'un et l'autre prétendant au trône d'Angleterre : Mathilde et Étienne de Blois. Louis VII prend le parti de Mathilde en échange du Vexin, aux limites de la Normandie et de l'Île-de-France et de la place forte de Gisors. Étienne de Blois débarquant en Normandie pour faire valoir ses droits, le roi lâche Mathilde et traite avec lui en se faisant confirmer la possession du Vexin ! Le conflit ne trouvera pas de conclusion avant la disparition des deux prétendants... 
 
 
La même année, Louis VII se dispute avec l'influent abbé Bernard de Clairvaux en contestant l'élection de l'évêque de Poitiers. Dans le même temps, le roi se brouille avec son principal vassal, le comte Thibaut de Champagne pour une sombre histoire d'adultère entre la jeune soeur de la reine Aliénor et le mari de la nièce du comte !... 
 
 
Affaire de coeur 
 
Tout commence avec une histoire d'amour et de passion comme l'époque en connaît beaucoup ! Celle-ci concerne la jeune soeur de la reine, Alix ou Aelith (15 ans). Elle s'éprend du comte Raoul de Vermandois (30 ans), cousin du roi, et son sentiment est partagé. Il n'y a qu'un problème, c'est que Raoul est déjà marié. Qu'à cela ne tienne, Aliénor elle-même vient au secours des tourtereaux et convainc son mari de réunir un concile national pour faire annuler le mariage au motif de «consanguinité» (Raoul et Aelith sont cousins à un énième degré). 
 
 
L'épouse répudiée, Gerberte, se réfugie auprès de son oncle, qui n'est autre que le puissant comte Thibaut II de Champagne, lequel demande au pape Innocent II d'annuler la décision du concile et le remariage de Raoul avec Aelith. Le pape donne raison à Thibaut. 
 
 
Embarrassé, Louis VII en veut à Aliénor de l'avoir mis dans le pétrin mais son conseiller, le vieil abbé Suger, le convainc qu'il ne peut reculer, ce qui reviendrait à reconnaître la suprématie du pape sur un concile national... On peut être pieux et bon chrétien, on n'en est pas moins soucieux des intérêts nationaux ; c'est la laïcité avant la lettre ! 
 
 
Louis VII, jugeant Thibaut II responsable de tous ses malheurs, envahit ses terres. Le comte entame des négociations mais l'affaire s'embrouille car, dans le même temps, le roi tente d'imposer son chancelier Cadurc à l'archevêché de Bourges contre Pierre de la Châtre, élu par les prêtres du diocèse. Pierre de la Châtre se réfugie chez Thibaut de Champagne cependant que le pape Innocent II jette l'interdit sur le royaume ! 
 
 
Oradour médiéval 
 
Louis VII reprend la guerre... Ses «bannières» (on appelle ainsi les troupes regroupées autour de la bannière d'un vassal) arrivent devant la petite ville de Vitry-en-Perthois, sur la Marne. Le roi, déstabilisé, cède aux extrémistes de son entourage qui réclament une punition exemplaire. La ville est assaillie et sa population aussitôt pourchassée par la soldatesque ivre de sang, de sexe et d'or. Un millier de personnes, peut-être davantage, croient trouver asile dans l'église. Que faire ? Qu'on y mette le feu ! suggère un proche du roi. Celui-ci, le regard vide, au milieu du carnage, ne dit mot. L'église est incendiée avec tous ses réfugiés. Oradour médiéval, Vitry sera désormais rebaptisée Vitry-le-Brûlé (aujourd'hui Vitry-le-François). 
 
 
Retrouvant ses sens, le roi, pétri de remords, renonce à poursuivre la guerre et, reprenant la route de Paris, fait mander l'abbé de Clairvaux pour se confesser à lui et prendre conseil. 
 
 
Une croisade pour pénitence 
 
En route pour le camp royal, quelque part en Champagne, le saint abbé de Clairvaux, dont l'aura est immense dans la chrétienté occidentale, est gagné par une intuition ! Il vient d'apprendre que les Francs des États latins de Palestine ont subi un sérieux revers près d'Édesse de la part d'un chef sarrazin nommé Nour el-Dîn. 
 
 
Depuis la première croisade, un demi-siècle plus tôt, les Francs établis en Palestine n'avaient cessé de recevoir des renforts d'Occident : petites troupes ou chevaliers isolés qui venaient gagner leur salut en combattant les infidèles. Mais aujourd'hui, dans l'urgence, ils réclament un surcroît de renforts. Raymond de Poitiers, prince d'Antioche et frère cadet de Guillaume X d'Aquitaine, a même écrit à sa nièce, la reine Aliénor, dans ce sens-là. 
Bernard de Clairvaux songe à tout cela et l'idée lui vient de proclamer une nouvelle croisade comme le pape Urbain II, en 1095, avec cette fois-ci la participation des souverains et du plus puissant d'entre eux : le roi capétien. Il fait part de son projet à Louis VII qui l'accepte d'emblée, en dépit de l'opposition de l'abbé Suger. Fin politique, tout le contraire de Saint Bernard, Suger craint que le royaume ne souffre de l'absence prolongée du souverain et doute au demeurant de l'intérêt des équipées en Terre sainte. Mais le roi, cette fois-ci, ne l'écoute pas. 
 
 
À la demande de Bernard, il convoque toute la noblesse de France à Vézelay pour le jour de Pâques 1146. Sur le parvis de l'église, au sommet de la prestigieuse colline, Bernard prononce une vigoureuse allocution puis fixe une croix de drap rouge sur la poitrine du roi. La reine Aliénor se croise également et après elle, dans l'enthousiasme, les grands seigneurs du royaume, y compris le comte de Toulouse Alphonse Jourdain, deuxième fils de Raymond IV, héros de la première croisade, et Thibaut II de Champagne, ancien adversaire du roi. 
 
 
La préparation de l'expédition prend du temps. Enfin, à la Pentecôte 1147, l'armée royale s'achemine vers Metz. Elle est rejointe à Worms par les Anglais. Au total plusieurs milliers de combattants et leurs suites. Français et Anglais s'engagent sur les traces de l'armée allemande, conduite par l'empereur Conrad III. Au pied des murailles de Constantinople, les croisés apprennent avec déception que le basileus (l'empereur byzantin), sur le concours duquel ils comptaient, vient de conclure une paix de douze ans avec les Turcs ! 
Le basileus les reçoit avec courtoisie mais s'empresse de les faire passer sur la rive asiatique du Bosphore. Bon débarras. 
 
 
Nouvelle déconvenue : les Francs apprennent que les Allemands, qui avaient coupé au plus court à travers les montagnes d'Asie mineure, ont été assaillis et en bonne partie massacrés par les Turcs. L'empereur et les débris de son armée rejoignent les Francs à Nicée et les croisés, dès lors réunis, suivent avec prudence la côte. Le voyage est long et éprouvant : soif, faim, typhus et embuscades déciment les croisés. Finalement, après avoir été battus par les Turcs à Pisidie le 8 janvier 1148, ils trouvent à s'embarquer et gagnent par mer la citadelle d'Antioche, à l'embouchure de l'Oronte, en Syrie, où ils sont accueillis le 19 mars 1148 par Raymond de Poitiers. 
 
 
Fiasco de la croisade 
 
Louis VII et Conrad III tentent de façon brouillonne d'enlever Damas, mais le siège est un échec. Dépité, l'empereur abandonne la partie. Le roi s'en va faire ses dévotions à Jérusalem, puis reprend la mer pour la France au grand dépit des Francs de Terre sainte, qui ne peuvent plus compter que sur eux-mêmes pour contenir la poussée turque. 
 
 
À Paris, Louis VII retrouve Suger et Raoul de Vermandois auxquels il avait confié la garde du royaume. Ces conseillers vont mourir dans les mois suivants, privant le roi de leurs sages avis et Aliénor de leur amical soutien à un moment crucial de leur union. 
 
 
Fiasco conjugal 
 
Malgré la naissance d'une deuxième fille, Alix, le couple royal se déchire de plus belle. Irréfléchi comme à son habitude, le roi prend le parti de faire annuler son mariage sous le prétexte habituel de consanguinité et convoque à cet effet un concile à Beaugency-sur-Loire. Il retire qui plus est ses troupes et ses agents de l'Aquitaine et du Poitou. 
 
 
Aliénor ne perd pas de temps. Puissante et dans toute la beauté de ses 30 ans, elle jette son dévolu sur Henri, fils aîné du comte d'Anjou Geoffroy Plantagenêt et de Mathilde, petite-fille de Guillaume le Conquérant, prétendante au trône d'Angleterre. Par un concours extraordinaire de circonstances, en quelques mois, Henri va hériter de la Normandie et être porté sur le trône d'Angleterre sous le nom de Henri II. C'est ainsi qu'Henri et Aliénor se retrouvent souverains de l'Angleterre et de tout l'Ouest de la France, de Calais à Bordeaux. Un véritable «empire angevin» qui ne va pas tarder à entrer en concurrence avec le royaume capétien. 
Louis VII se venge comme il peut en enlevant à son vassal Henri Plantagenêt ses fiefs français sous prétexte de s'être marié sans sa permission mais il n'a aucun moyen d'appliquer la sentence ! Il se remarie de son côté avec Constance de Castille. 
 
 
Capétiens contre Plantagenêts 
 
En 1155, renouant avec la tradition carolingienne des ordonnances, le roi publie une ordonnance imposant la «paix du roi». L'année suivante, en signe d'apaisement, Henri II lui rend hommage pour ses fiefs français. Enfin, en 1158, un traité d'amitié est signé et Guillaume (5 ans), fils aîné d'Henri et Aliénor, est fiancé à Adélaïde (quelques mois), fille de Louis VII et de sa nouvelle épouse. La fiancée apporte en dot le Vexin normand. Elle est conduite à la cour d'Angleterre pour y être élevée auprès de son beau-père. Elle y connaîtra un triste destin... 
 
 
La trêve, cependant, ne dure pas. Défiant Louis VII, Henri II tente d'imposer l'hommage au comte de Toulouse et entre en campagne contre lui. Mais il est battu et le roi de France en profite pour saisir trois de ses châteaux dans le bassin parisien. 
 
 
Le 13 novembre 1160, 40 jours après la mort de sa deuxième épouse, Louis VII se remarie avec Adèle de Champagne, la fille de son ancien adversaire Thibaut II. Par cette union politique, il veut contrer les ambitions de l'empereur d'Allemagne Frédéric Barberousse. Cette troisième union sera fructueuse : elle débouchera sur la naissance du futur Philippe Auguste, ainsi surnommé parce qu'il est né en août (21 août 1165) : il sortira la monarchie capétienne de la médiocrité et lui donnera le premier rôle en Europe. Mais on n'en est pas là... 
En 1165, Louis VII signe avec l'empereur le traité de Vaucouleurs en vue de combattre ensemble les «Brabançons». Simultanément, il offre asile à Thomas Becket, archevêque de Cantorbéry, en conflit avec le roi d'Angleterre. Puis il offre assistance aux fils d'Henri II lorsque ceux-ci, alliés à leur mère Aliénor, entrent en conflit avec leur père ! La guerre reprend mais tourne au détriment du roi capétien. Celui-ci y met un terme avec l'appui du pape par la paix de Nonancourt, le 11 septembre 1177. 
 
 
Frappé d'hémiplégie au retour d'un pèlerinage sur le tombeau de Thomas Becket, il ne peut assister au sacre de son fils et meurt peu après, le 18 septembre 1180, à l'abbaye de Saint-Port. 

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